Il a une insuffisance rénale chronique, ça change quoi ?

Fréquente, évoluant à bas bruit, l’insuffisance rénale chronique doit faire l’objet d’un dépistage régulier car, lorsque les symptômes apparaissent au grand jour, des dégâts irréversibles sont déjà très présents.

Si les reins sont considérés comme étant des organes vitaux, c’est parce qu’ils sont composés de néphrons chargés de trier et d’éliminer les déchets de l’organisme pour éviter leur accumulation dans le sang. Malheureusement, ces néphrons peuvent souffrir, soit parce que les reins sont directement attaqués (infections, intoxications, etc.), soit parce qu’ils subissent les dommages collatéraux d’une autre pathologie (cardiaque, par exemple).

Agir vite !
Lorsque les trois quarts des néphrons sont détruits, les symptômes de l’insuffisance rénale chronique deviennent parlants et il n’est plus possible de passer à côté.
Malheureusement, à ce stade tardif, on a déjà perdu beaucoup de temps (ces lésions sont irréversibles) et la vie de l’animal est en danger alors que, si l’insuffisance rénale avait été dépistée précocement, il y aurait eu moyen d’agir efficacement avec un régime diététique et un traitement sur-mesure.

Quand se méfier ?

L’âge est un facteur de risque (53 % des chats touchés ont plus de 7 ans). Chez les chiens, l’âge auquel ils sont considérés comme senior varie toutefois selon leur taille : passé le cap des 6 ans, les plus de 40 kilos sont déjà considérés comme seniors, contre 8 ans pour les 15 – 40 kilos et 9 ans pour les moins de 15 kilos. En plus de l’âge, certaines races sont aussi à risque : c’est le cas, chez les chiens, des races Bull-terrier, Bouvier bernois, Shar Pei, Terre-Neuve, épagneul et des Basenjis. Les chats ne sont pas en reste, le Persan et l’Abyssin étant les plus souvent concernés par ces problèmes d’insuffisance rénale. Enfin, n’importe quel animal peut encore développer une insuffisance rénale chronique s’il a des facteurs de risque tels qu’un diabète ou s’il prend un traitement réputé « à risque » pour les reins (mais dans ce cas, le vétérinaire prescripteur surveille d’office la fonction rénale). Enfin, des calculs rénaux à répétition semblent également faire le lit d’une insuffisance rénale chronique.

Tous à vos bandelettes urinaires !

N’importe quel propriétaire peut placer une bandelette urinaire (achetée pour quelques euros la boîte, en pharmacie) sous le jet urinaire et vérifier la coloration qu’elle prend, au moins une fois par an. Lorsque la bandelette indique la présence anormalement importante de protéines, cela ne veut pas dire forcément que l’animal est insuffisant rénal (peut-être que ses urines étaient juste concentrées), mais si cela se répète, mieux vaut en parler au vétérinaire.

Ce dernier a effectivement les moyens de faire le diagnostic de la maladie, bien avant l’apparition des premiers symptômes. Les examens de dépistage reposent sur une analyse d’urine, une prise de sang, une mesure de la pression artérielle et, si besoin, une échographie rénale… Ces examens, fiables, lui permettent de diagnostiquer l’insuffisance rénale et d’en déterminer le stade évolutif. Il les demande d’office si votre animal est déjà considéré comme étant senior ou si, à l’occasion d’une bandelette urinaire, vous avez trouvé des résultats anormaux.

Des symptômes trop tardifs

Les symptômes n’apparaissent bien souvent qu’après plusieurs années d’évolution. À ce stade, c’est le fait que l’animal boive et urine énormément qui peut donner l’alerte. Parallèlement, il n’a plus d’appétit, est amaigri, abattu, vomit et peut même être déshydraté. Son transit peut aussi être perturbé. Il a des ulcères dans la gueule, une très mauvaise haleine et des muqueuses pâles. Le poil est piqué (terne, emmêlé). Et comme si le tableau n’était pas assez noir, une hypertension artérielle grave peut venir se surajouter, car c’est une complication fréquente de l’insuffisance rénale chronique. Conséquence, il peut finir par perdre la vue et une atteinte neurologique, pneumologique et/ou cardiaque n’est pas rare, car des reins qui fonctionnent mal retentissent sur l’ensemble de l’organisme.

Changement de régime diététique

C’est indispensable en cas d’insuffisance rénale chronique car il faut, à la fois, diminuer ses déchets azotés, réduire les apports de phosphate et supprimer les aliments acidifiants qui aggravent les lésions rénales. En contrepartie, il faut souvent davantage de graisses pour limiter l’amaigrissement, parfois du potassium pour compenser les pertes accrues chez le chat et des antioxydants protecteurs comme la vitamine E. Pour respecter toutes ces contraintes, le vétérinaire lui prescrit à vie des aliments diététiques spécialement conçus pour les insuffisants rénaux chroniques. Aucune entorse à ce régime ne doit être faite : il y va de l’efficacité de la prise en charge !

Traitement à vie

Le vétérinaire prescrit des traitements pour protéger ce qu’il reste des reins et pour corriger les conséquences de l’insuffisance rénale chronique : l’anémie, les vomissements, les ulcérations, etc. Autre consigne : ne lui administrer aucun médicament sans l’avis du vétérinaire car certains lui sont interdits, comme les corticoïdes (y compris dans les pommades), et d’autres doivent être pris à doses plus faibles. Cela vaut aussi pour la phytothérapie (mais pas pour l’homéopathie courante). Enfin, s’il présente une infection et/ou une maladie intercurrente, elles doivent être soignées rapidement. Et bien sûr, sa fonction rénale doit être surveillée de très près !

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