Le bleuet pour vos beaux yeux

Comme le coquelicot, cette jolie centaurée bleue a longtemps colonisé les champs de céréales... Le coquelicot apaise la nervosité, le bleuet soulage les yeux fatigués.
De son nom latin Centaurea cyanus, le bleuet était la fleur préférée de ma mère qui adorait son odeur d’abricot. Dans mon enfance, il poussait en nombre au bord des champs à côté des coquelicots. Les herbicides l’ont peu à peu fait disparaître… Les coquelicots aussi ont subi des attaques massives, mais regagnent aujourd’hui du terrain. Pourvu que les bleuets prennent le même chemin ! S’il m’est arrivé de recroiser quelques bleuets sur ma route, jamais je n’ai retrouvé cette odeur de mon enfance que m’avait fait découvrir ma mère. L’ai-je imaginée ?
Le « casse-lunettes »
Très utilisé dans les collyres pour les yeux, le bleuet des champs est surnommé « casse-lunettes » dans les campagnes. Il est recommandé quand on a les yeux fatigués, mais aussi en cas de conjonctivite ou d’orgelet. Ce sont les fleurs que l’on emploie.
- Mettez-en une dizaine au fond d’une tasse, couvrez d’eau bouillante et laissez infuser 10 minutes puis filtrez avec un linge fin.
Quand l’infusion a refroidi, faites des bains d’yeux.
Pour le Dr Leclerc, grand phytothérapeute du début du XXe siècle, cela conviendrait particulièrement aux yeux bleus (et il préférait le plantain pour les yeux plus foncés).
Un bon diurétique
Les fleurs de bleuet ont longtemps été employées pour leurs vertus diurétiques et en cas de rhumatismes. On les faisait pour cela macérer dans la bière.
- Mais on peut également préparer les fleurs de bleuet en infusion à raison de 40 g par litre d’eau, en laissant infuser 20 minutes.
L’abbé Fournier conseillait une tasse avant chaque repas en cas de maladies de peau, de toux, et le bleuet est aussi excellent contre la rétention d’eau.
La fleur du 11 novembre
Symbole d’espoir, le bleuet est devenu la « fleur du souvenir » des anciens combattants de la première guerre qui le portaient au revers de leur veste. En Angleterre, on a fait la même chose avec le coquelicot. Les deux fleurs ont eu en commun de continuer à pousser sur les champs ravagés par la guerre. Le bleuet de France, cette petite fleur en tissu vendue chaque année pour l’anniversaire de l’armistice, est un insigne créé en 1925 à l’initiative de deux infirmières, Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt, pour récolter des fonds destinés aux mutilés de la Grande Guerre. Ce sont les pensionnaires des Invalides qui les faisaient eux-mêmes. La tradition perdure. Aujourd’hui, les bleuets sont fabriqués par des personnes en situation de handicap et les fonds utilisés par l’office national des anciens combattants.