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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Du bio dans ma cantine

À Paris, dans certains arrondissements, les repas des cantines sont bio et reposent sur une organisation en circuit court. Dans d’autres, en revanche, c’est la logique de la cuisine centrale et des gros fournisseurs qui domine.
La Ville de Paris veut tout centraliser dans un super établissement public. Des parents d’élèves s’insurgent.

Il y a quelques mois, nous vous avons parlé du film de Guillaume Bodin : « Zéro phyto, 100 % bio » qui observe comment des villes ou des villages se sont débarrassés des produits chimiques pour leurs espaces verts, d’une part et, d’autre part, comment ils ont introduit une alimentation bio dans leurs cantines scolaires. À l’occasion de la sortie du film, le 31 janvier, nous revenons sur la question du bio dans les cantines avec l’exemple particulier de la Ville de Paris.

Dans le 5e arrondissement, les élèves bénéficient de repas bio depuis plusieurs années. C’est le fruit de l’implication de l’équipe de la caisse des écoles (structure municipale autonome qui gère les cantines dans chaque arrondissement) soutenue par des parents engagés. Mais, aujourd’hui, rien ne va plus. La mairie de Paris annonce une réforme des cantines qui remplacera ces 20 caisses des écoles par un vaste établissement public dont la gestion sera confiée à l’un des géants de la restauration collective (Sodexo, Elior ou Sogeres). Une logique de centralisation et de standardisation qui va à l’encontre des circuits courts et de la commande spécifique. Le tout sans véritable garantie de traçabilité, de qualité, ni d’engagement sur le bio.

Nous avons rencontré Élise Lemaire, une des mamans rebelles qui refusent cet état de fait et qui mobilisent d’autres parents d’élèves.

Rebelle-Santé : Dans les cantines de votre arrondissement, le 5e, tout va bien…

Élise Lemaire : Oui, ici les enfants mangent plus de 70 % de produits bio, cuisinés sur place, avec des producteurs qui sont majoritairement des producteurs français et locaux. Dans les autres arrondissements de Paris, la situation peut être très différente. Je prendrai l’exemple du 20e arrondissement dans lequel c’est la société Sodexo qui fournit des produits. Ils ont une cuisine centrale qui fonctionne en liaison froide, c’est-à-dire que les plateaux peuvent arriver dans les écoles jusqu’à cinq jours après avoir été cuisinés.

Est-ce que chaque arrondissement pourra faire ses approvisionnements ?

Ce schéma vise à centraliser les achats et à permettre aux arrondissements de choisir dans une espèce de catalogue. Ce sera le « catalogue de la Redoute » de l’alimentation. Dans ce catalogue, il y aura peu de petits producteurs qui seront capables de répondre au cahier des charges de la ville. On sait qu’en bio, les structures sont petites. Là, de très gros volumes seront demandés. Donc mutualiser les achats est une extrêmement mauvaise idée.

Quelle incidence cela aura-t-il sur le bio dans les repas ?

Les grandes structures qui pourraient fournir ce grand établissement ne s’approvisionnent pas forcément sur le territoire français. Pour fournir en masse des pommes de terre, par exemple, on fait souvent appel à des producteurs étrangers dont les cahiers des charges ne sont pas les mêmes, et avec une traçabilité très différente de celle que nous avons en France. Le bio français est contrôlé par l’Institut National des Appellations. Il est surveillé, et garanti. Nous ne sommes pas d’accord avec du bio qui viendrait de pays dont on ne connaît ni le cahier des charges, ni la traçabilité.

Y a-t-il un engagement sur une proportion de bio dans les repas ?

Non. Il y a eu une annonce de 50 % de bio et de durable. Sachant que le durable ne veut rien dire. Ce n’est pas un label en matière de nourriture. À l’intérieur de ces 50 % de bio et durable, on ne connaît pas la part du bio ni la part du durable. Ensuite, la Ville de Paris a changé son fusil d’épaule et affiche désormais 50 % de bio et labels, mais nous ne savons pas de quels labels il s’agit. Et toujours aucune information sur les proportions entre la nourriture bio et la nourriture labellisée. Donc, ça ne va pas. Nous voulons un engagement ferme.

Quels conseils pouvez-vous donner à des parents dans la même situation ?

Vous êtes aussi des électeurs, et les maires veulent être réélus. Alors, il faut saisir le maire, lui expliquer qu’on est très mobilisés et qu’on ne va pas rester inactifs. La deuxième chose, c’est de faire du porte-à-porte, d’école en école, pour être tous ensemble, en fédérant les parents d’élèves de la commune. Cela passe par des réunions publiques – il n’y a pas un parent qui veut que son enfant mange de la nourriture de mauvaise qualité. Et il n’y a pas un élu qui a intérêt à afficher qu’il sert de la malbouffe dans les cantines. On fait aussi signer des pétitions devant son école, on en fabrique en ligne. Puis, on transmet cela au maire.

Quelles sources d’information peuvent aider les parents ?

Nous sommes en train de créer un blog qui permettra aux parents d’avoir de nombreuses sources d’informations. Il y aura notamment une bibliographie, une filmographie. Et puis, nous mettrons en ligne des modèles. En attendant, il y a déjà notre site internet.

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Guillaume Bodin, vigneron et documentariste de son état, est aussi un amoureux de la vigne et de la terre vivante. Après avoir dévoilé dans deux précédents documentaires les mystères du vin biodynamique, et montré l’aberration de l’utilisation des pesticides, il s’intéresse maintenant à la situation dans nos villes et villages.

Coline Serreau

La réalisatrice multi talents revient sur le devant de la scène avec un livre très personnel : #colineserreau*. Elle évoque ses combats, son passé, ses passions, ses convictions. Elle y partage son insatiable curiosité et son regard affûté sur notre société. Rencontre.

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