Où acheter ses cosmétiques bio ?

Supermarchés, magasins bio, pharmacies, Internet… Est-ce le « même bio », de même qualité, dans tous les réseaux de distribution ? Tous les cosmétiques biologiques se valent-ils ?

Oui, ce sont les mêmes labels et les mêmes critères. Mais… il y a bio (bon, qualitatif) et bio tout juste bio, et on peut savoir comment choisir le meilleur… partout !

Selon une enquête du site Internet de L’Observatoire des Cosmétiques*, 66 % des consommateurs déclarent acheter leurs cosmétiques biologiques en magasins bio, 55 % les choisissent aussi en pharmacies et parapharmacies, 47 % sur Internet et seulement 36 % en supermarchés.

Si les magasins bio bénéficient ainsi de leur légitimité et de leur positionnement de pionniers dans la distribution des cosmétiques biologiques, leur prédominance est-elle encore justifiée aujourd’hui ? L’offre bio s’est en effet généralisée et démocratisée, et on en trouve maintenant dans tous les réseaux de distribution. Mais est-ce le même bio partout ?

Qu’est-ce qu’un cosmétique bio ?

La réponse à cette question peut sembler évidente. Et pourtant… la même enquête montre que les cosmétiques biologiques sont encore mal compris ou mal connus des consommateurs, et même de ceux qui les utilisent régulièrement ! Beaucoup les identifient seulement comme des produits naturels, voire simplement des cosmétiques « sans » (c’est-à-dire qui évitent les ingrédients les plus décriés comme les parabènes, le phénoxyéthanol ou les dérivés de la pétrochimie) ! Il n’est donc pas inutile de rappeler d’abord ce qu’est vraiment un cosmétique bio.

Un label

En règle générale, un cosmétique biologique se reconnaît d’abord au label qu’il porte. Il en existe plusieurs et, si celui de Cosmébio est le plus répandu, ceux de Nature & Progrès, du BDIH allemand ou de NaTrue se retrouvent aussi assez fréquemment sur les étiquettes. Mais on dit bien « en règle générale », car un cosmétique peut aussi être de qualité biologique sans pour autant obligatoirement porter un de ces logos.

Une charte

Les labels sont attribués sur la base du respect de critères définis dans les différentes chartes et référentiels. Tous émanant d’organismes privés et n’étant pas uniformisés, on peut noter quelques différences de l’un à l’autre. Mais leur base est assez similaire, et comprend souvent plusieurs types d’exigences :

  • un pourcentage minimum d’ingrédients issus de l’agriculture biologique
  • un pourcentage minimum d’ingrédients d’origine naturelle
  • un pourcentage maximum d’ingrédients de synthèse
  • un certain nombre d’ingrédients interdits (issus de la pétrochimie ou de la synthèse « dure »)
  • des procédés de fabrication respectueux de l’environnement et relevant de la chimie verte…

Une certification

Un fabricant qui respecte les critères édictés par une charte de cosmétiques bio peut demander à un organisme certificateur (Ecocert, Qualité France…) de vérifier sa conformité aux exigences. Après contrôle, ce dernier attribue le label qui pourra être apposé sur l’étiquette. À noter que la certification a un coût, ce qui explique que certains fabricants de produits bio préfèrent s’en passer… même si leurs formules permettraient de l’obtenir : on peut aussi être bio sans avoir les moyens de l’afficher.

Y a-t-il bio… et bio ?

Une charte commune suffit-elle pour que deux produits qui la respectent aient la même qualité biologique ? À l’étude des formules disponibles aujourd’hui sur le marché, incontestablement, la réponse est : non, pas forcément. Et cela s’explique facilement.

De l’engagement à l’opportunisme

Si, à l’origine, les cosmétiques biologiques étaient surtout le fait de convaincus, voire de militants, et étaient conçus par des entreprises fortement engagées dans une démarche de respect de l’environnement et de la santé humaine, la démocratisation du secteur a quelque peu changé la donne. La « mode du bio », comme le refus des parabènes par les consommateurs, ont incité beaucoup d’acteurs à surfer sur la vague bio, non plus vraiment par conviction, mais surtout pour gagner des parts sur un marché en pleine croissance. Et si les pionniers poussaient au maximum leurs exigences en matière de bio, allant souvent au-delà de ce qu’exigeaient les chartes, certains nouveaux entrants, plus opportunistes, se contentent parfois du minimum.

