Tout un été pour partager son jardin

C’est le moment de collecter des boutures, de diviser, de marcotter. Une belle occasion d’acquérir un savoir-faire de multiplicateur pour faire et se faire plaisir !
S’il est un point commun entre tous les jardiniers, c’est bien le plaisir qu’ils ont à multiplier les plantes de leurs jardins ou leurs plantes d’intérieur, pour avoir plus de plantes, pour limiter les coûts, ou tout simplement pour l’expérience, pour se lancer des défis, pour partager, échanger avec d’autres jardiniers ! Les mois d’été offrent des opportunités pour pratiquer l’art de la multiplication végétative, soit en expert, soit en découvreur. Cette façon de multiplier les plantes ne fait pas intervenir la fécondation, donc le jardinier obtient un végétal identique au pied mère, exception faite des mutations. Rassurez-vous, celles-ci ne sont pas si fréquentes ! Concrètement, il s’agit de bouturer, marcotter, diviser.
Bouturer
Quelles boutures faire cet été ? Deux mots sur le bouturage : on prélève un fragment de plante (tige, feuille, racine) qui, mis dans des conditions adaptées, forme des racines et donne un nouvel individu entier. Pour favoriser l’enracinement d’une bouture, prélevez-la en lune descendante ; certains jardiniers utilisent aussi des hormones de croissance.
Il existe plusieurs types de boutures ; en cette saison, on travaille bien sûr des boutures avec feuilles.
Les boutures herbacées
En été, l’essentiel des bouturages concerne les plantes herbacées, globalement les florales : les alysses, asters, bégonias, chrysanthèmes, coléus, dalhias, euphorbes, lysimiaques, œillets, pélargonium, penstemons, tilleuls d’appartement.
- Partez d’une plante saine, vigoureuse et d’une pousse de l’année sans boutons floraux.
- Coupez une pousse de tête* à 6 cm environ du bourgeon terminal et juste sous un nœud ou un morceau de tige feuillée compris entre deux nœuds, débarrassez-la des feuilles inférieures pour n’en laisser que 2-3 au sommet.
- Pour accueillir vos boutures, voici un dispositif simple :
– un bocal ou un verre au fond duquel on pose quelques fragments de charbon de bois (propriétés antifongiques) que vous remplissez au 2/3 d’eau ou de terre + sable humide et que vous recouvrez d’un film plastique ou d’un couvercle percé de trous.
– Enfoncez les tiges délicatement pour qu’elles soient en contact avec le substrat et que les feuilles reposent sur le couvercle et attendez patiemment l’émission de racines en mettant le pot au chaud sans l’exposer directement au soleil et en ajoutant de l’eau pour maintenir le niveau ou l’humidité de la terre. - Petit point d’attention : si vous faites une bouture en terre, laissez cicatriser la lésion au frais (15 °C maxi) et à l’ombre quelques heures, puis installez-la dans le substrat.
- À noter aussi que pour certaines herbacées à tige plus ferme (fuchsia, hortensia, hibiscus, abutilon, potentille, santoline… ou lierre ou pothos pour les plantes d’intérieur), on ne fait pas de boutures de tête et on met plutôt en terre : coupez un tronçon de tige de 5 à 15 cm sous un nœud ou une cicatrice foliaire pour ne laisser que 2 à 4 feuilles maximum et installez votre bouture.
Les boutures semi-ligneuses
C’est une autre possibilité, adaptée aux arbustes, la tige prélevée doit avoir commencé la lignification (ou l’aoûtement).
- Coupez un rameau peu âgé (dont la tige devient ferme et brune) au-dessus d’un nœud ou du point d’insertion d’une feuille, ne conservez que les feuilles du sommet (2 à 4 maximum), incisez la base de la tige et mettez la bouture dans l’eau ou en terre.
- Cette technique simple permet de multiplier des espèces très diverses ; cependant, l’expérience montre qu’il est également possible d’utiliser, avec un bon taux de réussite, la technique des boutures à talon avec feuilles pour le laurier cerise, l’aucuba, le fusain ou encore le daphné, le troène…
- Pour conclure sur le choix de la technique de bouturage, dans la plupart des cas c’est plus la date et les conditions de prélèvement, de culture et aussi de rempotage des boutures qui garantissent le succès, que le type de bouture.
Les boutures de feuilles
Elles sont moins pratiquées par les jardiniers amateurs car peut-être un peu plus délicates à mettre en œuvre ; elles concernent surtout les ornementales ou plantes d’intérieur herbacées.
- Cet été, prélevez les feuilles des plantes grasses (kalanchoe…), cactées, saintpaulia, gloxinia, Pépéromia…
- Pour la mise en œuvre, choisissez une feuille saine, d’âge moyen et représentative de la plante.
- L’émission des racines se fait en principe au niveau des lésions des tissus conducteurs (nervure ou pétioles) provoquées par la coupe et c’est donc ces parties lésées de la bouture qui doivent être en contact avec le substrat.
- Prenons des exemples types :
– Saintpaulia : raccourcissez le pétiole à 2 cm et enfoncez-le délicatement dans la terre de façon à ce que la feuille touche juste la terre
– Feuille tendre type bégonia rex : coupez le pétiole au ras de la feuille, entaillez les grosses nervures, posez la feuille à plat sur le substrat (la maintenir appuyée avec des galets)
– Feuille épaisse et rigide (Sansevieria) : coupez en tronçons et plantez-les dressés dans la terre.
– Crassulacées ou cactées : travaillez en bouture sèche. Prélevez la feuille ou le morceau de plante ; laissez sécher quelques jours puis plantez, la partie lésée étant en contact avec le substrat.
Diviser
Quelles plantes diviser en été ? La division de touffes herbacées se pratique après la floraison, donc plutôt en automne, mais cela n’est pas exclusif.
