Ebola : surveillons la com’
Après l’échec de la pandémie H1N1, l’OMS a mis cinq ans avant de faire un bis – en évitant le terme « pandémie » qui a laissé trop de doutes. On se contente cette fois-ci d’annoncer une « épidémie ». Mais c’est « la pire jamais causée par ce virus ». Facile – puisqu’il n’y en a jamais eu avant. « Depuis la découverte du virus en 1976, une trentaine d’épisodes de contamination a fait 700 victimes. » Cette information infirme le terme « épidémie » : 700 victimes, ou 1000 selon d’autres chiffres, en 38 ans ne le justifient nullement !
Il n’y a ni médicament, ni vaccin… Qu’à cela ne tienne : dans un premier temps, on a déjà autorisé l’utilisation d’un médicament – sans essai clinique. Autorisation « sous certaines conditions », comme par exemple le « consentement éclairé » : les patients potentiels doivent donc être informés sur l’efficacité du médicament et sur ses effets secondaires éventuels… lesquels sont totalement inconnus !
La même chanson pour autoriser un vaccin sans essai clinique :
Pour l’OMS, « Devant les circonstances de l’épidémie et sous réserve que certaines conditions soient remplies, le comité a abouti au consensus (par téléconférence les 6 et 7 août – pas de papier, pas de signature !) estimant qu’il est éthique d’offrir comme traitement potentiel ou à titre préventif des traitements non homologués dont l’efficacité et les effets secondaires ne sont pas encore connus ». Ainsi, personne ne sera tenu pour responsable en cas de dommages collatéraux – que l’on attribuera au méchant virus, bien entendu.
Pour l’instant, trois personnes seulement ont reçu le sérum ZMapp de MappBio (après la grippe A, maintenant le vaccin Z) : deux personnes « semblent » aller mieux, la troisième est décédée. Pauvre bilan !
On annonce régulièrement le nombre de victimes. Bien sûr, les hôpitaux du Libéria en déplorent tous les jours, mortes de différentes maladies. Qui les attribue à Ebola ? Souvenons-nous du film « House of numbers » qui montre comment on a fait croire à une progression alarmante du SIDA en gonflant le nombre de « maladies opportunistes » attribuées au HIV.
Ebola est « typiquement une maladie de pauvres dans des pays pauvres, dans lesquels il n’y a pas de marché pour les sociétés pharmaceutiques », a souligné la sous-directrice de l’OMS.
On devrait donc plutôt chercher un vaccin contre la pauvreté ?
Avec de telles annonces, on prépare le terrain pour une prise en charge par le denier public. Souvenons-nous des 94 millions de vaccins contre le H1N1 en France.
Un dicton allemand dit : « On ne croira plus celui qui a menti, même si après il parle vrai. »*
En somme, surveillons la communication autour d’Ebola. Ne soyons pas benêts.
* « Wer einmal lügt, dem glaubt man nicht, und wenn er auch die Wahrheit spricht. »
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