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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le NeuroGel

Nouvel espoir pour des milliers de tétraplégiques et paraplégiques du monde entier, le NeuroGel, un biomatériau synthétique, permettrait de refaire marcher les blessés médullaires porteurs de lésions anciennes, si l'on en croît son inventeur.

Pourtant, et malgré le sérieux apparent des études pratiquées, le NeuroGel continue de susciter la méfiance d’une partie de la communauté scientifique.

NeuroGel !
À l’évocation de ce mot, somme toute assez banal, des portes se ferment, des propos incendiaires et autres fins de non-recevoir téléphoniques fleurissent. Ce produit est l’objet d’une polémique au sein de la communauté scientifique, et notamment des spécialistes de la moelle épinière. Selon son concepteur, le Docteur Woerly, 49 ans, médecin diplômé de l’Université de Strasbourg, Docteur en Neurobiologie, diplômé de neurochimie et neurochirurgien expérimental, le NeuroGel permettrait de faire remarcher des paraplégiques et des tétraplégiques atteints de lésions anciennes de la moelle, comme semblent l’indiquer les expériences déjà pratiquées sur des chats et des rats, et qui remarchent après des sections et des compressions volontaires de leur moelle épinière. Faire remarcher un tétraplégique ! Cette “quête du Graal” agite de nombreuses équipes de chercheurs à travers le monde entier.

Le tétraplégique emblématique qu’est Christopher Reeves, Superman au grand écran, et infortuné cavalier en mai 1995, a suscité un battage médiatique sans précédent, relançant bien involontairement aux Etats-Unis des recherches qui stagnaient depuis plusieurs années. Nul doute que celui qui fera remarcher Superman aura une consécration planétaire ! Car la tétraplégie fait peur. C’est très certainement le handicap le plus redouté au monde, synonyme d’emprisonnement à perpétuité dans un carcan de chair dont nul n’est vraiment sorti pour l’instant.

Personne n’est à l’abri d’un chien qui traverse une route devant la voiture ou d’une mauvaise chute dans les escaliers. Chaque année en effet, 2 000 nouvelles victimes viennent grossir les rangs des blessés de la moelle épinière. C’est donc l’affaire de tous. Mais un espoir existe peut-être. Parmi les 50 000 blessés médullaires français (6 millions de par le monde !), nombreux sont ceux déjà qui voient dans le NeuroGel la fin de leur calvaire. Malheureusement, le NeuroGel reste bloqué à la case départ. Aucun essai clinique chez l’Homme en vue pour l’instant, malgré l’avancement des études. En cause notamment le scepticisme, voire l’opposition de certains scientifiques français et la complexité des procédures d’expertise françaises.

DES ENJEUX IMMENSES
Les enjeux autour du NeuroGel sont financiers et dépassent de beaucoup l’efficacité thérapeutique en tant que telle sur les blessés médullaires. En effet, selon l’association “Neurogel en marche”, le coût social de cette pathologie est évalué à 4 milliards d’euros. Un tétraplégique réclame de nombreux soins et une assistance permanente.
Les conséquences pourraient être aussi importantes pour la recherche française, dans le contexte actuel du projet de gel de 30 % des crédits du budget du Ministère de la Recherche.

En effet, la réussite d’un tel produit (que l’on ne peut que souhaiter eu égard à la souffrance quotidienne des intéressés) rendrait alors bien ternes les programmes de recherche sur les lésions médullaires qui utilisent notamment les cellules souches ou encore les greffes d’oligodendrocytes (variété de cellule cérébrale spécialisée dans la remyélinisation des neurones), de cellules productrices de sérotonine (neurotransmetteur), de cellules embryonnaires ou de bulbe olfactif. Sans parler des implications d’une telle découverte sur les orientations futures de la recherche en neurologie.
Selon le Docteur Woerly en effet, les applications de ce polymère seraient multiples “le NeuroGel pourrait concerner certains accidents vasculaires cérébraux, les cancers cérébraux ou médullaires dans la phase de reconstruction chirurgicale, la sclérose en plaque (S.E.P) si l’on combine le NeuroGel avec des cellules myélinisantes, la maladie de Parkinson si on ajoute des cellules sécrétrices de dopamine, les lésions congénitales de la moelle épinière, comme le spina-bifida, ou encore les tumeurs ou lésions du nerf optique. La démonstration de l’efficacité clinique du NeuroGel provoquerait une véritable explosion en médecine, dans les biomatériaux et dans la chirurgie de reconstruction du système nerveux“.

