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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Une réserve animalière dans votre jardin

Joignez l’utile à l’agréable pour protéger la santé de vos plantes : créez une réserve animalière dans votre jardin et faites un safari inédit cet été!

Chaque année le cortège des petites ou grandes déceptions revient : les chenilles ont dévoré les choux, les pucerons font un manchon gluant autour des fèves, les larves de taupins réduisent à néant les semis ou les plantations… On se surprend presque, parfois, à envier les jardiniers qui d’un coup de produit magique…, euh …, chimique, semblent résoudre le problème ! Les jardiniers bio ont pourtant eux aussi une solution magique. Elle demande un peu de méthode, de patience mais, gros avantage, elle est durable et naturelle !
Pour réussir, convoquez vos talents de zoologiste. Au programme : repérage, reconnaissance de bestioles en tout genre y compris les auteurs des dégâts, gestion des populations présentes, introduction et élevage de bestioles utiles ; et, pour les plus doués d’entre vous, nuits blanches garanties pour mettre à jour le carnet rose, car les naissances seront nombreuses !

PETIT LEXIQUE
> Les tipules sont des diptères bien connus. Ils ressemblent à des moustiques, mais ne piquent pas : ce sont les cousins. Les adultes se nourrissent d’eau et de sève coulant des plantes blessées. Les larves, par contre, cylindriques sans pattes et de couleur brun sale, apprécient les racines et autres déchets végétaux. Les tipules préfèrent les zones herbacées (pelouse, prairie, jachère, ou planche de légumes à feuillage abondant).
> La fumagine, maladie fongique opportuniste, est une moisissure noire qui se développe sur les excréments sucrés (miellat) produits par des insectes piqueurs (pucerons, aleurodes…).
Le champignon responsable est Capnodium oleaginum ou Fumago salicina. Son développement empêche la photosynthèse et affaiblit la plante. Pour intervenir : éradication des insectes, nettoyage des parties couvertes de mycélium, ou suppression des organes si l’attaque est trop forte.

LES RAVAGEURS DE PLANTES
Ce sont tous les animaux et organismes microscopiques qui provoquent des dégâts sur les plantes. Ils nous semblent nombreux, mais il ne s’agit bien là que d’une impression. La plupart des animaux que nous rencontrons au jardin sont indifférents ou, mieux, bénéfiques : pollinisateurs, recycleurs de déchets divers, transporteurs de substances, modeleurs de la structure du sol, nourriture pour d’autres espèces et enfin consommateurs eux-mêmes. C’est dans ce rôle d’auxiliaire que le jardinier bio va les valoriser. La réalisation d’un inventaire suppose un minimum de classement, difficile à faire ici !
Pourquoi ? Certains sont à la fois utiles et nuisibles. Tout dépend de la saison, des paramètres climatiques, du développement et de la nature des plantes : les perce-oreille causent de gros dégâts aux fleurs de dahlia, mais se nourrissent de pucerons. Dans leur cycle de vie, les mésanges consomment d’énormes quantités de chenilles au printemps, mais il faut partager avec elles quelques fruits de l’été !
Le classement en fonction des parties de la plante consommées est une entrée possible, mais qui n’est pas non plus exclusive : des insectes réputés consommateurs de feuilles peuvent, selon les circonstances, s’attaquer aux tiges et les suceurs de sève ne dédaignent pas les racines… Donc, mieux vaut être observateur et savoir bien faire la différence entre la présence de ravageurs et une invasion!

LES RAVAGEURS DE RACINES
Ils peuvent aussi s’attaquer aux pousses à ras de terre. Ce sont essentiellement des larves d’insectes : vers gris ou chenilles de certains papillons, larves de coléoptères comme celles du hanneton (vers blancs), du charançon, du taupin (vers fil de fer), des tipules (voir lexique), petites larves de la mouche des racines du chou, de la mouche de la carotte et différentes espèces de nématodes.

LES RAVAGEURS SUCEURS DE SÈVE
Les incontournables pucerons, les aleurodes, les araignées rouges et leurs nombreux collègues acariens en font partie. Ils provoquent un affaiblissement de la plante, peuvent lui transmettre des virus. Les plaies qu’ils occasionnent sont une porte ouverte aux bactéries et leurs déchets (miellat) constituent un véritable milieu de culture pour divers champignons, dont le plus connu est la fumagine (voir lexique).

