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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Vitamine A…

... la grande oubliée

À la faveur de cette pandémie sans fin, la vitamine D est devenue la reine des vitamines, mettant un terme au règne sans partage de la vitamine C. Quant à la vitamine A, rien n’y fait : elle reste reléguée dans l’ombre, alors qu’elle œuvre tout autant que ses deux consœurs pour notre immunité. Un article n’est donc pas de trop pour la réhabiliter et la débarrasser, au passage, de cette réputation de toxicité qui lui colle à la peau.

La vitamine A a été découverte en 1913. Comme elle fut la première des vitamines à avoir été identifiée, on lui attribua la lettre A. Mais elle est également connue sous le nom de rétinol parce qu’elle a été isolée dans la rétine la première fois.

La vitamine A est indispensable à l’organisme. De fait, elle intervient dans de nombreux processus métaboliques et physiologiques tels que les mécanismes de la vision, la différenciation cellulaire, la spermatogénèse, le développement fœtal et l’immunité.

Vitamine A et immunité

De nombreux micronutriments sont indispensables au bon fonctionnement du système immunitaire, à commencer par certaines vitamines. Dès le début de la vague pandémique, des thérapeutes versés dans les médecines naturelles ont vanté, à juste titre, les mérites des vitamines C et D pour soutenir le système immunitaire dans son combat contre le Sars-CoV-2. Des études épidémiologiques ont d’ailleurs rapidement mis en évidence une corrélation très forte entre carence en vitamine D et sévérité et mortalité du Covid-19.

En revanche, pas un mot sur la vitamine A. Pourtant, en manquer n’est pas conseillé car cela risque, par exemple, d’entraîner une diminution de l’activité biologique de la vitamine D ! Une belle illustration du fait que les micronutriments pro-immunité (vitamines A, C, D, E, sélénium, zinc…) agissent de façon complémentaire.

L’importance de la vitamine A pour l’immunité se mesure aussi à sa grande polyvalence qui lui permet de participer activement au bon fonctionnement des trois niveaux de défense immunitaire que sont les barrières physiologiques (notamment les muqueuses oculaire, respiratoire et digestive), l’immunité innée (ou naturelle) et l’immunité acquise (ou adaptative).

Dans les pays en voie de développement, la carence en vitamine A est un véritable problème de santé publique qui affecte en premier lieu les enfants. Environ un tiers d’entre eux sont carencés parce que leur accès aux aliments d’origine animale riches en vitamine A est limité. Inutile de dire que cela altère grandement leur immunité (infections à répétition, sévérité accrue de maladies infectieuses…).

Dans les pays développés, les carences vraies en vitamine A sont pratiquement inexistantes. Pour autant, la situation n’est pas idyllique. Aux États-Unis, par exemple, plus des trois-quarts de la population âgée de 19 à 50 ans consomment des doses de vitamine A inférieures aux apports recommandés (1). Ce qui les place en zone grise, autrement dit en état de subcarence. 

Les végétariens stricts sont eux aussi à risque de déficit en rétinol. Une baisse de la vision nocturne, une plus grande susceptibilité aux infections et/ou des problèmes d’inflammation chronique constituent des signaux d’alerte d’un déficit marqué en rétinol.

Rétinol versus bêta-carotène

C’est à dessein que j’emploie le terme rétinol pour parler de la « vraie » vitamine A – celle dite « préformée » – par opposition au bêta-carotène, principal précurseur du rétinol, qualifié de « provitamine A ».

Auparavant, on pensait que l’organisme convertissait facilement le bêta-carotène fourni par les végétaux au fur et à mesure de ses besoins. C’était sans compter sur le polymorphisme génétique qui fait de chacun de nous un être véritablement singulier.

À 99,9 %, nous partageons le même ADN. La différence se fait donc sur le 0,1 % restant, qui rassemble les variations génétiques propres à chacun. Ce maigre pourcentage s’avère largement suffisant pour induire des différences visibles (taille, couleur des yeux ou des cheveux…) et invisibles (notamment la capacité à absorber et à métaboliser les nutriments ou les médicaments).

Le cadre étant posé, j’en reviens au bêta-carotène, dont la transformation en vitamine A s’effectue dans l’intestin grâce à une enzyme spécialisée, la bêta-carotène 15,15’-monoxygénase ou BMCO1, pour faire plus court. Or, cette enzyme est codée par un gène dont il existe différents variants faisant de chacun d’entre nous un bon ou un mauvais convertisseur de bêta-carotène en vitamine A.

Différents travaux de recherche indiquent que la réduction d’activité de l’enzyme BMCO1 provoquée par certains variants génétiques affecte une grosse minorité de la population mondiale. Un végétarien a de l’ordre d’une chance sur trois à une chance sur deux d’être génétiquement prédisposé à mal convertir le bêta-carotène en vitamine A. De surcroît, différents problèmes de santé peuvent également contrecarrer la bonne conversion de bêta-carotène en vitamine A : hyperperméabilité intestinale, maladies intestinales inflammatoires, parasitoses, hypothyroïdie. 

Sources alimentaires de rétinol et bêta-carotène

*

⇒ Rétinol :

Oeuf, beurre, crème fraîche, fromages, viandes, volailles, abats, foie, poissons gras, huiles de foie de poissons…

⇒ Bêta-carotène :

Fruits (mangue, papaye, pamplemousse, nectarine, abricot…) et légumes (carotte, poivron rouge, patate douce, laitue, persil, épinard…).

Notes :

(1) Troesch et al, Dietary surveys indicate vitamins intakes below recommandations are common in representative western countries, Br J Nutr, 2012

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Pour nous prémunir du risque de nouvelles pandémies…

« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la Covid-19 relève du surréalisme, pas de la science », déclarait Luc Ferry dans L’Express du 30 mars 2020, contredisant ce qu’affirme pourtant la soixantaine de scientifiques du monde entier que Marie-Monique Robin a pu interroger pendant le premier confinement. Son livre La Fabrique des pandémies réunit ces entretiens dans une enquête passionnante qui explique comment la déforestation, l’extension des monocultures, l’élevage industriel et la globalisation favorisent l’émergence et la propagation de nouvelles maladies. Non seulement la pandémie de Sars-CoV-2 était prévisible, mais elle en annonce d’autres.