Quand Hubert Reeves…
… explique la biodiversité en BD
Sans les étoiles, nous ne serions pas là . En mourant, elles libèrent les atomes qui sont nécessaires à la construction de tout être vivant».
L’astrophysicien d’origine canadienne Hubert Reeves a consacrĂ© sa vie Ă transmettre ses connaissances scientifiques. Ă€ 85 ans, après avoir crĂ©Ă© et prĂ©sidĂ© son association HumanitĂ© et BiodiversitĂ© (1) depuis 2001, il a Ă©tĂ© nommĂ©, en janvier dernier, PrĂ©sident d’honneur de la toute nouvelle Agence française pour la biodiversitĂ©. Militant pour la protection de l’environnement et la dĂ©fense de la biodiversitĂ©, il s’engage auprès de tous les publics et notamment des enfants, en signant une bande dessinĂ©e consacrĂ©e Ă ce sujet avec le dessinateur Daniel Casanave avec qui il avait dĂ©jĂ publiĂ© l’album L’Univers en 2016.
RENCONTRE
« Sans les étoiles, nous ne serions pas là . En mourant, elles libèrent les atomes qui sont nécessaires à la construction de tout être vivant ». C’est par cette phrase que vous introduisez cet album sur la biodiversité. Des étoiles à la Terre, quels liens faites-vous entre l’astronomie et l’écologie ?
D’un point de vue général, l’astronomie est une science qui, à travers l’histoire de l’Univers et du Cosmos, nous apprend l’origine du long processus d’évolution de la vie qui nous a permis de naître sur Terre. L’écologie renseigne quant à elle sur les moyens de rester sur cette planète. Si l’astronomie retrace notre passé, l’écologie nous projette dans l’avenir, en révélant les dangers induits par notre propre activité qui menace jusqu’à notre existence en tant qu’espèce. On peut considérer aussi bien la menace nucléaire dans le cadre de la guerre froide, par exemple, que le saccage généralisé de la nature, le phénomène de réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité.
Quelles sont l’origine et la nature de votre engagement pour la biodiversité ?
L’humain risque d’être à l’origine de la 6e extinction de masse. C’est dire l’urgence et la nécessité de soigner et de protéger son environnement, au cœur du projet de notre association Humanité et Biodiversité. Connaître tout ce que la nature nous apporte gratuitement, c’est prendre conscience du sabotage à l’œuvre à tous les niveaux. Il s’agit donc d’abord d’essayer d’enrayer la destruction de la biodiversité, en œuvrant directement, par exemple, pour les vers de terre, les papillons, les abeilles, les micro-organismes… Car les vers de terre enrichissent et aèrent les sols, qui sans eux deviennent stériles. Car les pesticides tuent des insectes pollinisateurs et menacent directement les fleurs. La destruction de micro-organismes invisibles est tout aussi catastrophique.
Vous vous êtes consacré à transmettre votre savoir scientifique au grand public, et notamment aux plus jeunes, au détour de plusieurs livres. Quelle place accorder à l’éducation des enfants ?
J’interviens souvent pour faire des présentations dans les écoles et j’en parraine même plusieurs. L’enfance est une période idéale pour aborder tous les sujets autour de la défense de l’environnement à laquelle les enfants sont très sensibles. Dès l’adolescence, quand ils grandissent, ils ont d’autres préoccupations. Il est donc très important qu’en classe, ou avec leurs parents, on leur fasse passer le message d’aimer la nature. Lorsque les éditions du Lombard m’ont contacté pour me proposer de faire une première bande dessinée sur l’Univers, dans la collection La Petite bédéthèque des savoirs, j’ai trouvé l’idée excellente. La bande dessinée est une lecture facile et attrayante pour les enfants et un moyen pédagogique idéal. De plus, je trouve que le dessinateur Daniel Casanave fait un travail formidable, et j’ai beaucoup aimé travailler avec lui.
Cette bande dessinée sur la biodiversité est conçue comme un reportage pédagogique. Vous abordez différents chapitres à travers des cas concrets. Comment avez-vous procédé pour écrire ce scénario ?
Il faut toujours éviter au maximum la pensée abstraite qui perd les jeunes lecteurs toujours curieux d’expériences pragmatiques pour comprendre ce qui les entoure. Le scénario reconstitue un voyage scolaire pour faire le tour des cas concrets et se rendre compte de l’importance de la biodiversité, dans le passé jusqu’à aujourd’hui. Le viaduc de Millau sert paradoxalement de première étape autour du béton et des énergies fossiles, pour montrer comment la matière inerte, à l’origine, provient elle aussi du vivant. Tout le périple permet ainsi de projeter et d’apprendre la biodiversité dans des situations du quotidien, comme l’alimentation, l’eau, les vêtements, la pharmacie, afin de prendre conscience des liens qui nous unissent à la nature et des menaces à la détruire.
Ă€ LIRE
La BiodiversitĂ©. Daniel Casanave, dessinateur – Hubert Reeves, Nelly Boutinot, scĂ©naristes – Claire Champion, coloriste. Éditions Le Lombard – 64 pages – 21,7 x 28,7 cm – 13,99 € (Parution le 13 octobre 2017)
L’univers. Hubert Reeves, Daniel Casanave, Claire Champion. Éditions Le Lombard – 72 pages – 13,9 x 19,6 cm – 10 €
(1) Plus d’infos sur le site de l’association HumanitĂ© et BiodiversitĂ© : www.humanite-biodiversite.fr
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