Communication animale

Vous adorez les animaux : vous vous régalez de leur tendresse, de leur fidélité, de cette intimité d’une relation privilégiée, de l’élégance de leur gestuelle… « Il ne leur manque que la parole », dites-vous ! Eh bien, réjouissez-vous : ce handicap est désormais comblé ! Une nouvelle technique, la communication animale, prétend vous permettre de les entendre s’exprimer, aussi clairement que votre voisin de palier ! Cette invention nous vient des États-Unis, où « communicateur » est désormais un métier reconnu et rémunéré.

Aux États-Unis, des communicateurs animaliers sont sollicités pour soigner les chevaux de concours dont les performances ont baissé. Lorsque le vétérinaire ne trouve pas de cause physique ou physiologique, le communicateur vient à la rescousse…

Mes premiers pas dans la communication animale

Une professionnelle californienne proposait une formation à Paris, je m’y suis inscrite, afin de vérifier par moi-même l’inanité de telles prétentions.

Arrivée sur place, je découvre avec horreur que notre professeur enseigne une forme de communication qui se pratique… à distance ! Hors de la présence physique de l’animal ! C’en est trop ! Je demande à être remboursée : refus. Alors, bon gré mal gré, je me plie au premier exercice : il s’agit de contacter – mentalement – une belle chatte noire dénommée Mystery, qui demeure… en Californie. Surprise ! Sur mon écran mental, je la vois se déplacer… en boitant ! J’interroge l’enseignante à son sujet… et j’apprends avec stupéfaction que mon image intuitive est exacte : cette chatte souffre d’un déficit moteur…

Deuxième essai avec une petite chienne de six mois, qui aboie sans cesse en laisse, mettant sa propriétaire – une de mes co-stagiaires – dans un réel embarras. Dès que je dis à cet animal que je viens le questionner au sujet de ses aboiements intempestifs, je ressens une gêne dans ma propre gorge… Se pourrait-il que cette petite chienne aboie parce qu’elle tente de se dégager la gorge ? A-t-elle une maladie ou une inflammation à ce niveau ? J’interroge la propriétaire et sa réponse m’abasourdit : « C’est fort probable, dit-elle, car chaque fois qu’elle aboie, elle tousse dans la foulée, je n’avais pas pensé à vous le signaler« …

Je suis estomaquée ! Telle est prise qui croyait prendre ! Comment est-ce possible ?… Voilà que j’y crois, à mon tour… Guidés par notre professeur, nous plongeons dans une relaxation profonde, puis, petit à petit, nous nous entraînons à écouter à l’intérieur de nous-mêmes, à laisser remonter en nous toute sensation, toute image, tout ressenti. Et nous recevons les réponses par nos cinq sens, ouïe, vue, odorat, goût, et toucher – ou du moins par leurs équivalents « intérieurs » – ainsi que par des sensations physiques ou des émotions.

Comment savoir si tout cela n’est pas le fruit de notre imagination ? C’est très simple : la plupart du temps, la communication est entreprise parce que le (la) propriétaire a un problème avec son animal. Si la communication réussit, l’animal change du tout au tout, et abandonne le comportement indésirable, dès la fin de la conversation ! Ce fut le cas pour la petite chienne de six mois : lorsqu’après le stage, sa propriétaire la retrouva, les aboiements intempestifs avaient totalement disparu. Je pris de ses nouvelles pendant plusieurs mois, afin de m’en assurer : aucune rechute ne survint.

Comment travaille un communicateur

Le communicateur agit en quatre temps : d’abord il rencontre l’animal, puis il lui présente le problème. Ensuite – et c’est une étape tout à fait cruciale –, il lui demande comment il voit les choses à ce sujet. Enfin, en tenant compte de l’avis qu’a donné l’animal, le communicateur propose un deal, un accord qui puisse arranger les deux parties.

Comprenez bien : il ne s’agit pas d’une nouvelle forme d’obéissance ou de dressage, mais d’une réelle rencontre entre l’humain et l’animal, dans le respect absolu de ce dernier. La négociation proposée impliquera souvent un effort des deux parties, humain compris !

L’exemple de la petite chienne qui aboyait

Lors de la conversation avec la petite chienne, celle-ci me montra que ses aboiements visaient à protéger sa maîtresse, en l’avertissant des événements de la rue. Mais comme le petit animal ne savait pas hiérarchiser les priorités, il l’avertissait de tout, sans discrimination : une voiture qui arrivait, un coup de vent, un changement de lumière, un vélo qui démarrait, une ombre sur un mur, etc.

