Nos amis les arbres

Ces beaux fournisseurs d’oxygène méritent toute notre attention !
J’écris ces lignes à la fin de l’été, dans un jardin peuplé de ces géants pacifiques à qui nous devons tellement. Dans ce jardin, quelques-uns ont largement dépassé les 150 ans et devraient pouvoir vivre et faire vivre nombre de créatures pendant encore longtemps, mais dans tant d’autres endroits, ils sont gravement menacés. Ils souffrent de pollution, tombent malades, sont ravagés dans des incendies monstrueux, ou encore sacrifiés sur l’autel de la cupidité…
Les mauvaises nouvelles…
En Amazonie, pourtant défendue depuis de longues années par des gens courageux, souvent au péril de leur vie, la destruction de la forêt a désormais atteint le « point de bascule ». « Par ce terme, les scientifiques désignent le moment où la forêt, sous les coups de boutoir du changement climatique et de la déforestation, ne serait plus capable d’entretenir ses propres pluies, comme c’est le cas aujourd’hui. Elle évoluerait alors vers un autre écosystème, plus sec, comparable à celui d’une savane. Les arbres seraient plus bas, les animaux moins nombreux, et les capacités d’absorption du carbone de la forêt fortement réduites. » Pour empêcher ce scénario-catastrophe et l’assèchement de la forêt pluviale, « il faudrait préserver 80 % de l’Amazonie d’ici 2025 pour empêcher son assèchement. Un défi de taille : 74 % de la forêt est aujourd’hui classée comme « intacte » ou « peu dégradée ». »
Ailleurs aussi la situation est grave ; les incendies ravagent désormais 2 fois plus de forêts dans le monde qu’au début du siècle. 70 % de ces incendies concernent les forêts boréales, celles qui couvrent une grande partie de la Russie, de l’Alaska et du Canada, et qui constituent le plus grand puits de carbone de la planète. Aujourd’hui, les feux ravagent chaque année environ 3 millions d’hectares de forêt, soit une superficie équivalente à celle de la Belgique. En Russie, depuis 2001, l’équivalent de la surface de la France est parti en fumée. La cause de ces incendies, d’après les chercheurs, est vraisemblablement liée au changement climatique. Leurs conséquences sont des émissions massives de gaz à effet de serre… qui aggravent encore le changement climatique…
Tout près de nous, cet été 2022 si sec et si chaud a été meurtrier : rien qu’en France, 62 000 hectares de forêt ont disparu, et avec eux des espèces végétales et animales qui les habitaient. Et je ne parle là que des incendies, mais l’exploitation industrielle de la forêt, hélas soutenue par notre gouvernement, fait de gros dégâts aussi, y compris dans des endroits à peu près épargnés jusqu’ici. Dans nombre de forêts françaises, les coupes rases détruisent sans distinction toutes les espèces de feuillus, jeunes ou âgés. Certes, on replante… des espèces adaptées à l’industrie du bois. Non seulement la forêt disparaît mais, avec elle, une culture ancestrale, des métiers et des scieries artisanales, peu adaptées à la voracité des industriels du bois.
En danger aussi, trop souvent, les arbres vénérables de nos villes ou de nos bords de route. Tout le monde a suivi l’été dernier la campagne de défense des arbres centenaires du Champ de Mars, menacés par un projet immobilier : Thomas Brail, défenseur des arbres et des forêts, est resté 11 jours perché dans un vieux platane au pied de la Tour Eiffel. Il est redescendu avec l’assurance que ces vieux arbres ne seraient pas sacrifiés, mais évidemment, d’autres projets immobiliers, d’autres « aménagements » de bords de route… sont déjà là ou ne vont pas tarder à sortir des cartons.
… Et les raisons d’espérer
Partout, en France et dans le monde, des voix s’élèvent et des gens s’organisent pour défendre les arbres, les forêts, le futur de notre jolie planète et de toutes les espèces qui y vivent. Voici quelques associations qui agissent en France :
- Le Réseau pour les Alternatives Forestières (RAF) milite pour une forêt vivante et habitée, en encourageant les acteurs d’une sylviculture douce, écologiquement responsable et socialement solidaire. Leur site est une mine d’informations sur l’état des forêts de France.
- L’association Dryade, dans la Drôme, en réunissant forestiers, propriétaires de bois et consommateurs de bois de chauffage, a mis sur pied un circuit court bois-bûche sur le principe des AMAP. Leur site propose un dossier complet pour aider à la création d’une AMAP bois-bûche près de chez vous.
- Le Groupe National de Surveillance des Arbres, fondé par Thomas Brail, s’active pour la protection des arbres en milieu urbain et rural, pour le développement durable et pour l’éducation à l’environnement.
