Infarctus du myocarde, les femmes moins bien prises en charge

infarctus

Alors que la mobilisation concernant les cancers du sein fait grand bruit depuis des années (Octobre rose* y est sans doute pour beaucoup), la première cause de mortalité chez les femmes, en France, loin devant le cancer du sein, c’est l’infarctus du myocarde. L’Académie médicale de médecine vient de publier un rapport sur ce sujet et il apparaît que le délai de prise en charge, quand une femme commence à manifester des signes d’infarctus, est 30 minutes supérieur à celui de l’intervention pour un homme. Quand on sait que chaque minute compte, l’écart est immense. Par ailleurs, 20 % des femmes concernées sont « mal aiguillées » : le SAMU ne leur ayant pas envoyé de secours, elles vont avec leur infarctus chez leur médecin ou se rendent elles-mêmes aux urgences. Et même une fois prises en charge, leur traitement est mis en place moins rapidement que chez les hommes. Par ailleurs, elles bénéficient d’accès plus limités à la réadaptation après l’infarctus. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’elles y survivent moins et moins bien. Pourquoi de telles différences ? D’abord parce que les causes diffèrent (les femmes sont plus sensibles, par exemple, au syndrome de Takotsubo : un évènement traumatisant déclenche un infarctus chez une personne a priori sans soucis cardio-vasculaires). Par ailleurs, la perception des douleurs est différente (les femmes ont « l’habitude » d’avoir mal – par exemple avec les menstruations – et s’alarment moins malgré des douleurs tout aussi importantes que chez les hommes). Plutôt que les douleurs thoraciques, ce sont les problèmes respiratoires et les nausées qui vont les inquiéter et dont elles parlent souvent en premier aux secours. Et ces symptômes n’ont jamais été considérés comme spécifiques de l’infarctus… En outre, il existe la croyance largement partagée par tout le monde, y compris parfois dans les services d’urgence, que « c’est une maladie plutôt masculine ». Pourtant, ces dernières années, les femmes, même jeunes (avant la ménopause), sont de plus en plus touchées, une augmentation attribuée au tabac, à l’obésité, une possible influence de la précarité… Or, les recherches sur les maladies et accidents cardio-vasculaires se sont jusqu’ici concentrées sur les hommes. Bref, rien d’étonnant à ce que les femmes s’en sortent moins bien. En cas de douleurs thoraciques, Mesdames, n’attendez pas que ça passe : appelez immédiatement le 15. Et si on ne vous prend pas au sérieux, insistez !


* Octobre rose est une campagne internationale lancée dans les années 1980 aux États-Unis par la société américaine du cancer (American Cancer Society) et l’entreprise Imperial Chemical Industries (consortium fabriquant, entre autres, des médicaments anti-cancéreux : chimiothérapie, hormonothérapie, etc.).

Abonnement 1 an

Magazine

À lire aussi

Sélection de recettes d’Anaïs Dufourneau

Les tout premiers et fidèles lectrices et lecteurs de notre magazine ont pu, des années durant, découvrir chaque mois une nouvelle recette de cette cuisinière émérite et érudite. Elle nous a quittés il y a trois ans, mais nous ne l’avons pas oubliée.
En souvenir d’Anaïs, et pour fêter la nouvelle année, nous avons sélectionné pour vous quelques délices à réaliser, extraits de son ouvrage paru en 2006 Les Savoureuses Recettes d’Anaïs Dufourneau.