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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’épigénétique

Pour connaître les conséquences de la pollution sur nos enfants

Aurait-on sous-estimé le rôle joué par l'environnement sur la santé? Si l'on en croit les études du docteur Michael Skinner, les produits toxiques présents dans l'environnement seraient une menace non seulement pour les personnes directement exposées, mais aussi pour leur descendance. Les effets environnementaux voyageraient ainsi d'une génération à l'autre. La preuve par l'épigénétique.

Par Thierry Souccar

De nouvelles études montrent que l’environnement joue sur la santé un rôle bien plus important que ce que l’on ne pensait. Jusqu’ici, l’idée prévalait que les produits toxiques de l’environnement ne présentaient de danger que pour les personnes directement exposées. Mais le 3 juin 2005, Michael Skinner* et son équipe de l’université de l’état de Washington (Spokane) ont publié dans le journal Science une étude stupéfiante. Elle montre que des effets toxiques pour la santé peuvent être transmis d’une génération à l’autre, même en l’absence de mutations génétiques. Ces changements transmis de parent à enfant, et même selon Skinner de parent à arrière-petit-enfant, sont dus à des changements chimiques subtils de l’ADN – support du code génétique.

CHANGER D’ATTITUDE ENVERS LES POLLUANTS
Les travaux de Michael Skinner se situent dans un domaine qu’on appelle l’épigénétique. Ils sont la preuve que des effets purement environnementaux peuvent voyager d’une génération à l’autre, même en l’absence de mutation des gènes eux-mêmes. Ces effets peuvent continuer à perturber la santé des générations qui se succèdent et provoquer à chaque génération cancer, diabète, obésité, maladies cardiovasculaires ou maladies mentales. Les cancers dont la population est aujourd’hui victime ne sont pas forcément dus à une susceptibilité génétique, ni même au fait que cette génération a été exposée à une substance toxique. Ils ont pu nous avoir été transmis par nos grands-parents, même si leurs gènes n’avaient subi aucun changement. De la même manière, les retardants de flammes (PBB – Phatalate de Butyle et de Benzyle et PBDE – PolyBromoDiphénylEthers, utilisés pour leurs propriétés ignifugeantes, NDLR) auxquels nous sommes exposés aujourd’hui ne nous rendront peut-être pas malades, alors qu’ils feront des dégâts chez nos enfants et petits-enfants.
L’attitude vis-à-vis des polluants environnementaux pourrait changer. Non seulement des normes plus restrictives pourraient entrer en vigueur, mais voilà que l’on réalise avec une certaine frayeur que des problèmes environnementaux jugés «résolus» ne le sont peut-être pas.

PAS FORCÉMENT DE MUTATION
L’épigénétique nous enseigne qu’une maladie peut passer d’une génération à l’autre sans mutation. La molécule d’ADN a pu simplement recevoir une autre molécule qui s’est attachée à elle, et c’est cette modification subtile qui peut modifier le comportement du gène, sans que le gène lui-même soit changé. De telles influences peuvent être transmises d’une génération à l’autre si elles affectent les spermatozoïdes ou les ovules.

DES EFFETS TOXIQUES TRANSMIS À NOS ENFANTS
De très nombreuses substances de l’environnement semblent capables de provoquer des modifications épigénétiques. Dans l’expérience de Michael Skinner, ce sont deux pesticides qui ont été utilisés : le méthoxychlore, un insecticide organochloré utilisé pour lutter contre les parasites du bétail et des plantes ornementales, des fruits et des légumes, pas utilisé en France (mais utilisé au Canada) et la vinclozoline, un fongicide autorisé en Europe. Ces deux substances sont des perturbateurs endocriniens reconnus. Dans l’étude de Skinner, elles ont reprogrammé le patrimoine génétique des mâles de la première génération si bien que les mâles des générations suivantes ont souffert de troubles de la fertilité. Skinner pense que ses découvertes pourraient expliquer l’augmentation spectaculaire des cas de cancer du sein et de la prostate ces dernières décennies. Cependant, ses études ont jusqu’ici employé des doses très élevées, bien supérieures à celles auxquelles l’homme est chroniquement exposé, mais il conduit aujourd’hui de nouvelles études avec des doses faibles.

* Anway M Skinner M. Epigenetic Transgenerational Actions of Endocrine Disruptors and Male Fertility, Science 2005 (308) : 1466-1469.

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