LES RAVAGEURS DES FEUILLES ET DES TIGES
Les plus nombreux et sans doute les plus repérables : adultes et larves s’attaquent à ce mets de choix, surtout s’il est jeune et tendre ! On y trouve les papillons et leurs chenilles, les coléoptères adultes et leurs larves, les chenilles d’hoplocampes, les punaises, les larves mineuses de feuilles qui se développent à partir des oeufs pondus par des lépidoptères ou des mouches. Certains oiseaux, mammifères et bien sûr tout le petit peuple des escargots et des limaces apprécient également le feuillage.

LES RAVAGEURS DES FLEURS
Au-delà de l’esthétique, leurs dégâts peuvent compromettre la fructification. Les plus connus sont : le perce-oreille, le psylle sur pommiers et poiriers et l’anthonome du pommier et le méligèthe qui se nourrissent tous les deux directement de boutons floraux et de fleurs réduisant parfois considérablement la production.

LES RAVAGEURS DES FRUITS
Ce sont les chenilles de certains lépidoptères ou d’hoplocampes, les larves de mouches (mouche de la cerise) ou de coléoptère. Les guêpes et les oiseaux provoquent des dégâts plus restreints.

LES RAVAGEURS GALLIGÈNES
Les dommages sont impressionnants, mais, au final, les galles provoquées essentiellement par des larves de mouches, d’hyménoptères ou par des acariens ne gênent pas le développement de la plante, pas plus que la galle du chêne ou le bédégar ne gênent le rosier et l’églantier. La présence de ces galles peut indiquer une infection bactérienne ou virale. Parfois même l’insecte responsable transmet un virus qui, lui, risque de compromettre les récoltes ; c’est le cas du phytopte qui provoque des boursouflures sur les arbustes à baies, et parfois inocule un virus sur le cassissier.

LES RAVAGEURS OPPORTUNISTES
Bien sûr, tout affaiblissement de la plante constitue pour eux un terrain de prédilection, d’où la nécessité de renforcer les défenses des végétaux en leur offrant des conditions de vie optimales et en utilisant des infusions de plantes (prêles, algues).

D’ABORD SOIGNER LE TERRAIN
En jardinage biologique et surtout en jardinage bio-dynamique, comme en homéopathie, on considère que la présence excessive de ravageurs est l’expression d’un déséquilibre dans l’environnement de la plante. Il faut donc pratiquer un jardinage propice à l’équilibre global du lieu :
– un sol aéré, riche en matière organique et en vie microbienne
– un compostage efficace pour éliminer les risques de contaminations par des végétaux malades
– des plantes saines, adaptées
– une rotation des cultures bien organisée
– le respect des périodes de semis, des plantations et des conditions climatiques
– une alimentation hydrominérale équilibrée (pas d’excès d’azote et d’eau)
– la pratique des associations bénéfiques
– la diversité des cultures.
Voilà pour l’essentiel. Insistons sur l’aspect “prévention” qui est crucial pour limiter les risques liés aux ravageurs.

ENSUITE, LES AUXILIAIRES ENTRENT EN ACTION
Soyons clair, il ne s’agit pas de se débarrasser totalement des ravageurs, mais de ramener leur population à un seuil acceptable. Une des solutions est la lutte biologique avec des prédateurs ou parasites qui sont en grande partie des insectes, mais aussi avec des bactéries (Bacillus thuringiensis), des virus (comme le virus de la granulose utilisé contre le carpocapse du pommier), des champignons (comme les champignons du genre Beauveria utilisés dans la lutte contre le carpocapse des pommes, contre le hanneton ou le doryphore), des oiseaux, des batraciens, des mammifères…