Du bio maximal au bio à 10 %

En termes de formule, on peut résumer ce qui précède de la façon suivante :

  • On choisit de faire un produit le plus biologique possible, en choisissant tous les ingrédients qui peuvent l’être de qualité bio, et en sélectionnant les autres de la meilleure qualité.
  • On se contente du minimum imposé par les chartes et, par exemple, de tout juste dépasser la barre minimale imposée pour les ingrédients issus de l’agriculture biologique (soit 10 % pour Cosmébio).

Dans ce deuxième cas, le but peut être atteint avec seulement 10 % d’une eau florale, alors que dans le premier, les huiles et les extraits végétaux seront également biologiques. On se doute bien qu’au final, on n’a pas tout fait le même produit sur la peau…

Du bio cher au bio bon marché

Ce n’est pas un secret : les ingrédients biologiques sont un peu, voire parfois beaucoup plus chers que ceux qui ne le sont pas. Notre première formule aura donc un prix de revient nettement plus élevé que la seconde. À l’heure de la démocratisation du bio et de la nécessité de rivaliser avec la cosmétique conventionnelle, les lois du marché (ou le souci d’assurer de confortables bénéfices à une entreprise) peuvent ainsi prévaloir sur les seules exigences de qualité. Et on assiste aujourd’hui à un débat contradictoire entre ceux qui se désolent de voir qu’un même label peut identifier des produits de qualité différente, et ceux qui se réjouissent de voir la cosmétique bio devenir ainsi accessible au plus grand nombre, au motif que mieux vaut un peu de bio que pas de bio du tout…

Où acheter ses cosmétiques bio ?

Que déduire de tout cela, du point de vue du consommateur ? Y a-t-il un lieu à privilégier pour acheter les meilleurs produits bio ? Pas si simple, car, à l’étude, on peut trouver du « bon » bio partout. Mais tout de même, on peut dégager quelques repères, pour être à même de choisir sans se tromper, et particulièrement les produits qui répondent aux attentes spécifiques de chacun.

En magasins bio

À tout seigneur, tout honneur. C’est dans ce réseau de distribution qu’on trouve traditionnellement le choix le plus vaste de cosmétiques biologiques, avec notamment les marques pionnières comme les nouveaux entrants les plus qualitatifs. Cela ne met pas complètement à l’abri de quelques « brebis galeuses » (tout dépend en fait des gammes de produits choisies par chaque enseigne), et, bien sûr, ce ne sera jamais aux meilleurs prix du marché.

En pharmacies et parapharmacies

Le contexte « para-médicalisé » peut rassurer. Mais là encore, tout dépend du choix des marques proposées, du positionnement en termes de prix de l’officine ou de la chaîne de parapharmacie… et de la connaissance de la cosmétique bio par le pharmacien ou le personnel de vente, qui, il faut le dire, n’est pas toujours le point fort de ce réseau !

En supermarchés

C’est bien sûr là qu’on risque de trouver le plus de cosmétiques à bon marché puisque l’offre bio doit y rivaliser avec le conventionnel de mass-market… ce qui peut se ressentir sur la qualité des formules. Mais certaines marques se sont délibérément positionnées sur ce réseau et y proposent des produits tout à fait honorables, ce qui peut permettre aux bourses les plus resserrées d’y avoir aussi accès.

Sur Internet

C’est vrai des cosmétiques comme de tout le reste : on trouve sur Internet tout… et son contraire. Et on ne compte plus les boutiques en ligne qui émanent soit des marques elles-mêmes, soit de grossistes du net qui proposent des produits à tous les prix, et de toutes les qualités. La prudence s’impose : mieux vaut s’en tenir à ce qu’on connaît, et surtout éviter les produits arrivant directement de l’étranger, surtout s’il est situé hors Europe : c’est de là qu’arrivent le plus de contrefaçons et de produits éventuellement dangereux.

Le vrai bon réflexe

Dernier conseil : quel que soit le réseau de distribution, seule la composition du produit permet de juger de sa réelle qualité. Les produits bio indiquent quels sont les ingrédients qui sont issus de l’agriculture biologique (avec un petit astérisque dans la liste qui figure obligatoirement sur l’étiquette) et en quels pourcentages ils sont présents dans le produit. Et la lecture de ces informations reste un passage obligé avant tout achat !


* Enquête menée par L’Observatoire des Cosmétiques auprès de ses internautes du 5 janvier au 2 février 2015 via un questionnaire en ligne. Parmi l’échantillon des 604 répondants de 15 ans et plus, 88 % habitent la France (et 93 % l’Europe francophone) et 92 % sont des femmes. Résultats complets disponibles sur www.observatoiredescosmetiques.com.

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