Traité d’écologie intensive
Selon le principe de Francis Bacon, philosophe anglais du XVIe siècle, il faut «obéir à la nature tout en lui commandant». Autrement dit, pour éviter le pire face à la croissance démographique et la dégradation progressive de la biosphère, il faut changer notre manière de penser la nature, en arrêtant de systématiquement opposer nature et société humaine. De la même manière qu’on parle d’anthropocène pour qualifier l’empreinte humaine de la révolution géologique et climatique depuis l’invention de la machine à vapeur, Michel Griffon, ingénieur agronome et économiste, propose de parler d’anthropobiosphère pour concevoir l’état actuel de la nature entièrement colonisée et impactée par notre espèce.
À l’avenir, pour lutter contre l’appauvrissement des sols et les défrichements, il est donc nécessaire de limiter les intrants chimiques et les énergies fossiles, de recycler en créant des stocks, tout en intensifiant les processus naturels par le développement de l’agroécologie sous toutes ses formes. C’est tout l’objectif de l’écologie intensive. «L’intensification écologique n’obéit pas à la loi du toujours plus. Elle cherche à produire raisonnablement plus, là où c’est raisonnablement nécessaire pour les populations, en respectant les lois écologiques de la viabilité. Au-delà de ces lois, produire plus, c’est polluer et risquer la destruction d’un écosystème» écrit Michel Griffon, qui développe dans ce passionnant essai les enjeux d’une vraie économie écologique en s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes et de leurs principes de résilience pour réguler nos activités économiques. Un traité scientifique et philosophique nécessaire pour amorcer la transition et enrayer la crise environnementale planétaire qui entraîne pauvreté, famine, déplacement de populations, guerre et insécurité. Édifiant.
- Écologie intensive – La nature, un modèle pour l’agriculture et la société. Michel Griffon. Éditions Buchet-Chastel – 256 pages – 14 x 20,5 cm – 20 €
Retour au sommaire de Rebelle-Santé n° 200