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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Manger autrement

Pour préserver la planète

Vous vous préoccupez de l’avenir de la planète, y compris en cuisine. Mais avoir une alimentation écologique, ce n’est pas uniquement manger bio ! Cela implique aussi un changement profond (et progressif) de nos habitudes d’achats et nombre de comportements devenus «automatiques».

Compliqué ? Pas tant que ça si nous y mettons un peu de volonté et de persévérance. Pour y voir plus clair, analysons le contenu de notre panier.

MIAM, LE BON STEAK !
Un kilo de viande de boeuf aura demandé plus de 10 kg de céréales et 20 000 litres d’eau !!! Si nous consommions moins de viande, ces céréales et cette eau serviraient à nourrir les hommes et non les bêtes… Il faut en moyenne 180 kg de céréales par an pour nourrir un végétarien, 930 kg pour un consommateur de viande. Sachant le nombre de personnes qui meurent de faim et/ou de soif dans le monde, il y a de quoi méditer ! En outre, l’élevage occupe les 3/4 des terres agricoles mondiales, au détriment des cultures et des forêts avec les conséquences que vous devinez : érosion, dégradation des sols, désertification, disparition de la biodiversité, pollution de la terre, de l’air et de l’eau par un excès de déjections animales…
Concrètement, que pouvez-vous faire ?
=> Diminuez votre consommation de viande au profit des légumes et des fruits. Sachez qu’en consommant 2 steaks de moins par semaine, vous économiserez 50 kg/an en équivalent carbone.
=> Lorsque vous consommez de la viande, choisissez de préférence de la volaille ou du porc, moins producteurs de CO2.
=> Vérifiez toujours la provenance des produits animaux que vous consommez (et c’est valable aussi pour les oeufs et le lait). Privilégiez les petits producteurs de votre région (vous limiterez ainsi les rejets de CO2 générés par le transport) qui travaillent à l’ancienne dans le respect des animaux et de la nature, ainsi que les produits bio.

RESPECTEZ LES SAISONS ET LES RÉGIONS
Aujourd’hui, nous mangeons de tout à n’importe quel moment de l’année : des tomates et des fraises en hiver, des choux de Bruxelles et des mandarines en juillet… Non seulement, les fruits et légumes consommés hors saison, importés de l’autre bout du monde ou cultivés sous serre, sont moins savoureux et moins riches en nutriments que leurs homologues de saison, mais leur impact sur l’environnement est loin d’être négligeable. Sachez que si vous consommez un repas composé de produits importés, votre contribution aux émissions de CO2 (transport, conservation, emballage…) sera 650 fois plus élevée qu’avec le même repas composé d’aliments locaux et de saison ! Qui dit mieux ? En ce qui concerne les produits locaux mais cultivés sous serre chauffée, ils ont en moyenne un impact écologique 10 à 20 fois plus important que le même aliment de saison cultivé dans les champs. Pensez-y lorsque vous ferez votre marché !
Pensez aux associations comme les AMAP qui vendent des produits de saison, cultivés sainement et localement, dans le respect de la biodiversité et dans une perspective de développement durable.
Certains produits de consommation courante comme le café, le cacao ou le sucre de canne sont toujours importés. N’y renoncez pas, mais choisissez des produits issus du commerce équitable qui permettront à des petits producteurs locaux de gagner décemment leur vie, et ce dans le respect de l’environnement et de la santé (la leur et la nôtre) car bio et commerce équitable vont souvent de pair.

FAVORISEZ LA BIODIVERSITÉ
À l’heure actuelle, 90 % de notre alimentation ne provient plus que d’une quinzaine de végétaux. D’année en année, la biodiversité s’appauvrit de plus en plus et il est grand temps de réagir. Heureusement, des associations comme Slow Food (voir mon article dans Belle-Santé n° 98) se battent bec et ongles pour préserver les produits traditionnels et nous les faire redécouvrir. Mais vous aussi avez un rôle à jouer ! Par vos achats, vous pouvez défendre la biodiversité.
Comment ? En achetant des produits du terroir au lieu des produits uniformisés et standardisés des supermarchés, en variant votre alimentation et en respectant les saisons : redécouvrez et faites découvrir à vos enfants les délicieux fromages au lait cru, servez différentes sortes de courges en hiver, dégustez les anciennes variétés de tomates (il y en a plusieurs centaines !) au lieu des variétés hybrides des étals des supermarchés…
Où vous les procurer ? Tout simplement sur les marchés, chez des petits producteurs locaux ou chez certains fruitiers-légumiers. Si vous manquez de temps, il vous reste l’option d’adhérer à des associations comme les AMAP ou encore de vous faire livrer des paniers via les nombreux sites web présents partout en France.

NON AUX PRODUITS PRÉPARÉS, MÊME EN BIO
Achetez donc tant que possible des produits bruts : fruits et légumes frais, oeufs, farine, etc. et mettez-vous aux fourneaux. Préparer un plat simple avec des aliments frais ne prend pas beaucoup plus de temps que de réchauffer un plat préparé et c’est tellement meilleur !

L’HUILE DE PALME NE REMPORTE PAS LA PALME…
Cette huile, extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile, est très bon marché à produire. Bon marché pour les industriels, oui… mais pas bon marché pour la planète ! En effet, forte de son succès, l’huile de palme représente aujourd’hui 1/3 de l’huile végétale produite au monde. Une production basée essentiellement en Indonésie et en Malaisie et qui se fait au détriment des forêts tropicales et des animaux qui y vivent. Des millions d’hectares de forêt ont ainsi été détruits (et le seront encore) au profit des plantations de palmiers à huile.
Traquez les produits qui contiennent de l’huile de palme et laissez-les sans regret dans les rayons ! Rassurez-vous, si vous évitez déjà les produits préparés, il vous sera facile de faire l’impasse sur cet ingrédient qui coûte cher à la planète.

