La mante orchidée et l’élysie émeraude

À première vue, il s’agissait d’une fleur exquise et d’une feuille charnue. À première vue seulement. La fleur a détalé quand j’ai approché mon doigt. Et sur la feuille se sont dressées des antennes d’escargot, dansant sous les flots. Camouflage, mimétisme et art de l’illusion sont d’habitude le credo de celles qui cherchent à éviter de se faire croquer. Rien de tel ici. Mes deux artistes sont devenus des plantes pour d’autres raisons…
Première escale en Indonésie. Au cœur des forêts tropicales chaudes et humides. Dans le royaume des orchidées sauvages, les sakats, comme les appellent les villageois de la région de Muaro Jambi. Au début de la saison des pluies, ces fleurs aux découpes délicates se déploient depuis les branches hautes. Parfois à plus de cinquante mètres du sol. Pluie d’étoiles nacrées, cascades de griffes jaunes tigrées, virgules roses poudrées. Aux parfums d’humus se mêlent les leurs, musqués, suaves, entêtants. Trois mois hypnotiques avant que les tubercules se remplissent de spores. Trois mois avant l’envol.

C’est dans ces paysages irréels que vit l’une des plus extraordinaires mantes fleurs que j’ai pu observer. Si elle partage avec nos mantes religieuses une série d’attributs et de comportements, la mante orchidée surprend par la finesse de son déguisement. Imiter une brindille, c’est une chose, mais l’Hymenopus coronatus s’est mis en tête de ressembler aux fleurs à l’architecture la plus compliquée de notre planète. Les orchidées sauvages.
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