La microkiné, libérer le corps pour effacer les cicatrices émotionnelles

La microkinésithérapie ou « microkiné » est une technique manuelle douce et non invasive qui a pour objectif d’effacer les « mémoires » des chocs physiques et émotionnels que nous accumulons au fil du temps et qui affectent notre santé et notre bien-être. Charlotte Nineuil est microkinésithérapeute à Paris. Elle a accepté de nous éclairer sur cette technique holistique de santé.

Rebelle-Santé : Qu’est-ce qui vous a amenée à la microkiné ?

Charlotte Nineuil : D’abord kinésithérapeute, j’ai très vite eu envie de compléter cette formation par une approche plus globale de la personne. Je me suis donc formée pendant 5 ans à l’ostéopathie. Je me suis progressivement orientée vers l’approche tissulaire de l’ostéopathie. Plus douce, cette approche considère que le système corporel a sa propre conscience, obligeant le praticien à modifier sa manière de l’aborder. D’objet sur lequel agir, le corps devient sujet avec lequel communiquer. Dans cette quête de prise en charge holistique de la personne et par l’observation de mes patients, j’ai constaté que la dimension psychique, émotionnelle, occupait une place prépondérante dans le déclenchement du symptôme. C’est par ce changement de paradigme et par la rencontre avec un praticien, Jérôme Losa, que j’ai découvert la microkiné.

C’est aujourd’hui mon principal « outil » de travail.

Comment décririez-vous la microkiné ?

C’est une technique manuelle qui aide l’organisme à éliminer les traces des déséquilibres physiques et émotionnels accumulés au cours de la vie. En temps normal, le corps, comme tout organisme vivant, s’adapte, se défend et « s’autorépare » face aux agressions (virales, environnementales, traumatiques, physiques ou émotionnelles). Quand ce mécanisme d’autoguérison ne fonctionne plus car l’agression dépasse les capacités de défense de l’organisme, cela crée une « empreinte », une sorte de mémoire de l’événement. L’accumulation de ces mémoires finit par engendrer un symptôme, une douleur, voire une pathologie.

La pratique a été initiée dans les années 1980 par Daniel Grosjean et Patrice Bénini, tous deux kinésithérapeutes et ostéopathes. Ils ont posé comme postulat de départ qu’en libérant les tissus mous, les muscles, on pouvait corriger et libérer les articulations, mais que le corps était aussi le support de mémoires, de choses vécues, à l’origine de certains symptômes. En libérant une structure physique, on pouvait ainsi libérer l’émotion qui y était rattachée.

Cette jeune pratique ne cesse d’évoluer au gré des enrichissements issus de l’expérience des praticiens. Elle est aujourd’hui rebaptisée Physiothérapie manuelle évolutive (PME).

Initialement réservée aux kinésithérapeutes, la pratique s’est aujourd’hui ouverte à d’autres professions médicales ou paramédicales (ostéopathe, médecin…).

Quels sont les bienfaits de la thérapie ?

Un mieux-être, un soulagement, une disparition des symptômes physiques et/ou émotionnels, les deux étant souvent très liés.

Et à qui s’adresse-t-elle ?

À tout le monde, des plus jeunes aux plus âgés.

Chez les petits jusqu’à 3 ou 4 ans, les motifs de consultation concernent surtout le sommeil. L’enfant présente des difficultés répétées à s’endormir : l’endormissement prend parfois plusieurs heures et/ou l’enfant se réveille plusieurs fois par nuit, parfois toutes les demi-heures. Pour le même symptôme, la même problématique, on va retrouver des causes différentes, en fonction du vécu et du ressenti par rapport à l’événement. Cela fonctionne un peu comme une enquête dans laquelle on tente de trouver des indices.

Une maman est venue me voir car sa fille de 8 mois ne faisait toujours pas ses nuits, avait du mal à s’endormir et se réveillait parfois en pleurs. La micropalpation a révélé que la petite fille avait été en couveuse et que le stress de la séparation avait « déréglé » sa glande pinéale, qui gère les états de veille et de sommeil, et ses surrénales. En libérant cette information au niveau de ces 2 structures, sa peur a été apaisée et la petite a trouvé le sommeil.

Pour d’autres enfants, le stress aura été vécu à l’accouchement ou même plus tard dans les premières semaines de vie. On retrouve souvent des peurs, des stress, des insécurités mais aussi des problématiques physiques, comme le reflux ou des tensions cervicales qui perturbent leur sommeil.

