Les principes de notre relation au monde
Rendre le monde indisponible
Hartmut Rosa.
Éditions La Découverte
13,5 x 22 cm
144 pages
17 €.
La disponibilité du monde se définit par la manière dont les sociétés modernes ont cherché à comprendre, dominer et exploiter le monde. Ce projet culturel a atteint aujourd’hui, via les prouesses scientifiques et techniques, un point culminant sans précédent historique sur tous les plans intimes, politiques, sociaux, économiques et environnementaux.
Sommes-nous pour autant plus heureux ?
« Un monde qui serait complètement connu, planifié et dominé serait un monde mort », rappelle le philosophe et sociologue Hartmut Rosa qui nous invite à repenser notre relation au monde, autour du concept de « résonance », qu’il avait déjà défini dans un livre paru en 2018, Résonance : une sociologie de la relation au monde. Pour que le monde résonne, il faut qu’il redevienne un sujet qui nous interpelle et non l’objet qu’on manipule, avec cette part d’indisponibilité qui fait écho poétiquement à l’image de la neige qui tombe en introduction.
Au contraire, en mettant le monde à notre disposition, à notre merci, sous notre contrôle, nous cultivons une logique d’agression, d’affrontement et de frustration qui nous laisse démunis quand la nature nous échappe et ramène brutalement sa part d’indisponibilité à travers le désastre écologique notamment.
En posant ainsi la contradiction, le philosophe choisit des exemples concrets du quotidien, analysant la disponibilité sexuelle et amoureuse sur Tinder comme celle des expériences de la vie sauvage proposées par les safaris. De quoi engager une réflexion salutaire pour préparer l’avenir, autour de tous les phénomènes de cette aliénation multiple.