DE LA BONNE UTILISATION DES AUXILIAIRES
Inutile d’envisager ce mode de lutte si vous n’êtes pas décidé à abandonner totalement les applications de produits chimiques de synthèse et de certains produits insecticides autorisés en agriculture biologique comme les pyrèthres, la roténone, les savons insecticides ; en effet, aucun d’entre eux n’est sélectif et tous les insectes, y compris les auxiliaires, en sont victimes.
Il en va de même pour le piégeage à n’utiliser que pour repérer les populations en début de saison. Pour que la population des prédateurs se maintienne, puis se développe, il faut un nombre minimum de ravageurs présents, donc patience pour déclencher les opérations ; inutile de faire mourir de faim les précieuses larves de coccinelles que vous venez d’acheter ; les conditions de température, d’humidité de l’air, de ventilation… doivent aussi convenir. Une bonne observation permettra d’identifier correctement le ravageur, préalable indispensable car, dans la plupart des cas, l’auxiliaire est spécifique et ne s’attaque qu’à une espèce précise de ravageur. Par contre, il est tout à fait possible de faire cohabiter différents auxiliaires pour faire face à plusieurs types de ravageurs.
Pour pratiquer efficacement la lutte biologique, mieux vaut savoir qui inviter au jardin et comment accueillir vos invités. Parfois, et heureusement, les cartons d’invitation ne sont même pas nécessaires, il suffit d’installer en abondance des plantes mellifères pour attirer les insectes, de nourrir les oiseaux, d’offrir un abri aux batraciens et aux hérissons ; bref, de faire du vrai jardinage biologique pour que s’installent des espèces régulatrices.

COMMENT LES INTRODUIRE?
Introduire des auxiliaires dans son jardin peut permettre de renforcer un effectif existant, mais pas encore suffisant, comme souvent en début de saison : il s’agit alors d’un lâcher inoculatif qui évitera une invasion. Autrement, le lâcher inondatif est utilisé comme un traitement. Dans tous les cas, suivre le mode d’emploi est impératif.
=> Les nématodes sont épandus avec l’eau d’arrosage et sont d’autant plus efficaces que le sol est humide ; une dose contenant 6 millions de nématodes pour traiter 10 m² ou 400 litres de terreau coûte environ 20 euros.
=> Le plus souvent, les coccinelles proposées à la vente (Adalia bipunctata) sont des coccinelles à deux points que l’on trouve de manière naturelle en France et en Europe. Introduisez-les entre fin avril et août. Vendues par boîte de 20 adultes ou de 80 larves, il faut compter entre 15 et 25 euros.
Larves ou adultes, comment choisir?
Les adultes, faciles à utiliser, sont très mobiles, ce qui ne garantit pas qu’ils restent dans votre jardin. Il faut absolument qu’ils pondent pour assurer une bonne dynamique à la population. L’application des larves demande du temps, mais elles resteront au moins 1 mois sur la plante avant de devenir adulte et de s’envoler. À raison d’une cinquantaine de pucerons ingérés par jour, prévoyez 2 ou 3 larves par arbuste infesté et 1 ou 2 adultes par massif. Pensez à créer des conditions favorables à la ponte et à l’hivernage pour maintenir votre population (tas de bois, d’écorce, de pierre, muret, cave et grenier sont d’excellents refuges pour l’hiver).
=> Chrysopes : l’élevage et la commercialisation de cet auxiliaire sont bien plus récents que ceux des coccinelles, ce qui explique un peu son coût plus élevé : de 20 à 25 euros pour protéger entre 20 et 50 m² de jardin. Les chrysopes sont vendus sous forme de bandelettes sur lesquelles sont accrochés des oeufs qui ont été pondus 2 à 4 jours avant l’expédition, ou sous forme de petite cellule individuelle abritant chacune une larve (Chrysoperla carnea). Quelle que soit la forme, le colis doit être récupéré et les oeufs ou larves introduits dans le jardin au plus vite. En général, l’envoi est accompagné d’une notice claire ; avec 250 à 300 oeufs, on peut envisager de protéger environ 20 m². Le cycle larvaire dure 1 mois au cours duquel chaque larve consomme une moyenne de 60 pucerons/jour. Point important : pour garantir l’efficacité des chrysopes, il faut réduire de façon draconienne les populations de fourmis. Faire de la lutte biologique, c’est un investissement sur le long terme qu’il faut savoir gérer ; les adultes, même s’ils ne sont pas prédateurs, doivent être bichonnés, car ils vont pondre à nouveau (2 à 4 générations par an). Ils se nourrissent de pollen, de nectar et de miellat, et pour maintenir la population, il est essentiel de leur fournir un abri pour l’hiver (il existe des modèles d’abri en kit qui ont fait leurs preuves).

PETIT CLIN D’ŒIL DES VERS DE TERRE
Des biologistes ont constaté que, dans des cultures de riz infestées de nématodes, les plantes compensaient d’autant mieux les dégâts dus aux ravageurs qu’il y avait une forte présence de vers de terre ! Toutes les vérifications du phénomène étant faites, les chercheurs travaillent actuellement sur diverses hypothèses explicatives. Affaire à suivre!

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