L’amour, les semences et le silence

On est rebelle parce qu’on aime la vie et tous les êtres vivants : les canards, les pigeons, les ours, les poissons, les fourmis, les êtres humains… Quand on aime quelqu’un, on ne supporte pas qu’il soit malheureux, malade, qu’il souffre, et on conteste. On voudrait un monde où tout le monde peut être heureux et en bonne santé. On n’est pas rebelle simplement pour être rebelle… mais pour toucher au bonheur, à l’amour.

Voilà, chères et chers rebelles, l’hiver approche à petits pas et je vous offre mon sourire chaleureux. Vous connaissez peut-être la chanson « Je t’aime » de Michèle Bernard… Elle dit : « Je m’fous de la météo / Je sais bien l’temps qu’il fait au / Creux d’tes bras doux comme la crème / Je t’aime. » Oui, quand on s’aime, quand on partage, on crée des amitiés, des liens de solidarité, le climat change… Quand notre cœur est au chaud, il est plus facile de réchauffer les autres parties du corps.

Depuis que j’écris dans Rebelle-Santé, depuis que vous m’écrivez de super lettres, depuis que nous sommes dans des échanges sympathiques, mon cœur est plus au chaud que jamais…  Merci !

Semences sans Frontières

Mais la chaleur ne suffit pas… Notre santé est plus complexe qu’on imagine. Nous sommes en train de perdre le gouvernail… Nous ne sommes plus maîtres de notre vie, de notre corps, de notre santé, des choses que nous mangeons, de l’eau que nous buvons… Ils sont en train de construire une société dépendante d’entreprises qui ne pensent qu’à l’argent, qu’à leurs intérêts.

Aujourd’hui, nous devons même lutter pour la liberté de la production semencière ! Les conditions actuelles nous obligent à lutter pour la liberté des semences ! Il y a vingt ans, on n’aurait pas pu imaginer une telle répression capitaliste. Mais maintenant, c’est notre réalité. La plupart des paysans des pays pauvres n’ont plus accès aux semences libres et fertiles. Heureusement qu’il y a l’association Kokopelli qui, par sa lutte courageuse, redonne espoir à de nombreuses communautés rurales qui sortent de la dépendance vis-à-vis du marché. Les ami-e-s de Rebelle-Santé connaissent bien Kokopelli. Fondée en 1999, elle rassemble tous ceux qui souhaitent préserver le droit de cultiver librement. Vous avez sans doute lu dans Rebelle-Santé qu’en 2005, la société Graines Baumaux avait assigné l’association Kokopelli devant le Tribunal de Grande Instance en l’accusant de concurrence déloyale par la mise sur le marché de variétés non enregistrées au catalogue officiel. Mais il y a deux mois, en septembre 2014, Kokopelli est enfin sortie gagnante de ce long combat. C’est une demi-victoire mais l’épée de Damoclès est levée : le jugement de 1ère instance, qui condamnait Kokopelli est infirmé.

Nos ami-e-s peuvent donc continuer à mener leur campagne « Semences sans Frontières » pour répondre au mieux à l’appel des paysans du monde entier, par l’envoi de semences biologiques de variétés potagères libres de droits et reproductibles. Grâce aux dons des ami-e-s de Kokopelli, plus de 150 colis contenant des centaines de variétés de semences sont distribués chaque année partout dans le monde. Merci à toutes les personnes qui portent cette campagne… 

Vous ne trouvez pas incroyable d’être obligé de lutter pour la liberté des semences ? Je me demande si, demain, on va devoir se battre aussi pour notre liberté de respirer. Je crois que si, aujourd’hui, nous avons perdu notre autonomie alimentaire et semencière, ce n’est pas impossible qu’on se retrouve demain dans une position où on nous interdira de respirer à notre guise. Alors, je participe à la campagne « Semences sans Frontières » de Kokopelli. Si vous voulez participer vous aussi, il y a deux façons de le faire : en produisant les semences ou en faisant un don. Pour plus d’information : www.kokopelli-semences.fr

On veut du silence et du temps

Tout ça me rappelle la chanson écrite et chantée pour la résistance de Notre Dame des Landes. Vous la connaissez ? Elle commence ainsi : « On veut du silence et du temps. On veut sortir à la lumière. On veut cultiver nos enfants. Et on veut cultiver nos terres. » J’ai commencé à chanter cette chanson à la chorale à laquelle je participe tous les lundis à Lyon. J’aime bien répéter : « On veut du silence et du temps… On veut du silence et du temps… On veut du silence et du temps… »

Ce que dit aussi le journal Silence…

Avant tout, je vous remercie vivement pour votre réactivité. À la suite de ma dernière rubrique, je sais que plusieurs d’entre vous ont appelé la revue Silence pour mieux la connaître. L’équipe de Silence était trop contente ! Moi aussi, bien sûr. J’adore construire des ponts entre les belles personnes !!!

Je vous souffle un tout petit peu ce qu’il y a dans le dernier numéro : Silence a fait un dossier intitulé « la forêt brûle » qui ne critique pas seulement l’usage du bois comme énergie, mais alerte également sur une dérive industrielle lancée depuis quelques années. Dans ce numéro, il y a aussi de nombreux autres articles très intéressants.

Moi, je lis tous les articles, toutes les phrases, tous les mots dans les deux journaux : Silence et Rebelle-Santé

Je vous souhaite de belles journées, au cours desquelles vous aurez assez de silence et de temps !

Magazine

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