Cancer et hypothèses…

J’avais envie de partager des réflexions au sujet du cancer, une sorte de théorie… Mon père était médecin généraliste à Toulouse, tout comme son père. Je précise qu’humaniste, il était un médecin prenant tout le temps nécessaire à l’écoute de ses patients fort nombreux.

Un jour, un de ses patients a développé une grosseur dans le dos. Quand elle fut incisée, on y découvrit des éléments d’embryon. Mon père s’est alors souvenu de ce qu’il avait lu durant ses études (dans le livre Éléments d’embryologie des Drs Giroud et Lelièvre), à savoir l’expérience de Spemann connue sous le terme d’organisateur de Spemann (structure fondamentale qui coordonne la mise en place des axes des vertébrés, NDLR). Il eut alors l’intuition qu’il pouvait subsister dans l’organisme des « cellules embryonnaires restées sans emploi chez l’adulte, sommeillant au sein des tissus et reprenant par la suite, sous des influences accidentelles, toute leur activité formatrice ». Cette théorie a également été développée par Conheim et figure dans un livre de 1908 intitulé Précis de pathologie externe d’E. Forgue. Mon père pensait qu’il pourrait s’agir d’un jumeau non développé et qui, restant à l’état de cellules, n’était donc pas rejeté par l’organisme. Vous voudrez bien me pardonner cette façon peu orthodoxe de vous présenter sa théorie, n’étant pas médecin, je mesure mes lacunes ! Le hasard a fait que j’ai, moi aussi, rencontré une jeune femme qui avait développé une grosseur dans le cou, grosseur dont on avait extrait des dents et des cheveux sans qu’aucune explication ne lui ait été donnée.

Plus tard, alors à la retraite, mon père est tombé malade et son état de santé se dégrada au point que je demandai à un de ses confrères d’aller l’examiner. Celui-ci le fit hospitaliser en urgence pour insuffisance respiratoire grave due à son tabagisme. Ce médecin me contacta pour me dire que deux heures plus tard, sans soin, il aurait succombé… mais que son diagnostic était très pessimiste puisqu’il lui avait trouvé une tumeur au foie* de la taille d’une grosse mandarine et qu’à son avis, il ne restait à mon père pas plus d’un mois à vivre si toutefois il se sortait de son déficit respiratoire.

Son passage aux soins intensifs sous oxygène dura une semaine au terme de laquelle le pneumologue nous avisa de son intention de le débrancher faute d’amélioration et que, compte tenu du diagnostic de cancer, cela se justifiait. Or, sa respiration par voie normale ayant repris dans la journée, mon père fut placé dans une chambre dont il sortit au bout de 8 jours et il reprit une vie quasi normale, si ce n’est qu’il n’eut plus besoin de lunettes (alors que sa vue s’était beaucoup dégradée, en lien sans doute avec l’état de son foie) et qu’il développa une surprenante capacité intellectuelle, qu’il avait déjà hors norme.

Cela dura 6 ans, au terme desquels il succomba à un nouveau déficit respiratoire. Je voudrais préciser les points suivants :
nous n’avons jamais évoqué son cancer devant lui et lui-même, lorsqu’il souffrait, disait se plaindre de sa vésicule alors que, connaissant ses diagnostics toujours sûrs et précis, je pense qu’il savait qu’il était atteint d’un cancer
il prenait des médicaments pour traiter sa double artérite des membres inférieurs : du Praxilene (vasodilatateur, NDLR) et de l’aspirine. Il prenait également du Temesta pour ses troubles du sommeil.

Se pourrait-il que certains médicaments, voire certains aliments, dont la prise serait déconseillée en cas de grossesse (car pouvant entraîner un arrêt de la grossesse, NDLR), puissent avoir une action sur le développement d’un cancer, voire le prévenir ? Cela reviendrait en partie à valider la théorie du lien existant entre cancer et embryologie. Si cela s’avérait être le cas, concernant notamment les aliments, aucun effet secondaire ne serait à craindre.

Le cancer de mon père n’avait donné naissance à aucune métastase et je faisais une hypothèse selon laquelle sa prise quotidienne d’aspirine et de Praxilene pour traiter sa double artérite pouvait y avoir participé. Et justement, il y a quelque temps, à la télévision, j’ai entendu le Dr Milhau relater que des chercheurs avaient constaté qu’en donnant à des souris de l’eau sucrée à laquelle ils avaient ajouté un peu d’aspirine, aucune souris porteuse d’un cancer n’avait développé de métastase, contrairement à un groupe témoin. Dans une de ses conférences, en Vendée, le Dr Schwartz parlait du fait que les mitochondries seraient en partie privées d’oxygène lors d’un cancer. Dès lors, l’aspirine, en favorisant le transport d’oxygène via le sang, ne peut-elle pas avoir une action favorable sur les mitochondries ?

Mme M. de Haute-Garonne

* Une biopsie, effectuée lors de sa 2hospitalisation, avait bien confirmé le diagnostic de cancer.

N’hésitez pas à répondre à cette lectrice, via Rebelle-Santé, si ce courrier vous interpelle, vous intéresse, que vous soyez médecin, professionnel de santé ou simplement lectrice ou lecteur.

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