ALLÉGEZ LES EMBALLAGES
Employez systématiquement des sacs réutilisables, un panier, des cassettes empilables ou encore un cabas pour faire vos courses (laissez-en toujours dans le coffre de la voiture) et, si votre supermarché propose encore des sacs plastiques, refusez-les ! Préférez les produits frais et en vrac à leurs équivalents emballés. Bannissez les conditionnements individuels et tournez-vous vers les grandes contenances et les emballages «réutilisables».
À la maison, plutôt que des films plastiques, optez pour des tupperwares et des bocaux pour conserver vos aliments. Et, bien sûr, n’oubliez pas de trier vos déchets.

SI VOUS MANGEZ BIO, CONTINUEZ
Le bio ne représente encore que 2 % de la surface agricole française. Soutenez-le ! Le bio est meilleur pour la santé et la planète, plus riche en nutriments et en saveur, exempt d’OGM et, à condition d’opter pour des produits frais (et non des plats préparés), il ne pèsera pas sur votre budget.

OUBLIEZ L’EAU EN BOUTEILLE
Contrairement à ce que vous pensez peut-être, les eaux en bouteille ne sont pas meilleures pour votre santé que l’eau du robinet et… elles sont une catastrophe pour la planète ! Elles sont le plus souvent conditionnées dans des bouteilles en plastique, ce qui représente 1,5 million de tonnes de plastique chaque année dont seulement 1/5 est recyclé, sans parler du coût écologique du transport. Si vous donnez la préférence à l’eau du robinet, vous réduirez vos déchets de 10 kg par an. En plus, vous ferez des économies car elle coûte 100 à 300 fois moins cher que l’eau en bouteille.

DU POISSON ? OUI, MAIS PAS N’IMPORTE LEQUEL !
En tête des espèces menacées, le poisson préféré de vos enfants, le roi des «fishsticks» : le cabillaud. En 30 ans, les stocks ont chuté de 70 %. Les réserves mondiales de marlin, thon, espadon ont, quant à elles, baissé de 90 % en 50 ans ! Sont essentiellement responsables de cette catastrophe écologique, la sur-pêche et la pollution. Le chalutage, la technique de pêche la plus utilisée en France, est la pire. En effet, le bateau traîne derrière lui un filet qui racle les sols marins et détruit tout sur son passage. Les fonds sont gravement détériorés et de nombreuses espèces pêchées «par accident» sont rejetées mortes à la mer. Cette technique de pêche tue également de nombreux dauphins.
Les poissons d’élevage sont, quant à eux, le plus souvent élevés à grand renfort de produits chimiques.
Privilégiez les crustacés et des poissons comme le hareng, le maquereau, les anchois, etc. Ceux-ci sont, par ailleurs, moins chargés en métaux lourds et autres polluants que les gros poissons comme le thon ou le saumon, car ils se trouvent plus bas dans la chaîne alimentaire.
Achetez des poissons provenant de la région où vous vous trouvez plutôt que des poissons importés et évitez de consommer du poisson pendant sa période de reproduction. Pour les poissons d’élevage, privilégiez les labels bio (eh oui, cela existe pour le poisson aussi !).

INFOS ET ADRESSES UTILES
Slow Food France : www.slowfood.fr
Association Kokopelli : kokopelli-semences.fr
Annuaire national des AMAP : www.reseau-amap.org
Les paniers du Val de Loire : www.lespaniersbioduvaldeloire.fr
Les jardins de Cocagne : http: www.reseaucocagne.asso.fr
Le Campanier (Paris et région parisienne) : www.lecampanier.com
Bio Box (région de Toulouse) : www.biobox.fr
Seconde Nature (Région de Marseille) : www.secondenature.net
Natoora : www.natoora.fr

À LIRE
En matière d’écologie dans l’alimentation, je vous conseille :
Un régime pour la planète d’Elisabeth Laville et Marie Balmain, 15 € aux éditions Village Mondial
Les AMAP : un nouveau pacte entre producteurs et consommateurs ? de Claire Lamine et Nathalie Perrot, 14 € aux éditions Yves Michel
Le guide de l’ÉCOfood d’Alexis Botaya, 15 € aux éditions Minerva.

Plus général, mais regorgeant d’astuces à appliquer au quotidien :
1001 façons de sauver la planète : recueil d’idées pratiques pour changer et guérir le monde de Joanna Yarrow, 15 € aux éditions Guy Trédaniel
Consommer responsable de Pascal Canfin, 16 € aux éditions Flammarion.

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Marc Dufumier…

L’agroécologie peut être considérée comme une discipline scientifique dont les pratiques agricoles pourraient s’inspirer pour l’équilibre des écosystèmes. Marc Dufumier a passé sa vie à voyager et à étudier les agricultures du monde entier. Président du collectif Commerce Équitable France, aujourd’hui à la retraite, il milite pour développer des systèmes agraires productifs et durables en circuits courts.

Préparer une agriculture solidaire pour l’avenir

Depuis plus de 10 ans, la coopérative Les Champs des Possibles, créée en 2009 à l’initiative du réseau des AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) d’Île-de-France, œuvre pour favoriser l’installation d’activités agricoles et rurales au niveau local, en militant pour le développement de l’agriculture biologique en circuits courts. Elle fédère consommateurs, producteurs, commerçants, artisans, collectivités, et invite à repenser concrètement les schémas agricoles de demain.

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