Moins de sodium, moins d’hypertension, les effets de la loi

Le sodium est ce composant du sel alimentaire connu pour faire augmenter la pression artérielle quand on le consomme en excès. Il représente 40 % de notre sel de table. Son incidence sur la santé cardio-vasculaire est aujourd’hui largement démontrée et l’OMS conseille à ce titre de réduire notre consommation de sel à 2 grammes par jour si on veut limiter le risque de maladies cardiaques et d’AVC – responsables de 20 millions de décès par an dans le monde – directement en lien avec l’hypertension. Or, il semblerait que les recommandations peinent à faire effet. En revanche, si l’on en croit une récente étude dont les conclusions ont été présentées dans le Journal of the American Medical Association Cardiology, c’est en imposant des règles aux industries agro-alimentaires que l’on pourrait faire progresser les chiffres dans le bon sens. On doit ces recherches à une équipe de l’Université du Witwatersrand à Johannesburg. En Afrique du Sud, depuis 2013, une législation limite la teneur en sodium de certains aliments transformés. Plusieurs catégories d’aliments de consommation courante sont concernées par des doses maximales de sel : le pain, les produits de boulangerie, les céréales, les snacks salés, les soupes et les sauces instantanées, les viandes transformées (comme les saucisses et les jambons), et même certains assaisonnements. L’Afrique du Sud est, avec l’Argentine, l’un des premiers pays au monde à avoir adopté une réglementation sur la teneur des aliments en sodium. Depuis, le Portugal a imposé aussi certaines limites, en particulier dans le pain.
Pour leur étude, les scientifiques sud-africains ont mesuré le taux de sodium dans les urines de 5000 participants de 40 ans et plus, vivant en milieu rural, et ont pris leur tension artérielle. Ils ont fait cela à trois reprises : avant la mise en œuvre de la réglementation, puis en 2018 et en 2021. Résultat : la consommation en sel des participants a baissé de 10 % en 7 ans ; chaque réduction d’1 gramme de sodium par jour permet une baisse de la tension artérielle, et avec elle, une diminution des taux de mortalité par maladies cardio-vasculaires, ainsi que des accidents vasculaires cérébraux, de l’insuffisance cardiaque, de l’insuffisance rénale terminale ou encore de la démence vasculaire, autant de maladies associées à l’hypertension artérielle.
Pour les auteurs de l’étude, les autres pays devraient s’inspirer de cette législation : « La plupart des gouvernements du monde n’ont fait qu’encourager ou conseiller la réduction de la consommation de sodium, avec une efficacité limitée. À la lecture de ces résultats, une législation plus stricte nous semble préférable à une approche volontaire. » Bien entendu, quand on est informé à titre individuel (en lisant par exemple, Rebelle-Santé), on connaît bien l’incidence de l’excès de sodium et on peut aussi, soi-même, limiter sa consommation de produits transformés et avoir la main plus légère sur la salière.