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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les hémocultures

À pratiquer en cas d’infection sanguine

Des frissons soudains accompagnés de sueurs et d’une poussée de fièvre, un syndrome inflammatoire inexpliqué, une altération de l’état général… Il n’en faut pas beaucoup plus au médecin pour suspecter une septicémie ou une bactériémie et demander des hémocultures, autrement dit un prélèvement de sang dans lequel on va rechercher le germe responsable de cette infection sanguine.

Envahissantes bactéries

Toute infection localisée — on parle de « foyer infectieux » — peut s’accompagner d’une libération dans le sang du germe responsable. C’est ce que les médecins appellent une septicémie, lorsque l’infection sanguine, généralisée, paraît grave ou encore une bactériémie, lorsque l’infection sanguine est plutôt bénigne et bien supportée. Inutile de dire qu’une septicémie peut avoir de graves conséquences. Il importe donc, dans un premier temps, d’identifier à coup sûr le germe (pas facile lorsqu’on ne sait pas où se situe l’infection de départ, qu’on ne peut donc prélever pour une analyse) et d’administrer ensuite l’antibiotique le plus efficace (pas facile non plus lorsqu’on ne connaît pas le germe) pour traiter l’infection sanguine, mais aussi le foyer infectieux responsable. D’où l’intérêt des hémocultures qui permettent de répondre à ces deux questions grâce à une simple prise de sang. Il n’est pas nécessaire d’être à jeun.

Quand faire les hémocultures ?

La réponse est simple : le plus tôt possible ! Il faut prélever le sang avant que les anticorps agissent et avant tout traitement antibiotique, a fortiori peu efficace. Un tel traitement «à l’aveugle» risque en effet de «décapiter» l’infection, mais insuffisamment (elle progresse sournoisement), avec un risque de résistance aux autres antibiotiques utilisés par la suite. En général, on prélève du sang lors d’une poussée de fièvre et de frissons qui signent la présence à ce moment précis d’un passage des germes dans le sang (raison pour laquelle on peut être amené à prendre la température d’un patient toutes les 3 heures). On considère que 3 à 6 prélèvements en 24 heures sont suffisants pour espérer mettre le germe en évidence. Les prélèvements sont transmis au laboratoire dans des flacons conservés à 37 °C.

Foyers infectieux les plus fréquents

• Plaie cutanée (staphylocoques, streptocoques).
• Infection d’une valvule cardiaque, ou endocardite (streptocoques surtout).
• Lymphangite (brucella, salmonella).

Culture traditionnelle…

De façon habituelle, le sang prélevé va être mis en «culture» dans des milieux favorables au développement des bactéries. En clair, il s’agit de faire pousser et proliférer le germe responsable afin de mieux l’identifier au microscope (le technicien du laboratoire utilise des colorants spécifiques). On parle de «colonies bactériennes». Il y en a plusieurs centaines de milliers, et il est certainement plus facile de retrouver une aiguille dans une botte de foin ! L’hémoculture est dite «positive» lorsque des colonies poussent. En général, 1 à 3 jours sont nécessaires pour que la bactérie se multiplie. En pratique, les prélèvements sont donc examinés chaque jour. Attention, certains germes poussent beaucoup plus lentement : brucella (4 semaines), spirochètes (3 mois), bacille de la tuberculose (deux mois), d’où l’intérêt de ne pas se satisfaire d’une hémoculture «négative» (absence de colonies) au bout de trois jours simplement lorsque l’on suspecte une brucellose, une spirochétose (leptospirose) ou une tuberculose. Les flacons sont donc conservés au moins quinze jours et plus si nécessaire.

… et nouvelles techniques

À côté de cette méthode traditionnelle de culture qui a fait ses preuves, de nouvelles techniques permettent désormais des diagnostics plus rapides avec l’utilisation de systèmes dits «semi-automatiques» qui accélèrent la prolifération des bactéries en agissant sur les milieux favorables à leur croissance. D’autres appareils réagissent aux émissions de CO2 libéré par les bactéries et peuvent raccourcir à 3 ou 4 heures les délais de résultat. On peut aussi «concentrer» le peu de bactéries présentes dans le sang avant l’ensemencement dans le milieu de culture, d’où un gain de temps, appréciable lorsqu’il s’agit de la recherche de bactéries à croissance lente. En matière de délai, tout dépend donc du laboratoire qui effectue l’analyse.

Antibiogramme

Lorsque plusieurs hémocultures sont positives avec la même bactérie, l’infection sanguine est prouvée et le germe, identifié. Reste à déterminer l’antibiotique le plus efficace. L’hémoculture peut donc être complétée, ou non, par un antibiogramme qui consiste à déposer des colonies de bactéries au milieu d’antibiotiques différents, à des concentrations croissantes, et de constater lequel est le plus efficace, et en quelle quantité. L’antibiogramme n’est pas systématique, car pas toujours indispensable.

Cas particuliers

Une seule hémoculture est positive. On estime qu’il s’agit d’une souillure au moment du prélèvement (peau mal désinfectée, erreur de manipulation…).
Toutes les hémocultures sont négatives. La septicémie est peu probable, mais ne peut être éliminée formellement. De nombreuses causes peuvent expliquer ce « faux négatif » : traitement antibiotique prescrit «à l’aveugle» avant les hémocultures, germe à croissance lente, prélèvement tardif, choix d’un milieu de culture inadapté, libération bactérienne sanguine insuffisante, quantité de sang insuffisante pour ensemencer les milieux de cultures, temps d’observation trop court…
Les hémocultures montrent plusieurs germes. C’est possible dans les situations où existe une immunodépression : leucémie, cancer, sida…

Efficacité du traitement

L’efficacité du traitement se traduit par une disparition de la fièvre et des symptômes septicémiques ainsi que par l’amélioration de l’état du malade. De nouvelles hémocultures pratiquées après l’antibiothérapie s’avèrent négatives.

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