Une douleur dans le talon après un choc… et si c’était une talonnade ?

Pathologie qui n’a rien à voir avec le football, la talonnade, au sens médical, correspond à une lésion du coussinet graisseux qui entoure le talon à la suite d’un traumatisme.

Terme souvent employé au football et qui consiste à frapper le ballon à l’aide de son talon, la talonnade, au sens médical, ou « talalgie plantaire commune », correspond à une lésion du talon. Mais, hasard de l’actualité sportive oblige, cette blessure vient d’être mise sous les feux des projecteurs du fait de la blessure d’un célèbre joueur du club de football du Paris Saint Germain qui souffre également de cette lésion talonnière.

Des coussinets graisseux…

Difficile de parler de talonnade sans aborder l’anatomie du talon. Le talon est constitué essentiellement du calcanéum, un os extrêmement dur qui soutient l’astragale, un autre os situé juste sous le tibia. Le calcanéum soutient donc l’ensemble du poids du corps. Mais, contrairement à une idée reçue, le calcanéum ne repose pas directement sur le sol. La nature a prévu un système d’amortissement des chocs par l’intermédiaire d’une couche de graisse, qu’on appelle « coussinet graisseux », à l’instar des semelles d’amortissement utilisées dans les chaussures de course à pied (Sorbothane, Noène…). Plus fort encore, la graisse est contenue dans un réseau fibreux (stroma) qui évite son étalement lors de la marche ou des réceptions sur le talon (course à pied). Ce réseau fibreux retient donc la graisse et la comprime, augmentant d’autant son pouvoir amortisseur ! Mais, avec l’âge, ce réseau se dégrade et la graisse n’est plus suffisamment retenue, s’étale et s’abîme vite. Les impacts qui, eux, ne changent pas, s’effectuent plus directement sur le calcanéum, entraînant des douleurs osseuses.

… Sensibles aux impacts

Dans la talonnade, c’est l’impact qui est en cause : soit parce qu’il s’avère intense (chute sur le talon, choc direct…), soit parce que répété (course à pied avec des chaussures manquant d’amorti, course pieds nus, triple saut, course sur asphalte…). En cause, la compression soudaine et excessive du coussinet graisseux, écrasé entre le calcanéum et le sol, si douloureuse, voire insupportable, qu’elle rend la marche sur le talon impossible. Fait important, le talon ne « bleuit » pas, car il n’y a pas de fracture du calcanéum. En effet, toute chute d’un lieu très élevé (échelle, toit…) ou à vitesse élevée (accident de la route…), est susceptible du fait de l’impact violent, de fracturer le ou les deux calcanéums. Des fractures décelables rapidement à la radiographie et que l’on suspecte déjà fortement à l’examen clinique, devant un talon manifestement hémorragique : le calcanéum saigne au niveau de la fracture et le sang va se disperser dans la couche graisseuse et la peau qui le recouvre. D’où le bleuissement du talon.

Palpation douloureuse

Le signe principal de la talonnade est la douleur du talon, à la marche surtout, mais aussi à la palpation douce du coussinet graisseux. Un œdème est possible. Les douleurs durent une à deux semaines en général.

Pas de plâtre !

Les antalgiques, l’application de froid (glace) et la marche avec appui sur les orteils pendant quelques jours sont suffisants pour soulager la douleur. Attention à la tentation du plâtre (et aux conséquences d’un alitement) : la mise en décharge prolongée du talon peut atrophier la graisse, d’où le risque de voir les douleurs réapparaître, mais pour des impacts moindres !

Le traitement est purement symptomatique : éviter d’appuyer sur le talon tant que les douleurs persistent et reprendre le sport après deux semaines. En cas de persistance douloureuse, des anti-inflammatoires, voire des infiltrations, peuvent s’avérer nécessaires. Une talonnette adaptée peut également soulager le talon.

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