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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Procès Pinar Selek : victoire d’étape après un 4e acquittement

Les lecteurs fidèles de Rebelle-Santé connaissent bien Pinar Selek, qui écrit dans le journal depuis huit mois et vit en exil en France depuis 2010. Pour les autres, rappelons que cette jeune femme, sociologue, écrivaine et militante, a dû quitter sa Turquie natale, victime d’un véritable harcèlement judiciaire tissé autour d’une accusation de terrorisme.

Pinar Selek défend les droits humains et la dignité humaine qui sont des versants essentiels de la santé de l’Etre. Très tôt, elle a soutenu des enfants des rues, des prostituées, des tziganes… Puis, surtout, elle a mené des recherches sur le PKK (1) pour comprendre les racines de la violence. Elle a été arrêtée en 1998, accusée de complicité avec le PKK, puis torturée afin de lui arracher le nom de ses contacts kurdes. Pinar ne donnera aucun nom, mais sera écrouée pendant 2 ans et demi.

Les griffes de la justice

En parallèle, c’est une machine judiciaire infernale qui se met en place. Pinar Selek se retrouve accusée d’avoir posé une bombe au marché aux épices d’Istanbul. Des experts indépendants montrent rapidement que les accusations sont sans fondement. Mais le feuilleton judiciaire va se poursuivre. À trois reprises, elle est acquittée, en 2006, 2008 et 2011, et à chaque fois le procureur fait appel de la décision, relançant la procédure. En 2013, cette fois, la cour la condamne à perpétuité, sans preuve, ni élément nouveau. Le déni de justice est criant et les avocats font appel. La cour de cassation annule la décision en juin 2014. Tout repart à zéro. Le 5 octobre 2014, une nouvelle cour entérine l’annulation de la condamnation, lève le mandat d’arrêt et donne rendez-vous deux mois plus tard pour recueillir les nouvelles demandes du procureur. Contre toute attente et sans aucun nouvel élément, il réclame à nouveau la perpétuité.
Les avocats de Pinar ont alors clairement appelé le soutien d’observateurs internationaux, lors de leurs plaidoiries, pour limiter les dérives judiciaires. C’est ainsi que le 19 décembre dernier, une partie de l’équipe de Rebelle-Santé s’est retrouvée à Istanbul en compagnie des membres du comité de soutien de Pinar Selek pour assister au cinquième procès de l’affaire. Avant l’ouverture de l’audience, au pied de l’écrasant palais de justice – le plus grand d’Europe – pancartes françaises, banderoles turques et affichettes allemandes se mélangent pour réclamer la même chose : une véritable justice pour Pinar Selek.

Les plaidoiries

Dans la salle, l’audience commence. Elle est consacrée aux plaidoiries de la défense devant un nouveau jury. On repère une trentaine d’avocats, avec leur robe noire à col bordeaux. Ils soutiennent bénévolement la cause de Pinar depuis de longues années. Puis le premier défenseur prend la parole. Il fait le tour des irrégularités qui ont émaillé ces années de procédure, comme le cas du seul témoin à charge qui, en réalité, a raconté sous la torture avoir préparé la bombe avec Pinar… avant de se rétracter. Le procureur, lui, reste impassible.
Vient le tour de Me Erdogan, spécialiste des bombes et attentats. Il met en lumière les contradictions des différents rapports de police. Puis photos et schémas à l’appui, il démontre clairement que la déflagration ne pouvait être due qu’à une explosion accidentelle de gaz. À ce stade, la question qu’on se pose est de savoir si les juges sont indépendants ou sous influence, car la démonstration de la défense est implacable. Enfin, le père de Pinar, avocat également, prend rapidement la parole avant de laisser la place à Maître Bahri Belen qui évoquera la Cour Européenne des Droits de l’Homme et comparera ce procès à l’affaire Dreyfus…

Soulagement

Après une courte délibération, le verdict tombe : Pinar Selek est acquittée ! Dans la salle, c’est l’euphorie : cris, embrassades et larmes de joie. Pour certains, ce sont des mois de tension qui se libèrent.
Mais l’affaire n’est pas close. Le procureur a fait appel de l’acquittement quelques jours après le verdict. C’est désormais la cour de cassation qui doit se prononcer (dans un délai maximal d’un an) avec un collège de magistrats, pas vraiment réputés pour leur indépendance. Ensuite, le dernier recours sera la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Et une juridiction extérieure à la Turquie devrait enfin rendre définitivement justice à Pinar Selek.

(1) Le PKK est le Parti des Travailleurs du Kurdistan. En opposition avec la Turquie depuis 1984, il demande plus d’autonomie pour la région kurde.

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