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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La fugue dissociative, un moyen surprenant de fuir un stress

Un stress important ou une émotion intense entraînent parfois un réflexe de fuite associé à une période d’amnésie profonde. C’est la fugue "dissociative", une pathologie d’ordre psychiatrique.

Chaque année, des milliers de Français, adolescents pour la plupart, font des fugues qui se terminent par un retour au domicile, tête basse, après quelques heures ou quelques jours. Il en est tout autre de la fugue dissociative pour laquelle l’élément déclenchant n’est pas un énième conflit avec ses parents ou une banale contrariété, mais un stress ou une émotion intense. Très peu d’études existent sur le sujet mais, selon une étude américaine, cette pathologie affecterait 1,8 % de la population ! Un chiffre difficile à vérifier toutefois.

Réaction spontanée

Précisons bien que ce type de fugue correspond à un comportement involontaire, bien loin des fugues destinées aux changements de vie et d’identité parfaitement planifiés. Il ne s’agit pas non plus d’une simulation destinée à fuir ses difficultés (faillite, mariage forcé, difficultés conjugales, chômage, difficultés financières, problème judiciaire…) mais d’une véritable détresse psychologique débouchant sur un acte spontané et irréfléchi.

Une décompensation psychiatrique…

Certains spécialistes estiment que la fugue dissociative pourrait correspondre à une décompensation psychiatrique d’une psychose. Cette pathologie est parfois appelée névrose vagabonde, soulignant le caractère psychiatrique de la fugue et non le simple réflexe passager de fuite.

… Après un stress intense

Après un stress intense ou une émotion qui la submergent, la personne éprouve le besoin irrépressible de rompre avec son environnement habituel : logement, famille, amis, travail… Cette fugue peut durer de quelques heures à plusieurs jours, voire parfois des années. Quant aux stress en question, on retrouve entre autres les viols et sévices sexuels, les violentes agressions physiques ou la torture, les accidents graves (circulation), les catastrophes naturelles, les conflits armés (guerre), les génocides et les décès. Une liste qui n’est pas exhaustive.

Errance

Typiquement, le fugueur est retrouvé par la police ou les pompiers, confus, errant dans les rues, sans bagage, et surtout, sans aucun souvenir de son parcours. On parle d’amnésie antérograde. Le fugueur ne se souvient plus non plus de l’élément stressant déclenchant et d’une grande partie – parfois même de la totalité – de sa vie (amnésie rétrograde).

De l’amnésie…

Dans la fugue dissociative, la perte de la mémoire est toujours présente. On parle d’ailleurs d’amnésie dissociative. Dans une étude anglaise de 2017 pratiquée sur 53 cas examinés sur une période de 18 ans (trois fois plus d’hommes que de femmes), certains patients en avaient même oublié leur identité. La plupart ont recouvré la mémoire au bout de 4 semaines, en quelques heures à quelques jours pour nombre d’entre eux. Certains conservaient des lacunes, notamment lors de la période de la fugue à proprement parler. Plus rarement, certaines personnes n’ont jamais retrouvé la mémoire. Enfin, dans certains cas, les fugueurs avaient oublié certains acquis ou savoirs, comme la pratique d’une langue étrangère, un vocabulaire particulier, des compétences professionnelles… Certains avaient refait leur vie, à défaut de retrouver leur ancienne situation.

… À la fuite

Beaucoup de spécialistes estiment que cette fugue est une variante de l’amnésie. Ou plus exactement, que la fugue fait suite à l’installation d’une amnésie post-traumatique.

Le stress, mais pas seulement

Si le stress intense semble être l’élément déclencheur dans la fugue et l’amnésie, d’autres situations y prédisposent, comme la consommation de produits psychotropes ou toxiques, certains états comme une psychose maniaco-dépressive (bipolarité), une démence, une épilepsie, voire une simple dépression.

Examens complémentaires normaux

Le diagnostic est essentiellement clinique et les examens d’imagerie demeurent normaux. Pour autant, la pratique d’un scanner ou d’une IRM est nécessaire pour écarter l’hypothèse d’une origine lésionnelle, comme une tumeur au cerveau ou un AVC. De son côté, l’électroencéphalogramme (EEG) permet d’éliminer un terrain épileptique ; une analyse sanguine indique s’il s’agit d’un problème de toxiques ou d’addiction.

Psychothérapie

Plus que la fugue elle-même, c’est surtout l’amnésie qui doit être prise en charge en tenant compte du risque de comportement suicidaire lorsque les circonstances – potentiellement dramatiques – responsables de l’amnésie reviennent à la surface. Sans surprise, le traitement comporte un suivi psychothérapique et un soutien psychologique tout en tenant compte des troubles associés (dépression, addiction, démence, épilepsie…). Enfin, le recours à l’hypnose permet parfois au patient de recouvrer une partie de ses souvenirs et son identité.

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Dans l’actualité comme au cinéma

Nombreux sont les faits d’actualité relatant des personnes disparues depuis longtemps, souvent des personnes âgées, réapparaissant aussi soudainement qu’elles se sont volatilisées, ignorant leur parcours jusqu’à leur identité. Le cinéma s’est déjà emparé de cette pathologie, avec par exemple “La mémoire dans la peau”, un film dans lequel Matt Damon incarne Jason Bourne, un agent privé de sa mémoire après avoir échappé de peu à la mort.

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Dromomanie

Certains fugueurs prennent la route pendant des mois, voire des années. On parle alors de “dromomanie”,
où dromos signifie littéralement “course” en grec. Un voyage qui s’inscrit donc dans un contexte psychiatrique. Rappelons que 15 à 20 % des rapatriements de l’étranger seraient motivés par une urgence psychiatrique !

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