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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La péritonite : une urgence abdominale

La péritonite est une urgence abdominale absolue, heureusement rare. Pratiquement toutes les pathologies abdominales peuvent se compliquer d'une péritonite, et d'abord la perforation d'un ulcère à l'estomac ou une appendicite négligée.

Pour bien comprendre le mĂ©canisme de la pĂ©ritonite, encore faut-il savoir ce qu’est le pĂ©ritoine. Il ne s’agit pas d’un organe Ă  proprement parler mais d’une membrane fibreuse qui entoure les intestins et la plupart des autres organes abdominaux. Cette membrane peut s’inflammer et s’infecter. C’est la pĂ©ritonite. Les germes se multiplient alors dans cette cavitĂ© naturelle et peuvent migrer vers tous les organes intra-abdominaux.

Estomac et appendice d’abord

Tout ce qui peut s’infecter peut s’accompagner d’une pĂ©ritonite. Les cholĂ©cystites aiguĂ«s rompues (infection de la vĂ©sicule biliaire), les abcès, les salpingites (infection des trompes utĂ©rines), les ponctions intra-abdominales d’ascite, les infections post-opĂ©ratoires et la rupture de sutures chirurgicales sont donc de nature Ă  contaminer le pĂ©ritoine. La cause la plus frĂ©quente demeure toutefois l’appendicite Ă©voluĂ©e. L’appendice, infectĂ©, s’ouvre dans le pĂ©ritoine, sous l’effet de la tension provoquĂ©e par l’accumulation de pus. Les germes n’ont plus qu’Ă  se multiplier dans la cavitĂ© abdominale. Autre cause de pĂ©ritonite, devenue rare toutefois depuis l’avènement des traitements, la perforation d’un ulcère gastrique. Elle concerne surtout les hommes âgĂ©s de 20 Ă  50 ans. Moins frĂ©quente, la perforation d’un cancer de l’estomac. Plus graves mais heureusement rares, les diverticules coliques et les sigmoĂŻdites peuvent Ă©galement se rompre et libĂ©rer dans le pĂ©ritoine des matières fĂ©cales, riches en bactĂ©ries particulièrement agressives. L’ablation de polypes, un lavement barytĂ© ou encore une banale coloscopie peuvent en faire de mĂŞme. Pensez-y devant des douleurs abdominales dans les heures qui suivent de tels examens ou interventions.

“Ventre de bois”

Difficile pour un mĂ©decin de passer Ă  cĂ´tĂ© d’une pĂ©ritonite, tant les signes sont Ă©vocateurs. En premier lieu, le fameux “ventre de bois” qui dĂ©signe une contracture extrĂŞme des muscles abdominaux. En clair, le ventre apparaĂ®t dur comme du bois ! Et la douleur, apparaissant brutalement en “coup de poignard”, devient permanente et très violente.
La tempĂ©rature est prĂ©sente, mais pas toujours, ce qui peut faire douter un temps de l’existence d’une infection. La constipation (ou une diarrhĂ©e trompeuse) et l’arrĂŞt de production de gaz permettent de distinguer ce syndrome d’une banale gastro-entĂ©rite. Des vomissements de couleur noirâtre attestent quant Ă  eux d’une occlusion intestinale (Belle SantĂ© n° 48), l’une des complications de la pĂ©ritonite. Mieux vaut ne pas les confondre avec une gastro-entĂ©rite ! Enfin, cette infection du pĂ©ritoine s’accompagne d’une altĂ©ration de l’Ă©tat gĂ©nĂ©ral et d’un faciès Ă©vocateur d’une souffrance intense.

Plastron

Dans certains cas, rares, la pĂ©ritonite ne se diffuse pas Ă  tout l’abdomen et reste localisĂ©e Ă  une petite zone. Elle se confine. C’est le pĂ©ritoine qui, s’agglutinant autour de la zone d’infection, forme une sorte de barrière protectrice. Les douleurs sont donc localisĂ©es et la palpation donne l’impression d’un empâtement sous la peau, le “plastron”. Le traitement demeure le mĂŞme.

Quels dangers ?

L’un des dangers de la pĂ©ritonite, le plus immĂ©diat, est l’apparition d’un choc d’origine septique (infectieux). Autrement dit, d’une baisse brutale de la tension artĂ©rielle avec le risque d’arrĂŞt cardiaque par “dĂ©samorçage” du coeur (le coeur, moins approvisionnĂ© en sang du fait de la baisse de tension, s’arrĂŞte de façon rĂ©flexe). Ce choc est dĂ©clenchĂ© par les toxines libĂ©rĂ©es par les bactĂ©ries libĂ©rĂ©es dans le pĂ©ritoine.

Intervention chirurgicale

L’hospitalisation en urgence est capitale, afin de parer Ă  un Ă©ventuel choc septique. Raison pour laquelle on place le malade en rĂ©animation oĂą il sera mieux surveillĂ© et rĂ©hydratĂ©. L’intervention chirurgicale permet d’identifier le “responsable” (et donc de le traiter), mais aussi de nettoyer le pus qui encombre la cavitĂ© pĂ©ritonĂ©ale. Comme pour toute infection grave, la prescription d’antibiotiques (deux familles d’antibiotiques en gĂ©nĂ©ral) est impĂ©rative. Le temps d’hospitalisation est d’au moins une huitaine de jours. Tout dĂ©pend en rĂ©alitĂ© de l’Ă©tat du malade.

Vous l’aurez compris, la pĂ©ritonite demeure un phĂ©nomène grave s’il n’est pas pris Ă  temps. D’oĂą l’intĂ©rĂŞt de ne pas trop tarder Ă  consulter devant des douleurs abdominales inhabituelles qui rĂ©sistent aux traitements antalgiques.

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