FICHE TECHNIQUE
Le NeuroGel, au nom scientifique de poly(N-(2-hydroxypropyl) méthacrylamide) ou P.H.P.M.A, est un hydrogel hétérogène, et plus exactement un hydrogel biocompatible, c’est-à-dire qui ne détermine pas de réaction de rejet par l’organisme. Il n’est pas non plus mutagène (pas cancérogène). Sa viscosité, similaire à celle du cerveau, et sa structure poreuse (un gramme de gel étalé recouvrirait plusieurs centaines de mètres carrés de surface plane !) en réseau propice à la repousse des axones (longs filaments issus des axones qui permettent la conduite des influx nerveux) et des vaisseaux en font une sorte de passerelle, un pont dans lequel les neurones peuvent repousser. Les cellules épousent parfaitement la géométrie du polymère. Son élasticité lui permet de ne pas offrir de résistance à la croissance cellulaire.
Bioadhésif, c’est-à-dire adhérant parfaitement à la moelle épinière, le NeuroGel se présente sous la forme conditionnée d’un cylindre de 4 cm de long, pour un diamètre de 1,5 cm. Il pèse 10 g et est constitué de 96 % d’eau. Le NeuroGel a également l’avantage d’être hémostatique, autrement dit de limiter les saignements, propriété essentielle dans l’optique d’une intervention chirurgicale, quand on sait que les hémorragies médullaires favorisent justement la formation de cicatrice fibreuse. Enfin le NeuroGel, synthétique, ne peut donc véhiculer les maladies infectieuses telles que le SIDA, les hépatites, l’herpès ou encore la maladie de CREUTZFELDT-JAKOB. Risques toujours possibles avec les techniques utilisant des produits vivants.

LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE, EN BREF
La moelle épinière est une sorte de câble, situé au milieu de la colonne vertébrale, véhiculant les influx nerveux du cerveau vers le corps et permettant la contraction des muscles, autrement dit leur contrôle, mais aussi la sensibilité. Toute section de la moelle ou compression durable, mécanisme “lésionnel” le plus fréquent (accidents de voiture, coup du lapin etc…), va donc avoir pour conséquence de rendre inutilisables les muscles concernés, sous le niveau de la lésion. Les nerfs et les muscles restent fonctionnels, mais ne peuvent être stimulés, car déconnectés du cerveau. Une lésion au niveau lombaire ou dorsal peut donc rendre paraplégique (on ne peut plus bouger les jambes, voire contrôler la vessie, avoir des érections etc…). Au niveau cervical, s’ajoute aux handicaps précédents l’impossibilité de bouger les bras.

Certaines lésions cervicales très haut situées peuvent même s’avérer fatales. D’une façon générale, les lésions médullaires sont irréversibles. C’est la cicatrice à l’endroit de la lésion qui pose problème, en empêchant la repousse des axones, qui restent pourtant viables en périphérie de la lésion. Précisons que, même lorsque la locomotion est interrompue depuis longtemps, les zones cérébrales locomotrices incriminées restent fonctionnelles, au moins 5 ans après la section médullaire. Selon des spécialistes américains, si les zones cérébrales locomotrices s’avéraient insuffisantes ou absentes, “il serait toujours possible d’implanter des neuroprothèses destinées à recréer une activité motrice volontaire complexe en temps réel chez des paralysés”. Une bonne nouvelle pour les blessés médullaires “anciens”.

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