Les principaux motifs de consultation chez les jeunes sont le sommeil, les troubles digestifs, la problématique de séparation, la colère, l’anxiété, la phobie scolaire…

Chez les adultes, ce sont plutôt des troubles musculo-squelettiques (mal de dos, douleurs articulaires…), mais aussi migraine, insomnie, troubles digestifs ou gynécologiques (syndrome prémenstruel, endométriose, dyspareunie…).

On retrouve aussi les angoisses, le stress, la dépression, le burn-out, un mal-être général…

Nous réalisons le même travail d’enquête à la recherche des causes du mal-être. Celles-ci peuvent être récentes, le symptôme apparaît en réaction à un stress actuel, ou plus éloignées avec des racines dans l’enfance ou plusieurs années auparavant.

Y a-t-il des contre-indications ?

Non. C’est une technique très douce, non invasive. Le corps a une intelligence et des « garde-fous » qui lui permettent de faire émerger seulement les traumatismes physiques ou émotionnels en rapport avec le motif de consultation et que le patient est capable de « traiter » au moment de la séance. On ne force pas le système corporel et psychique.

Après une séance et dans les jours qui suivent, le patient peut se sentir fatigué (voire exténué), courbatu ou plus émotif. Même si l’approche manuelle est très douce, elle n’en est pas moins puissante. Ces fréquentes manifestations post-séances signalent que le corps travaille pour se rééquilibrer et se libérer. Il est conseillé de boire beaucoup d’eau les jours suivants pour soutenir les reins dans leur travail de purification et d’élimination.

Comment se déroule une séance ?

La personne expose le motif de sa venue. Elle reste habillée et, idéalement, s’allonge (chez de jeunes enfants, on peut travailler en position assise ou sur les genoux des parents). Une séance se construit à partir d’un protocole, une succession de gestes, toujours les mêmes, à la recherche chronologique de ces fameuses empreintes, qui se manifestent par un manque de fluidité et de mobilité du tissu corporel.

Cette recherche débute dans la vie intra-utérine, parfois même transgénérationnelle, en passant par l’enfance, l’adolescence jusqu’à la vie d’adulte.

Par des micropalpations, très légères et non agressives, le praticien va chercher, sur l’ensemble du corps, l’empreinte laissée par l’agression ou la perturbation responsable du symptôme, et va identifier quelle structure physique est impactée.

Pour déclencher le mécanisme réparateur, le thérapeute doit ensuite « libérer » et « réinformer » l’organisme en liant l’origine du dysfonctionnement et la pathologie qui en résulte. Cela entraîne une reprise de la mobilité tissulaire qui retrouve alors son intégrité fonctionnelle.

C’est ensuite le patient qui va s’autoréparer.

La microkiné s’est construite à partir de l’embryologie : nos différentes structures physiques (os, nerfs, muscles, organes) se sont développées in utero à partir de seulement 3 types de tissus différents. Ce qui explique que certaines zones du corps très éloignées peuvent découler de cellules qui furent très proches chez l’embryon.

Ce lien embryologique explique pourquoi, lors d’une séance, le praticien ne va pas forcément travailler sur la zone douloureuse mais à distance sur une autre structure porteuse de l’information perturbatrice, en relation tissulaire (embryologique) directe avec le symptôme.

Prenons l’exemple d’une douleur au genou. En microkiné, les ligaments croisés du genou dérivent du système musculaire associé au foie. En ré-informant le foie s’il est le support de l’information perturbatrice, c’est donc toute la chaîne musculaire associée qui est dynamisée et équilibrée. On soulage ainsi le genou sans même l’avoir touché (ou très peu).

Quelle est la durée d’une séance, le prix ?

Entre 30 et 45 minutes. Le prix varie d’un praticien à l’autre, environ 70 €. Pour des problématiques simples, aiguës, comme un torticolis ou un lumbago, une seule séance peut suffire. Si besoin, on peut faire une deuxième séance 5 à 6 semaines après. Pour des problèmes plus complexes (douleur chronique, dépression profonde, grosse anxiété…), il faut parfois 2 à 3 séances, espacées dans le temps.

Ce temps est nécessaire à la cicatrisation d’une structure physique, l’élimination de certaines toxines « incrustées » profondément dans les tissus ou de traumatismes psychiques.

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