- Éclatez la touffe à l’aide d’un outil tranchant permettant de couper nettement la masse racinaire, séparez les différents pieds ainsi créés et replantez séparément.
- Cette opération est utile et améliore la longévité des plantes qui poussent en touffe. Elle permet d’aérer le plant, de faciliter l’alimentation minérale, hydrique et lumineuse de toutes les parties de la plante ; n’hésitez pas à la prévoir régulièrement.
- Divisez les aromatiques : menthe, ciboulette, thym rampant, mélisse, hysope et aussi les ornementales : phormium, aster, anémone du Japon, campanules…
- N’oubliez pas les divisions de bulbes, de tubercules ou de rhizomes. Ainsi, les bulbes du printemps ont formé des bulbilles, séparez-les en veillant à leur conserver le plus de racines possible, désinfectez toutes les lésions et repiquez la pointe vers le haut dans un substrat drainant maintenu humide et au chaud. Comptez deux à trois ans pour avoir des fleurs.
– Cette technique vaut pour les plantes suivantes : amaryllis, fritillaires, iris, jacinthes, narcisses, tulipes, glaïeul, lys…
– Pour les dahlias et autres tubercules, les fragments dans le substrat sont maintenus à 10 °C, c’est la condition pour obtenir une floraison.
Marcotter

Quelles plantes marcotter en été ? Cette façon de multiplier les arbustes est facile à mettre en œuvre.
- Repérez un beau rameau sain encore souple, assez long et situé près du sol.
- Ne conservez que les feuilles de l’extrémité de la tige, ensuite, à environ 30 cm de la tête et sur une zone qui sera enterrée, pratiquez une incision horizontale sur 3 à 5 cm pour séparer une lamelle de la tige que vous maintiendrez écartée avec une allumette.
- Ensuite, couchez le rameau dans le substrat à l’aide d’un cavalier et recouvrez de terre.
- Une fois les racines développées, un coup de bêche, la marcotte est sevrée et prête à être replantée.
Il faut parfois deux bonnes années !
Les azalées, les rhododendrons, les camélias, les calistémons, les seringats, les forsythias, les figuiers, les clématites, les glycines et bien d’autres arbustes peuvent être multipliés de cette façon.
Vous l’aurez compris certaines conditions sont à réunir pour réussir à multiplier vos plantes
Listons rapidement les incontournables :
- Choisir un beau plant, sain.
- Désinfecter, à l’alcool ou par la chaleur, tous les outils : couteau, greffoir, sécateur et tous les contenants utilisés.
- Nettoyer les zones de coupes après prélèvement et les laisser sécher quelques heures.
- Préparer un substrat drainant : introduire du sable avec le terreau qui doit être désinfecté**. Il est prudent de mélanger de la poudre de charbon de bois pour limiter les risques fongiques. Pendant la phase de culture, il faudra maintenir l’humidité sans excès.
- Maintenir l’hygrométrie à 80 % pour éviter la transpiration des feuilles. Un moyen simple : couvrir avec un film plastique soutenu par des baguettes de bois pour qu’il ne touche pas les feuilles. Autre possibilité : utiliser une mini-serre ou encore bouturer sous cloche ou dans une bouteille plastique tenue fermée.
- Pour les boutures à l’eau, changer l’eau tous les 3-4 jours et ajouter un peu d’éléments minéraux et des fragments de charbon de bois.
Impossible de se quitter sans parler de drageons !
- On peut séparer les drageons ou les stolons (bien connus chez le fraisier) qui se forment au pied ou en périphérie des plantes pour les installer ailleurs dès lors qu’ils ont suffisamment de racines : dégagez la terre au pied pour le vérifier. Ce sevrage est, dans la majorité des cas, souhaitable pour limiter la fatigue du pied mère.
Attention : les drageons d’arbres greffés seront de la même espèce que le porte-greffe. - De nombreux arbustes ou arbres ornementaux sont concernés : spirée, corète, lilas, argousier, symphorine, cognassier du Japon, mimosa, peuplier, paulownia…
- Du côté des fruitiers, les non- greffés : figuier, cognassier, certains pruniers ou pêchers issus de semis…
- Chez les herbacées, n’oubliez pas vos fraisiers : pour conserver toutes les qualités du pied mère, n’utilisez que les stolons les plus proches de celui-ci !
- Pensez aussi à jeter un œil dans votre gazon : si Agrostis stolonifera est présente, c’est une aubaine pour réparer certaines zones.
- Si, parmi vos plantes d’intérieur, il y a des Chlorphytum, des Sansevieria, des Broméliacées (les tillandsias, très tendance en ce moment), des cactées ou plantes grasses (aloes), vous devriez pouvoir tenter l’expérience sans trop de risque !
Quelques plantes à bouturer cet été
EN JUILLET : buddleia, bignone, caryoptéris, laurier rose, laurier cerise, lilas, millepertuis, oranger du Mexique, pittosporum, weigelia, seringat, perovskia, escallonia, troène, clématite, romarin, aubriète, bégonia, fusain, arbustes persistants, petits conifères, romarin…
EN AOÛT : abutilon, anthémis, aucuba, bougainvillier, corète, cotonéaster, hortensia, jasmin étoilé, pélargonium, pyracantha, santoline, sureau, lavatère, chèvrefeuille, hibiscus, gaillarde, bégonia, cinéraire maritime, dahlia, aloe, sauge, herbe de la Pampa…
Notes :
* C’est-à-dire à l’extrémité d’un axe pour conserver le bourgeon terminal qui donnera naissance à la nouvelle plante
** Le terreau de bonne qualité acheté dans le commerce est souvent désinfecté, mais vous pouvez le désinfecter avec de l’eau bouillante ou de la vapeur.