Cancer du sein, la chimio, pas forcément bénéfique après 70 ans
Au tout début du mois d’août, les résultats d’une étude – réalisée sur 2000 femmes âgées de plus de 70 ans et atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant – ont été publiés dans la revue The Lancet et remettent en cause l’intérêt de l’usage systématique de la chimiothérapie à partir d’un certain âge. Habituellement, le traitement du cancer du sein associe, après une intervention chirurgicale, chimiothérapie et hormonothérapie. Pour cette étude menée en France et en Belgique dans 80 sites différents, les groupes de patientes ont été constitués entre 2012 et 2016, certaines étant soignées avec de la chimiothérapie, d’autres non. Le suivi a ensuite duré 8 ans. Résultat : l’ajout d’une chimiothérapie à l’hormonothérapie ne présente pas de bénéfice de survie chez les femmes âgées de 70 ans et plus. Le Pr Étienne Brain, de l’Institut Curie, à Paris, qui est l’un des auteurs principaux de l’étude, explique que les études initiales donnant lieu au protocole appliqué à toutes les femmes ont seulement été réalisées sur des personnes jeunes, ce qui pose des questions aujourd’hui : « On a tiré des informations d’utilité chez des adultes plus jeunes, généralement de moins de 65 ans. On s’est dit que, comme les bénéfices étaient possibles pour les plus jeunes, on devait pouvoir les appliquer aux plus âgés. Mais ceci a été fait sans exploration. » La chimiothérapie étant toxique et souvent lourde de conséquences (qui plus est sur des personnes âgées, déjà fragiles), si elle n’apporte pas de bénéfices clairs en termes de survie, sans doute n’est-elle pas une priorité et doit-elle se discuter au cas par cas. Le Pr Brain y invite ses confrères médecins et appelle à mener davantage d’études sur les personnes âgées.