Les écrans et les enfants : des dangers avérés, des mesures repoussées

Bébé allongé sur un canapé, regarde une tablette numérique avec curiosité et amusement, dans un intérieur lumineux.

S’il y a bien un domaine qui fait consensus, c’est celui des dégâts causés par les écrans sur les enfants en bas âge. Au printemps 2024, plusieurs sociétés savantes (de pédiatrie, de santé publique, de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, d’ophtalmologie…) publiaient dans le journal Le Monde une tribune alarmante pour expliquer à quel point il était dangereux de mettre les enfants devant un écran avant 6 ans et demandaient l’interdiction de cet usage. Jusqu’ici, « pas d’écran avant 3 ans » est le message officiel des autorités sanitaires (sur le carnet de santé). Entre 3 et 6 ans, est préconisé un usage occasionnel, « limité à des contenus de qualité éducative, et accompagné par un adulte ». Or, se basant sur les études les plus récentes, les scientifiques qui ont signé la tribune trouvent que c’est largement insuffisant, car « il est prouvé que les écrans altèrent durablement la santé et les capacités intellectuelles » des enfants de moins de 6 ans. Même les contenus présentés comme « éducatifs » et les technologies d’écran ne sont pas adaptés pour un cerveau en développement. Les effets observés sont nets : retard de langage, troubles de l’attention, troubles de la mémorisation, agitation motrice… Quant à la myopie précoce, elle devient une épidémie. Un rapport d’experts a été remis au Président de la République en avril 2024, préconisant 29 mesures urgentes à mettre en œuvre : interdiction totale d’exposition aux écrans avant 3 ans, usage très limité ou déconseillé des écrans jusqu’à l’âge de 6 ans, pas de téléphone portable avant 11 ans, pas de téléphone connecté à internet avant 13 ans, pas d’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans, interdiction des écrans dans les crèches, les écoles maternelles et les lieux d’accueil de la petite enfance, etc. Emmanuel Macron avait donné un mois au gouvernement pour examiner ces recommandations et agir vite. Un an et demi plus tard, on attend toujours les mesures draconiennes nécessaires pour que les enfants gardent en bon état leurs neurones et leurs synapses. En attendant, faites circuler le message autour de vous : pour avoir des enfants intelligents, dynamiques, curieux et en bonne santé, emmenez-les se balader !

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« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la Covid-19 relève du surréalisme, pas de la science », déclarait Luc Ferry dans L’Express du 30 mars 2020, contredisant ce qu’affirme pourtant la soixantaine de scientifiques du monde entier que Marie-Monique Robin a pu interroger pendant le premier confinement. Son livre La Fabrique des pandémies réunit ces entretiens dans une enquête passionnante qui explique comment la déforestation, l’extension des monocultures, l’élevage industriel et la globalisation favorisent l’émergence et la propagation de nouvelles maladies. Non seulement la pandémie de Sars-CoV-2 était prévisible, mais elle en annonce d’autres.