L’histoire du racisme médical
Corps noirs et médecins blancs
La fabrique du préjugé racial - XIXe et XXe siècle
Delphine Peiretti-Courtis
Éditions La Découverte
354 pages
13,5 x 22 cm
22 €
Version numérique 14,99 €
En référence à l’ouvrage de Franz Fanon, Peau noire, masques blancs, l’historienne Delphine Peiretti-Courtis rappelle, dans cette enquête sur la construction du racisme par la médecine coloniale, combien la distinction par la couleur de la peau a constitué le fondement du rapport entre les colons et les colonisés. Héritière du rationalisme du siècle des lumières, la médecine du XIXe siècle, particulièrement friande de catégorisations, s’inscrivait dans la « mission civilisatrice » du projet colonial. Elle a contribué non seulement à forger les stéréotypes racistes, mais aussi à les renforcer en leur donnant une valeur de vérités scientifiques.
La « Vénus hottentote », de son vrai nom Saartjie Baartman, sert de cas d’école. Les caractéristiques singulières de cette femme aux fesses proéminentes ont ainsi servi à désigner les caractéristiques de toute une ethnie, voire d’extrapoler sur la sexualité de la « femme africaine ».
En s’appuyant sur de nombreuses sources, dictionnaires et traités médicaux, monographies sur les races humaines, rapports de missions coloniales, la chercheuse retrace toutes ces perspectives essentialistes qui ont conduit à créer l’arsenal des préjugés sur le corps, le genre et la sexualité des populations colonisées.
Elle montre aussi comment, malgré l’invalidation de ce racisme médical par la science elle-même, les préjugés sont restés actifs dans la sphère médicale jusqu’à la seconde guerre mondiale, et surtout comment ils ont perduré par leur diffusion dans la sphère politique, sociale et culturelle jusqu’à aujourd’hui et malgré la décolonisation.
Un livre remarquable pour appréhender le racisme toujours présent dans l’imaginaire et l’inconscient collectif de nos sociétés contemporaines.