- Et un dernier site, découvert en faisant mes recherches, nous parle de vieilles forêts des Pyrénées. Celles qui, n’étant plus exploitées depuis des dizaines, voire des centaines d’années, ont récupéré un cycle de vie et un aspect complètement naturels. Vous y trouverez, là encore, nombre d’informations, mais aussi des photos merveilleuses et beaucoup de poésie…
Que pouvez-vous faire ?
En premier lieu, vous informer et partager ce que vous apprenez : plus il y aura de personnes conscientes des dangers et des enjeux, plus elles seront nombreuses à s’engager et à soutenir celles qui œuvrent déjà pour préserver lesarbres et les forêts.
Soyez encore plus responsable et vigilant.e dans votre mode de vie. Par exemple, pour l’achat
de bois, ou de produits dérivés du bois, exigez qu’ils soient certifiés FSC ou PEFC. Ces certifications garantissent une gestion des forêts respectueuse de l’environnement, socialement bénéfique et économiquement viable. La norme FSC, la plus exigeante des deux, est à privilégier.
La production de papier est une grande consommatrice d’arbres ; choisissez une fois pour toutes le papier recyclé… et ne le gaspillez pas. Papier essuie-tout, lingettes, gobelets en carton, etc., peuvent tous être remplacés par des objets lavables et réutilisables.
Vous avez besoin d’un nouveau meuble ? Ne vous précipitez pas dans la grande surface spécialisée, allez d’abord faire un tour dans une recyclerie ou un magasin social et solidaire, vous y trouverez peut-être votre bonheur ! Comme d’habitude, ces petits gestes ne suffiront pas à sauver la planète, mais ils y contribueront…
Et maintenant, sortons un peu.
Promenons-nous dans les bois…
J’espère que vous en avez près de chez vous. À cette saison, quel plaisir de flâner parmi les couleurs chatoyantes des feuilles, les riches odeurs d’humus et de champignons. Vous aurez peut-être la surprise de trouver quelques trompettes-des-morts, des cèpes ou des pieds-de-mouton, quelle chance ! À coup sûr, vous trouverez de belles feuilles. Ramenez-en quelques-unes, pour en faire
un bouquet sec qui éclairera les journées de grisaille, que vous collerez sur une vitre afin que la lumière joue avec, ou que vous confierez aux enfants pour qu’ils en fassent des petits tableaux éphémères.
Pendant cette promenade, vous croiserez peut-être un châtaignier. Parmi les arbres que j’aime, il figure en bonne place. Au fil des siècles, il a offert toute sa générosité aux sociétés humaines, qui le cultivent depuis plus de 7000 ans ! Son bois a servi à construire les maisons, à les chauffer, à confectionner paniers, barriques pour le vin ou piquets de clôture… Et ses fruits, qu’on peut préparer de mille façons, ont sauvé nombre d’humains de la disette. Si vous revenez avec un panier de châtaignes, occupez-vous en rapidement, elles ne se gardent pas fraîches très longtemps.
Châtaignes rôties au four
Pas de cheminée ? Régalez-vous quand même ! Préchauffez le four à 210 °C (th. 7). Comptez une dizaine de châtaignes par personne. Avec un bon couteau, ôtez-leur un petit morceau puis déposez-les sur la plaque et parsemez-les de sel. Enfournez pendant 15 à 20 minutes et laissez-les un peu tiédir avant de les manger… avec les doigts, c’est tellement meilleur !
Purée de châtaignes
Pour les éplucher, fendez-les avec un couteau puis mettez-les dans une cocotte et couvrez-les d’eau froide. Amenez à ébullition et laissez bouillir 5 minutes, coupez le feu et laissez tiédir à découvert dans la cocotte. Dès qu’elles ont assez refroidi pour ne pas vous brûler les doigts, ôtez l’écorce et la peau fine des châtaignes (si vous en avez beaucoup, congelez des portions qui vous serviront plus tard). Mettez les châtaignes épluchées dans une cocotte, couvrez-les d’eau froide et amenez à ébullition puis laissez bouillir doucement pendant 40 minutes. Ensuite, égouttez-les et réduisez-les en purée.
Crème de châtaignes
Dans une casserole, préparez un sirop avec 15 cl d’eau, 150 g de sucre et 1/2 gousse de vanille fendue en deux. Quand le sirop a pris, retirez la vanille et incorporez 200 g de purée de châtaignes. Baissez le feu et faites cuire environ 5 minutes, sans cesser de remuer. Quand elle a la bonne consistance, versez la crème dans un pot propre et sec, fermez-le et retournez-le pour le laisser refroidir.
Je vous parlerai sûrement à nouveau des arbres, en attendant, savourez bien l’automne, ses couleurs et ses fruits.