Un coup de sang pacifiste et libérateur
«Je ne suis ni historienne, ni anthropologue, ni médecin. Mais, entre 13 et 52 ans, tous les mois ou presque, j’ai saigné. J’ai eu mal parfois, j’ai eu peur, j’ai eu des questions sans réponses ou des réponses qui ne me plaisaient pas», déclare Elise Thiébaut en introduction à son livre Ceci est mon sang – Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font. Engagée, la journaliste a déjà écrit sur le droit des femmes et les violences dont elles sont victimes. Aujourd’hui, à 55 ans, elle veut briser le tabou des règles dans un essai imbibé d’humour et de menstrues, en s’inspirant à la fois de son expérience personnelle et du regard des sociétés.
Les chapitres déclinent les jeux de mot sur le sang, pour passer en revue les menstruations du mythe au tabou, de la répulsion au culte. Et le lecteur se laisse guider dans ce flot sanguinolent et érudit, charriant les données anthropologiques et les considérations pratiques sur la voie des découvertes scientifiques jusqu’aux plus récentes comme celles sur les cellules souches, afin de reconsidérer le saignement féminin à travers les époques et leurs préjugés. Véritable succès de librairie, ce livre a tout du best-seller, car loin d’être dogmatique, la journaliste s’appuie surtout sur sa vie, son rapport avec sa fille, sur la douleur et le symptôme d’endométriose dont elle a souffert longtemps avant d’être diagnostiquée. De la gifle des premières règles à la ménopause, la verve militante aborde tous les sujets sans pudeur et avec bienveillance en affichant l’ambition généreuse de réconcilier les femmes avec ce sang qui coule pacifiquement depuis les origines de l’humanité. Faut que ça saigne !
- Ceci est mon sang. Élise Thiébaut. Éditions La Découverte – 248 pages – 13,6 x 22,1 cm – 16 €
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