Les architectes volants

Nous avons oublié comment construire notre nid.
Drôles d’animaux que nous sommes, maladroits quand il s’agit de creuser un terrier, de tendre un hamac de feuillages ou de tisser des branches en haut d’un arbre. Regarder travailler les oiseaux rend humble.
Le geste juste. La technicité adaptée à chaque milieu.
L’hirondelle sculpte des architectures de terre. La fauvette couturière fabrique des cornets en attachant les bords de larges feuilles avec un fil végétal qu’elle coud du bout de son bec. La mésange à longue queue tresse un nid extensible avec de l’herbe, et le grèbe huppé construit une île flottante adaptée aux variations du niveau de l’eau.
Rencontrons trois de ces architectes futés et canailles.
Projet n°1 : la Pyramide. Direction l’Australie. Ici vivent les mégapodiidés, une famille de terrassiers. Ces architectes-là ressemblent à des pintades.
Pour garantir la chaleur suffisante au développement de leurs œufs, la plupart des oiseaux possèdent une plaque incubatrice sur le ventre. Sous l’influence d’hormones stéroïdes et de prolactine, ce radiateur intégré provoque la chute du duvet, ramollit les peaux et les vascularise. Confort douillet assuré. Dépourvus de cet équipement, les mégapodiidés parient sur le génie architectural. Certains creusent des terriers dans les sols volcaniques pour profiter de la géothermie. D’autres se lovent dans le sable noir des plages ensoleillées. Mais les vrais bâtisseurs érigent des pyramides. Des pyramides chauffantes. C’est le cas du léipoa ocellé. Avec ses grosses pattes, il se place dos à la zone de chantier et se met à gratter, projetant les matériaux avec entrain. Les tas sont énormes. Matières végétales, débris de feuillages, de tiges et de racines emmêlées. De leur volume et de leur superficie dépend l’efficacité des processus de production thermique assurée par la respiration de micro-organismes et des champignons thermophiles. Les pyramides pèsent 1700 fois le poids de l’architecte. Le chantier dure plus d’un mois, six heures par jour. Pour que la température reste stable, l’architecte renouvelle régulièrement le compost autour de ses œufs. Il prend la température de son projet en y enfonçant le bout de son bec, et adapte son planning de travaux.

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