Hébergez les insectes et jardinez encore plus naturel

Les insectes auxiliaires sont d’autant plus efficaces qu’ils sont prêts à intervenir dès que les ravageurs se manifestent. Construisez-leur des abris pour qu’ils s‘installent à demeure.

Au sortir de l’hiver, lorsque le printemps frémit à nos portes, le jardin nous semble un peu déserté par les insectes. Méfiez-vous, les apparences sont trompeuses, surtout si l’hiver a été assez doux ou si le froid a été de courte durée ! Faisons un petit tour ensemble pour repérer les insectes avec lesquels le jardinier va devoir compter, en mal ou en bien : bien sûr, il y a des ravageurs qui sont présents ou peuvent investir rapidement le jardin, mais aussi des auxiliaires et des pollinisateurs sans lesquels le jardinage n’est pas envisageable.

Avec l’aide de Moune, construisez un hôtel à insectes et installez-y confortablement ces petites bêtes sympathiques.

Vous verrez, ils vous rendront de nombreux services et vous aurez à votre disposition un moyen de lutter de façon 100 % naturelle et écologique contre les pucerons, mouches et autres chenilles.

L’hébergement des insectes auxiliaires : un facteur essentiel de la réussite !

Les hôtels à insectes sont des constructions, certes simples à réaliser, mais qui doivent répondre à certains critères pour avoir un véritable intérêt écologique (voir l’article de Moune, p. 114). En effet, on sait de longue date que les insectes ont besoin d’abris pour se protéger l’hiver, pour nidifier, pour passer la journée ou la nuit en fonction de leurs « préférences abiotiques » (1). Si cela fait peu de temps que l’on se préoccupe de leur construire des abris, on mesure très bien l’importance des services écologiques rendus par ces petites constructions à la portée de chacun, aussi bien pour les agriculteurs que pour les jardiniers !

(1) Préférences abiotiques : pour chaque espèce, on connaît les valeurs de température, d’humidité, de luminosité, d’acidité, de souplesse des substrats, dans son milieu de vie, qui vont lui permettre de se développer au mieux.

Au jardin, à quoi servent ces abris ?

Ils sont fréquentés par diverses espèces d’insectes qui en tirent des bénéfices divers en fonction des caractéristiques de leur cycle biologique. Certaines de ces caractéristiques sont « fragilisantes » car elles exposent la population d’insectes auxiliaires aux dangers des prédateurs ou des facteurs climatiques défavorables, comme quand, par exemple, les œufs éclosent lentement ou lorsque les jeunes insectes restent longtemps sans ailes…

Les principaux rôles de ces hôtels à insectes

  • Ils assurent la survie hivernale des espèces frileuses sous différentes formes (œufs, larves, pupes, adultes)
  • Ils favorisent la reproduction
  • Ils facilitent le développement des populations en leur permettant d’échapper aux prédateurs et parasites
  • Ils améliorent la régulation des populations de ravageurs en optimisant la présence des insectes auxiliaires dans des milieux tels que le verger, le potager, le jardin d’ornement qui, en principe, n’offrent pas assez de micro-milieux adaptés aux exigences d’habitat et de nidification des auxiliaires. Installés sur place depuis la saison précédente, la population d’insectes auxiliaires est assez dense et elle peut donc intervenir rapidement et dans la durée pour réduire et réguler le nombre des insectes détruisant les cultures.

Comment augmenter l’efficacité des abris à insectes ?

Le maître mot est la spécificité. En dehors des conditions d’installation de l’abri, c’est bien, comme l’indique Moune, le type d’abri qui, en lui-même doit répondre aux besoins spécifiques de certaines espèces. En principe, dans une même construction, on répond aux besoins de plusieurs espèces : possibilité de nidifier dans une tige creuse pour les osmies, possibilité d’échapper à la lumière pour les forficules dans un feuilleté de fibres végétales, possibilité de se protéger du froid pour les chrysopes dans des cavités fourrées…

La fréquentation de l’hôtel à insectes est liée à la proximité de la restauration ! La diversité des plantes dans un périmètre proche garantit du nectar de fleurs presque toute l’année en climat doux et aussi du miellat de pucerons pour les aphidius (minuscules hyménoptères), des fruits mûrs pour les forficules, des insectes sous toutes leurs formes pour les auxiliaires carnivores, voire des limaces ou escargots pour les carabes. Pour maintenir une population suffisante de ces précieux amis, le jardinier doit repérer et favoriser les différents maillons de la chaîne alimentaire (voir schéma).

Les principaux insectes auxiliaires à favoriser

Dans votre jardin, l’installation d’un abri ou éventuellement de plusieurs abris réalisés selon les conseils de Moune devrait favoriser l’installation d’une population d’insectes auxiliaires généralistes en capacité de réguler les populations de ravageurs. Voici donc une saison plus sereine qui s’annonce !

Quelques points de vigilance pour réussir l’installation durable de vos nouveaux hôtes

  • Prévoyez des aliments adaptés aux différents stades de développement des populations d’insectes que vous souhaitez héberger. Par exemple, le lierre fleurit en automne et fructifie au cours de l’hiver : il offre donc une possibilité pour les insectes qui hibernent sous forme adulte de se nourrir et de survivre : lierre et hôtel à insectes pourraient voisiner dans le jardin !
  • Laissez pousser ou semez des plantes qui accueilleront des insectes qui serviront d’aliments de substitution en cas d’absence de ravageurs ou de décalage dans le développement des populations.
  • Éloignez abris à insectes et nichoirs pour les oiseaux !
  • Entretenez votre hôtel à insectes, veillez à changer les parties qui se détériorent. Certains recommandent une petite couche d’huile de lin lorsque tout le monde a déserté le nid (en août).

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