Allaitement, le réflexe d’éjection dysphorique
On sait aujourd’hui que le lait maternel est de loin ce qu’il y a de meilleur pour un bébé. Bien entendu, cela doit rester un choix de la maman, choix qui dépend bien souvent des conditions dans lesquelles se passe l’allaitement. Quand tout se déroule sans accroc, c’est un bonheur inouï, mais il existe parfois des obstacles qu’il serait dommage de ne pas franchir. L’un d’entre eux reste assez méconnu : le réflexe d’éjection dysphorique. C’est une puéricultrice consultante en lactation, Julie Bitoun, qui nous a envoyé des informations et un article qu’elle a écrit sur le sujet dans un magazine spécialisé* après avoir mené une enquête sur un échantillon de 53 femmes présentant ou ayant présenté ce symptôme. Le réflexe d’éjection dysphorique est une émotion négative perçue par la maman au moment où le lait est émis et qui peut durer quelques minutes : la jeune mère ressent alors de l’anxiété, de l’irritabilité, elle est même parfois envahie de désespoir… Il ne s’agit pas du « baby blues » (dépression post-partum, qui peut exister par ailleurs), mais de troubles du comportement déclenchés au moment de l’allaitement, sans doute par un mécanisme physiologique. Plusieurs théories sont à l’étude pour expliquer le phénomène, en particulier une sensibilité particulière à la variation du taux des hormones ocytocine et dopamine. 6 à 9 % des femmes allaitantes seraient touchées. Une prise en charge adaptée pourrait permettre à ces mères de continuer à allaiter leur enfant sans souffrance, en identifiant les facteurs qui diminuent les symptômes pour les favoriser et, si besoin, avec un soutien psychologique. Reconnaître et parler de ce problème permettrait sans doute de faire progresser sa prise en charge. N’hésitez pas à faire circuler l’information.
* Sage-Femme – Les dossiers de l’obstétrique N° 545 – Novembre 2024.