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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Compost des villes, compost des champs !

De plus en plus de particuliers compostent leurs déchets organiques. Que faut-il savoir pour cultiver ce bon réflexe ?

Le compostage des déchets organiques par les particuliers, qu’ils soient jardiniers ou non, se développe. L’estimation chiffrée des quantités ne peut être qu’approximative : on estime qu’avec un composteur individuel, un foyer composte 200 Kg de biodéchets/an. Ce chiffre est divisé par deux avec un lombricomposteur qui a plutôt vocation à traiter des déchets de cuisine. Le compostage est quasiment à la portée de tout le monde, avec des façons de faire et des résultats variables selon les situations, mais le résultat est là : l’impact pour la préservation de notre environnement est globalement positif.

Composter, c’est éco-responsable

Car, lorsqu’on composte :

⇒ on ne gaspille pas les déchets organiques qui sont, comme tous les déchets, les ressources pour un nouveau processus de fabrication

⇒ on fertilise efficacement et à moindre coût les jardins, les espaces verts, les champs (1). Le compost apporte de l’azote, du phosphore, de la potasse, du calcium, du magnésium et d’autres éléments, suivant la composition des déchets organiques compostés (voir schéma)

⇒ on améliore le fonctionnement des sols : stabilisation de la structure, augmentation de la rétention d’eau, de la capacité de stockage et d’accès aux éléments minéraux, fourniture de carbone pour nourrir et développer le microbiote racinaire et l’activité de la faune du sol

⇒ on préserve la santé des plantes

⇒ on réduit la production des gaz à effet de serre impliqués dans le réchauffement climatique. C’est le cas pour le CO2 : moins de déchets transportés, de brûlage (2) des ordures ménagères et de consommation d’engrais minéraux industriels. Quant au méthane CH4, qui a un pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO2, sa formation est limitée dans le composteur grâce à la présence d’oxygène, contrairement à ce qui se passe dans les sites d’enfouissement. 

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Composter ses déchets de cuisine ou de jardin, c’est possible pour tous ou presque

En ville 

• Collecte sélective en porte-à-porte, ce système est peu développé, car coûteux.

• Apport volontaire à une plateforme de compostage : ceci fonctionne surtout pour les déchets verts des jardins.

• Apport volontaire des déchets de cuisine et d’un petit volume de déchets de jardinage (balcon, terrasses, jardinets) dans un composteur partagé à l’échelle d’un immeuble, d’un quartier.

• Tri et traitement chez soi des déchets de cuisine, essentiellement dans un lombricomposteur, ou d’un mélange de déchets de cuisine et de jardin (souvent une partie uniquement) dans un composteur individuel.

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À retenir

♦ Les déchets de cuisine et les déchets de jardin représentent un pourcentage de la poubelle ménagère assez variable suivant les modes d’habitat, de consommation et de tri à la source. Le chiffre de 100 Kg de déchets de cuisine par personne et par an est, semble-t-il, une bonne approximation. 

♦ L’entretien d’un jardin, c’est environ 160 Kg de déchets verts par personne et par an. 

♦ Pour composter, il faut trier à la source. La loi de transition énergétique pour une croissance verte prévoit l’obligation du tri à la source des biodéchets au 31/12/2023 pour les particuliers. Le compostage de proximité va donc se développer ! 

♦ Dans une perspective écoresponsable, réduire le gaspillage alimentaire (environ 30 Kg par an et par personne) est un complément logique du compostage.

À la campagne

On retrouve les mêmes possibilités, excepté la collecte sélective en porte-à-porte et les lombricomposteurs qui sont quasiment absents.

Composter, c’est utiliser un lombricomposteur

On peut l’acheter ou le fabriquer (cf l’article de Moune) pour élever des vers qui dégradent vos déchets en compost et en jus (ou lombrithé). 

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Le dispositif est simple : 4 bacs empilés (mais il peut n’en avoir que 3, comme celui de Moune).

⇒ Dans le bac supérieur, vous déposez 70 % de déchets humides (épluchures, marc de café, sachets de thé, tisanes, coquilles d’œufs broyées…) et 30 % de matières sèches (morceaux de cartons, de boîtes d’œufs, de papier, de paille ou des feuilles mortes). Les proportions peuvent aller jusqu’à 50 %. 

⇒ Le bac situé dessous (niveau -1) recueille le premier produit de la dégradation des déchets, un compost en maturation dans lequel les vers sont très actifs.

⇒ Le bac du niveau -2 se remplit de compost mûr à récolter tous les 3-4 mois. Prenez soin de récupérer les vers qu’il contient pour les remettre dans le bac du dessus. 

⇒ Seul le bac inférieur n’est pas percé de trous car il recueille l’humidité sous forme de lombrithé, un bon fertilisant à utiliser en le diluant (1 litre de lombrithé pour environ 10 litres d’eau).

Le fonctionnement du lombricomposteur

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Son efficacité est liée à une re-constitution fidèle du milieu de vie des vers.

• Les vers à utiliser sont Eisenia foetida (ver de fumier, rouge tigré de gris ou de jaune) qui apprécient la matière organique en cours de décomposition ou des Eisenia andrei (ver rouge) qui se nourrissent de matière organique fraîche. 
• Au démarrage, il faut en apporter au moins 250 g (achat ou ramassage dans un tas de fumier) pour 100 g de déchets quotidiens. 
• Acclimatez les vers : faites-leur une litière humide de papier et cartons en petits morceaux, fournissez-leur de la nourriture spécifique (3) et attendez trois semaines pour apporter les déchets de cuisine.
• Les vers ont besoin d’obscurité, d’une température comprise entre 15 et 25 °C (le lombricomposteur doit être dans un endroit abrité) et d’un pH autour de 7.
• L’excès d’humidité est nocif pour les vers et le processus de dégradation. Apportez des déchets humides et secs en mélange, évitez toute entrée d’eau dans les bacs, videz régulièrement le bac à jus.
• L’aération est importante : apportez assez de matières sèches, brassez les déchets, percez les côtés du lombricomposteur.
• Les bruits et vibrations sont peu favorables à l’activité des vers.

Composter, c’est utiliser le compost

Le processus de compostage donne des produits différents et dure de trois mois à deux ans en fonction des déchets, des modes et des conditions de compostage. 

L’utilisation du compost au potager

Automne – hiver 

• Compost mûr : incorporation par griffage léger à raison de 1 Kg/m².

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• Compost jeune : paillage de la surface nue sur 10-12 cm d’épaisseur, éventuellement recouverte par un paillage sec (paille, herbe sèche, feuilles mortes…).

Printemps 

• Épandez entre les rangs du compost mûr en le recouvrant de paillis et, à la plantation, mélangez le compost à la terre dans les trous de plantations. 
• Pour les plantes exigeantes comme les artichauts, poireaux, cucurbitacées (concombre, cour-
ges, courgettes, potiron…), solanacées (aubergines, tomates, pommes de terre), comptez 3 à 5 Kg/m². 
• Pour les asperges, haricots, fèves, laitue, radis, navets…, 1 à 2 Kg/m² suffiront.

Notes :

(1) Le compost issu des déchets des particuliers peut être vendu à des agriculteurs ou maraîchers installés en périphérie des centres urbains.
(2) Le brûlage des ordures ménagères avec les matières organiques qu’elles contiennent est encore pratiqué, malgré la réglementation qui l’interdit.
(3) Fournie dans les kits ou que l’on peut acheter au rayon articles de pêche.

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