Julien Sfeir, la musique comme remède

Julien Sfeir est pharmacien et musicien. Une double casquette originale, qu’il revêt pour évoquer des faits de société à travers sa musique. Avec son nouveau single « Je jette des boîtes », il dénonce le gaspillage de médicaments en France. Rencontre avec ce provocateur assumé qui aborde les sujets qui fâchent avec une bonne dose d’humour.
Envoyer des médicaments au Liban. C’est la seule chose que Julien Sfeir a en tête en 2020. Alors qu’en France, nous sommes en pleine crise du covid-19, au Liban, pays d’où sa famille est originaire, une crise économique et politique s’ajoute à la crise sanitaire internationale. Sur place, ils sont une majorité à ne plus pouvoir se soigner du tout. Les médicaments ont atteint des prix démentiels et encore, c’est quand on peut en trouver. En tant que pharmacien, Julien Sfeir veut « faire sa part ». Il contacte l’ARS (agence régionale de santé), le ministère de la Santé ou encore l’inspection des pharmacies pour obtenir le droit de réunir des médicaments et de les envoyer ensuite au Liban. Tous lui répondent la même chose : non, ce n’est pas possible. Depuis le 1er janvier 2009, la loi interdit la redistribution humanitaire des Médicaments Non Utilisés (MNU). Elle n’a pas été mise en place arbitrairement, mais suite à un rapport de l’inspection des affaires sociales (IGAS) et à la préconisation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « La loi vise à protéger les malades des mésusages qui pourraient les mettre en danger et éviter tout trafic de médicaments. Il y a aussi le problème des dates de péremption courtes. Ça, je l’entends tout à fait« , convient Julien Sfeir.
PRÉCISION
Depuis le 1er janvier 2009, la loi interdit l’utilisation des médicaments non utilisés à des fins humanitaires. Des médicaments sont bien envoyés à d’autres pays par la France, mais cela est réalisé par un « établissement pharmaceutique de distribution en gros à vocation humanitaire soumis au respect des bonnes pratiques de dons de médicaments » et ce sont uniquement des médicaments neufs qui proviennent directement de l’industrie pharmaceutique (article R5124-63-1 du Code de la Santé Publique).
Faire sa part
Il n’empêche que Julien Sfeir est frustré. Dans la pharmacie où il travaille à Angers, les clients défilent pour lui rapporter des boîtes de médicaments quasiment pleines, qu’il est ensuite contraint de jeter systématiquement. Julien Sfeir ne peut pas rester les bras croisés, il ne se voit pas laisser les Libanais sans solution. Une partie de sa famille, qui vit là-bas, lui raconte l’ampleur du désastre. Il décide donc de trouver un moyen d’agir quand même en utilisant sa plus belle arme : la musique. C’est ainsi que naît la chanson Je jette des boîtes le 12 février 2024. Elle est publiée sur Youtube accompagnée d’un clip, réalisé par Johan Neveu, dans lequel il a convié des étudiants en fac de pharmacie et où on le voit porter une veste originale faite de boîtes de médicaments vides, créée par la couturière Françoise Simonneau. Son but ? Dénoncer le gaspillage des médicaments en France en utilisant l’humour. « Je ne pointe personne, ce n’est pas pour dire à qui est la faute, mais tout simplement pour attirer l’attention sur cette problématique qui persiste. » La proposition artistique est originale, les paroles restent en tête. « Encore un sac plein, un sac qu’on me ramène, c’est le vingtième sac, en même pas une semaine. Alors qu’il y en a des millions pour qui ça pourrait changer la vie, si tu veux mon avis, ils s’en tapent ici. Et moi je jette des boîtes, je jette des boîtes, je jette des boîtes…«
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