Et si les spasmophiles étaient tout simplement hypersensibles ?

Percevoir les émotions en finesse, vivre des sensations fortes… peut donner lieu à une créativité hors du commun. Les spasmophiles sont des êtres doués de cette hypersensibilité.
Mais nous vivons dans un monde parfois étriqué, notre éducation nous incite à vivre tous sur le même modèle et à brimer notre expressivité… Alors, quand l’hypersensibilité est trop longtemps contenue, à l’image de la cocotte-minute qui laisse échapper un peu de vapeur, des symptômes apparaissent : ceux de la spasmophilie.
La spasmophilie fait partie des maladies mystérieuses, dont on n’arrive pas à définir précisément les causes. Elle peut se manifester par divers symptômes, très variables d’un individu à l’autre : crise de tétanie, attaques de panique, angoisses, malaise vagal, stress intense…
Une petite chose « en plus »
Et si les spasmophiles avaient un petit quelque chose en plus ? C’est le postulat du Dr Jean Dupire, auteur de Spasmophiles ? Libérez vos émotions ! (Éditions Mosaïque-Santé, 18 €). Les spasmophiles, hypersensibles à leur environnement physique et psychologique, ont en commun de maintenir prisonnières leurs émotions et de ne pas laisser libre cours à leurs talents (pourtant nombreux !). Résultat, ils vivent un stress permanent et leurs émotions trop longtemps refoulées finissent par chercher des chemins pour s’échapper et empêcher ainsi l’explosion ! Pour le Dr Dupire, la spasmophilie serait donc simplement un signe annonciateur à prendre en compte pour éviter l’installation d’une maladie chronique. Et le portrait du spasmophile est tout à son honneur : « Il se contient, se surveille et donne l’aspect de quelqu’un de sage et d’équilibré. L’entourage sait qu’il peut compter sur lui, sans retenue et dans la plus grande confiance. » Mais il est aussi empli de doutes, de culpabilité et manque d’estime de lui-même, alors parfois il craque !
Écouter son corps
On peut décider de laisser passer les signes, de ne pas tenir compte des malaises récurrents, de prendre un traitement relaxant pour éviter les attaques de panique, des anxiolytiques pour chasser les angoisses et de faire une cure de magnésium ou de calcium pour limiter les crises de tétanie… Mais attention : ces manifestations de la spasmophilie sont autant de signes qui devraient vous faire réagir autrement. Pour véritablement « soigner » la spasmophilie. À défaut, il se peut qu’elle laisse bientôt place à une maladie chronique ou à ces nouvelles maladies « de civilisation » que sont la fibromyalgie ou la fatigue chronique. Alors, certes, vous pouvez soulager les symptômes, mais c’est en vous décidant à « ouvrir les yeux », à « prendre le taureau par les cornes » que vous vous en sortirez durablement. Votre organisme vous dit quelque chose, écoutez-le !
Libérer ses émotions
Quels que soient les symptômes qui le touchent, le spasmophile ne peut s’en sortir qu’en lâchant prise, en libérant ses émotions verrouillées. Comment ? En retrouvant confiance par la redécouverte de ses sens grâce à la stimulation sensorielle.
C’est ce que le Dr Dupire appelle « l’empoesthésie » : « Nous avons la capacité de transformer nos circuits neuronaux et de perdre des attitudes induites par des conditionnements antérieurs. »
Pour cela, les spasmophiles doivent mobiliser leurs sens : en réapprenant à écouter, à voir, à regarder, à percevoir, à goûter, à sentir, à toucher…
Oser se faire plaisir, savoir dire non, prendre soin de soi… sont autant de choses, aussi, qui peuvent se réapprendre si elles ont été oubliées : le « j’ai envie de » doit équilibrer le fléau de la balance face au « je dois ».
Spasmophiles ? Libérez vos émotions ! – EXTRAIT DE L’OUVRAGE
Nous devons mettre en valeur les talents du spasmophile
Les spasmophiles, vibrants, sensibles, instinctifs, devraient être « repérés » dès le plus jeune âge et on devrait mettre en valeur leurs prédispositions pour les arts : musique, danse, dessin, poterie, sculpture en particulier. En découvrant le plaisir de dessiner, de chanter et de sculpter, ils se dirigeront vers un métier auquel ils sont prédestinés.
C’est chez les spasmophiles que nous retrouvons les artistes, les créateurs, les découvreurs, les penseurs ainsi que les grands religieux. Pourtant, la peur de dépasser leurs limites, pour quitter l’être raisonnable que l’environnement éducateur a voulu forger, les empêche souvent de réaliser leur rêve et de s’orienter vers une carrière en lien avec leur être profond.
Jusqu’à 15 ans, Sylvie était brillante en classe et inscrite au conservatoire de danse classique. Elle adorait lire et rêvait de faire du théâtre. Elle a parlé une fois à ses parents de prendre l’option théâtre au collège, mais ils ont pris ça pour une boutade : son emploi du temps était déjà bien rempli et son avenir tracé. Sylvie s’est progressivement réfugiée dans la lecture de pièces de théâtre, regardait des pièces à la télé, allait de temps à autre en voir, déclamait des tirades seule dans sa chambre… Peu à peu, sa famille constata qu’elle perdait l’appétit, le sommeil, qu’elle maigrissait, s’isolait. Puis, ses règles cessèrent et son tempérament changea. Elle pleurait à la moindre observation, criait pour des vétilles et ne supportait plus son jeune frère. Sylvie avait 16 ans quand je l’ai vue la première fois. Mince, décharnée, de grands cernes sous ses yeux bleus et des cheveux jusqu’à la taille. Elle avait l’air triste, ne me regardait pas, semblait à la fois très agacée et désespérée d’être là. J’ai demandé à ses parents, qui parlaient à sa place depuis le début de la consultation, de bien vouloir sortir. Elle prit aussitôt la parole : « Je veux faire du théâtre mais je n’arrive pas à le dire à mes parents, ils ne comprendraient pas. » Sylvie n’était pas anorexique, elle n’était pas déprimée, elle voulait juste – et ardemment – être comédienne. D’un commun accord, nous avons décidé de laisser l’affaire en suspens pour cette première séance. Nous avons repris rendez-vous un mois plus tard.
La deuxième séance fut à la hauteur de mes attentes. Une jeune femme rayonnante et détendue pénétra dans le cabinet devant ses parents. Ceux-ci se dirent stupéfaits du changement qu’ils n’hésitèrent pas à attribuer à mon merveilleux traitement. Elle s’était préparée à affronter ses parents, avec ma complicité, et put leur exposer son choix en douceur lors de cette deuxième séance. Dix années ont passé. Sylvie est actuellement comédienne dans un théâtre de boulevard à Paris.
C’est en sortant de sa solitude et porté par les encouragements de personnes bienveillantes que le spasmophile peut trouver sa voie.