Sa propriétaire arborant des lunettes de vue très épaisses, je lui dis : « – Peut-être ne vois-tu pas bien ? Cela expliquerait pourquoi la petite a pris sur elle de t’avertir ainsi ?Non, je vois très bien, me répondit-elle, ma vue est parfaitement corrigée, mais je dois reconnaître que je suis en permanence dans mes pensées, je manque d’attention, et j’ai déjà plusieurs fois frôlé l’accident…« . Je lui suggère alors de dire toute sa reconnaissance au petit animal, puis de lui expliquer que désormais elle a décidé de reprendre sa propre vie en main, et d’être enfin attentive aux événements de la rue : en conséquence, une « protection rapprochée » n’est plus nécessaire… Et la petite chienne a cessé d’aboyer.

Lâchez prise, intuition, entraînement, patience…

Or, souvenez-vous, l’animal en question n’était pas auprès de nous : le stage avait lieu à Paris, la petite chienne était à Mulhouse. Nous n’avons donc pu en aucun cas l’influencer par nos paroles ou nos attitudes corporelles, comme cela se pratique dans les techniques comportementalistes.

En fait, la communication se pratique mieux hors de la présence de l’animal ciblé, parce qu’utiliser nos capacités mentales exige une très grande concentration, que l’animal pourrait troubler en venant au contact ou en se manifestant oralement. Pour pratiquer cette discipline, il faut apprendre à se focaliser sur l’image de celui ou de celle que l’on désire interroger.

L’écueil le plus évident, lors d’une communication avec un animal, est la projection, ce mécanisme mental qui nous pousse à mettre nos propres émotions et pensées dans la tête… de l’autre : « Si j’étais à la place de cette petite chienne, je ressentirais ceci, je ressentirais cela« . Laissez tomber vos propres pensées, et rendez-vous disponible aux sons, aux images, aux émotions que l’animal va vous transmettre : attendez ! Lâchez prise ! Accueil et détachement sont désormais vos impératifs. Faites le silence en vous et rendez-vous totalement disponible…

Au même titre que notre capacité de raisonnement ou de mémorisation, notre cerveau humain contient un potentiel d’intuition assez considérable. Certains peuples – les bushmen australiens, ou les insulaires indonésiens, par exemple – l’ont développé avec succès, d’autres peuples se sont efforcés de le refréner. Dès notre plus tendre enfance, nos parents nous ont mis en garde contre son utilisation… De sorte que ce talent est resté chez nous à l’état latent.

Lors de mon premier stage de communication animale à Paris, je constatai que notre professeur recevait bien plus d’informations de la part des animaux que nous n’en recevions, nous les débutants ! Pourquoi ? Parce qu’il s’y exerçait depuis plusieurs années. Imaginez un muscle atrophié : seul un entraînement suivi et continu permettra une récupération, seul un exercice répété, encore et encore, pourra faire regonfler le muscle à son volume initial…

Mais la bonne nouvelle, c’est qu’avec un peu de détermination et de patience, chacun de nous peut y parvenir…

L’histoire de Sasa, orang-outan de Sumatra

En 2010, je fais la connaissance de Sasa. Son histoire est aussi triste que banale : alors qu’elle n’a que quelques mois, un braconnier tue sa maman dans la jungle, puis la vend à bon prix à des particuliers. Quatre ans plus tard, les activistes animaliers ont enfin obtenu l’interdiction de ces pratiques : les policiers la récupèrent et la confient à des rangers spécialisés, dont la mission est d’enseigner la forêt à ces animaux, afin de pouvoir les relâcher. 180 orangs-outans ont déjà bénéficié de leur compétence, et batifolent en liberté à proximité.

Mais Sasa se montre totalement imperméable à cet enseignement : c’est un échec et, dix ans plus tard, elle moisit encore dans une cage… Les éthologues ont échoué, eux aussi. Et tous en ont conclu qu’elle était un peu simplette. Lorsque je la rencontre, je constate qu’elle se montre terrifiée dès qu’un orang outan « ré-habilité » approche de sa cage. Les rangers l’ont constaté également, ils en ont conclu qu’ayant vécu trop proche des humains, elle se pensait humaine elle aussi, et redoutait ces « animaux ».

C’est un bon exemple de « projection »… Lorsque je pris le temps de parler avec elle de sa terreur des autres orangs-outans, Sasa me conta une tout autre histoire. N’en déplaise aux incrédules, son problème prenait racine dans une image fausse d’elle-même : elle pensait que son corps était resté celui d’un tout petit enfant orang-outan, et craignait que les adultes orangs-outans environnants ne la bousculent. Or, elle avait, à quatorze ans, un corps mâture et puissant…

Avec patience et l’aide d’un miroir – selon les scientifiques, les orangs-outans font partie des rares animaux capables de se reconnaître dans une glace –, je parvins petit à petit à lui prouver que son corps était désormais celui d’un adulte. À vrai dire, je lui ai même expliqué… qu’elle était très « baraquée » et que, très certainement, ses confrères orangs-outans allaient avoir peur d’elle ! En un mois, elle redécouvrit la jungle et ses plaisirs ! Elle y demeure désormais, libre et heureuse…

Lien Youtube : Jade Allègre, communication animale
Site : https://jade-allegre.com/communication-animale/

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