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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La mémoire du futur…

Du théâtre en alerte contre les dangers du nucléaire

Une forêt de portraits en noir et blanc d’hommes et de femmes a envahi la scène du théâtre. Devant chaque portrait monté sur un petit cadre en fer posé sur le sol : une bougie allumée… Rencontre avec Bruno Boussagol, le metteur en scène de la pièce.

Propos recueillis par Éric Tariant.

Ces 260 « liquidateurs et liquidatrices » de Tchernobyl sont aujourd’hui décédés.
Au milieu de cette « galerie de l’affliction », une jeune femme vêtue de noir se tient debout. « Nous étions jeunes mariés. Dans la rue, nous nous tenions encore par la main », susurre-t-elle. Âgée de 23 ans, Elena était l’épouse d’un pompier envoyé sur le site de la centrale de Tchernobyl la nuit de la catastrophe, le 26 avril 1986. La pièce intitulée Elena ou la mémoire du futur conte son amour pour cet homme devenu un « objet radioactif » disparu en moins de 15 jours.

Nous sommes à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, à la Parole errante d’Armand Gatti, le 11 mars 2015, jour d’un autre sombre anniversaire : celui de l’accident nucléaire de Fukushima. C’est là que nous avons rencontré Bruno Boussagol, le metteur en scène de la pièce et directeur de la Compagnie Brut de Béton Production. Il évoque, dans cet entretien, la vie dans les territoires contaminés en Ukraine et Biélorussie, les enfants qui naissent malades et meurent prématurément. Et l’urgence de sortir du nucléaire civil et militaire pour éviter qu’une nouvelle catastrophe sanitaire ne voie le jour.

Rebelle-Santé : Comment en êtes-vous venu à faire du nucléaire le thème de plusieurs de vos pièces ?

Bruno Boussagol : À l’automne 1998, j’ai été littéralement happé par la lecture de La Supplication de Svetlana Alexievitch, écrivain et journaliste biélorusse. Ce livre sous-titré Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse m’a bouleversé. Depuis quelques années, j’étais dans une impasse théâtrale de laquelle ce texte m’a sorti. Dès lors, nous sommes devenus artistiquement des lanceurs d’alertes.
Nous avons réalisé dix mises en scène en français de différents chapitres de cet ouvrage et sommes partis une dizaine de fois en Biélorussie, puis en Ukraine, dans les zones interdites. Nous avons joué dans ces deux pays. (…)
J’ai décidé d’arrêter de me rendre dans ces zones contaminées depuis que j’ai contracté moi- même un cancer il y a cinq ans. Mais, j’ai conservé des liens étroits avec de nombreuses personnes qui vivent sur place.

À LIRE :
La Supplication. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, de Svetlana Alexievitch (J’ai lu éditions).

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