La nuque et le haut du dos toujours douloureux ? Et si c’était le syndrome de Cendrillon ?

La nuque douloureuse dès le matin avec des douleurs qui descendent vers l’omoplate ou les épaules ? Ne cherchez pas très loin, il s’agit peut-être d’un trouble musculaire squelettique (TMS) particulier appelé syndrome de Cendrillon.
Plus fréquent chez les femmes, il concerne les professions où les épaules sont sollicitées en permanence.
Nul besoin du prince charmant ou d’une pantoufle de vair pour souffrir du syndrome de Cendrillon (SC), qu’on appelle également « syndrome des fibres de Cendrillon ». Cette appellation provient tout simplement du mode d’apparition de la douleur qui, à l’instar de Cendrillon, première levée pour faire le ménage et dernière couchée pour le terminer, survient dès le matin pour se terminer une fois la journée finie. En clair, les douleurs liées à ce symptôme sont permanentes, d’où un handicap quotidien.
Complexe de Cendrillon
Hormis le nom propre, le syndrome de Cendrillon n’a rien à voir avec le « complexe de Cendrillon ». Ce dernier désigne une affection d’ordre psychique caractérisée par le désir inconscient d’être pris en charge et choyé (attente du prince charmant).
Une histoire de fibres musculaires
Décrit en 1991, le SC n’est pas un TMS comme les autres. En effet, dans ce syndrome, le problème semble être lié à un recrutement excessif des fibres de type 1, appelées « fibres de Cendrillon », dans les muscles, au détriment des fibres 2 qui auraient dû venir épauler les premières, mais qui restent malheureusement aux abonnés absents. Autre particularité, ces fibres ne se reposent jamais vraiment complètement, même au repos. L’examen de leur fonctionnement électrique par électromyographie retrouve une activité électrique permanente, même pour les exercices physiques effectués à faible intensité. En clair, ces fibres restent toujours sous tension, dès lors que le muscle est un tant soit peu activé pour le simple maintien d’une posture. Cette activité électrique induit une fatigue et des douleurs musculaires chroniques.
TROIS TYPES DE FIBRES
Schématiquement, on décrit trois types de fibres musculaires dans les muscles. Ces fibres déterminent en partie la performance du muscle et donc l’usage qu’on peut en faire, comme dans le sport :
– Les fibres de type I, dites fibres lentes, très faibles en matière de force, mais très endurantes. Elles sont sollicitées pour les activités à faible intensité musculaire. Les marathoniens, par exemple, ont beaucoup de fibres lentes.
Les fibres de type II, dont on distingue :
– Les fibres IIb, extrêmement rapides et fortes, mais très fatigables. Elles sont destinées aux efforts explosifs. Ce sont les fibres des sprinteurs (100 et 200 mètres).
– Les fibres IIa sont des fibres intermédiaires entre les types I et les types IIb, moyennement fatigables, moyennement endurantes et moyennement fortes. Les muscles contiennent une proportion variable de fibres : environ 50 % de fibres de type I, 25 % de IIa et 25 % de IIb. D’une façon générale, pour un effort, le muscle sollicite prioritairement des fibres de type I, puis les IIa pour finir par les IIb.
Musiciens, militaires, professeurs, informaticiens…
Toutes ces professions et bien d’autres, pour lesquelles il existe une hypersollicitation du cou, une élévation permanente du bras, des mouvements répétitifs des épaules, une obligation posturale (tenue d’un violon, d’un fusil, d’une craie au tableau, position devant un écran d’ordinateur…) risquent de créer un SC. La raison en est assez simple : le muscle releveur de l’épaule contient beaucoup de fibres musculaires de type 1. En outre, pour rendre l’épaule mobile, il sollicite 95 % des fibres qui le composent. Bouger l’épaule ou maintenir une posture fixe avec le bras expose mécaniquement au développement d’un SC. Enfin, les vibrations paraissent accentuer le risque de SC, tout comme le stress, qui entretient le phénomène. Pour autant, le SC ne fait pas (encore) partie du tableau des maladies professionnelles.
Autres professions à risque
Cadres
Employé(e)s de banque
Agents administratifs
Manutentionnaires
Secrétaires
Agents de saisie informatique
Douleurs de la nuque et du dos
Plus fréquent chez les femmes, le SC se manifeste par des douleurs sourdes ou sub-aiguës sur le côté de la nuque et en haut du dos, irradiant vers l’omoplate et plus précisément vers le bord interne et le haut de cet os. Cette douleur correspond notamment à la mise en tension d’un muscle particulier appelé angulaire de l’omoplate, mis à rude épreuve du fait de son petit calibre et des contraintes que l’omoplate subit lors des mouvements de l’épaule. Enfin, le trapèze, ce vaste muscle en forme de losange, qui s’étend du cou jusqu’aux vertèbres dorsales pour finalement s’attacher sur l’omoplate, est également concerné par les douleurs qu’on peut facilement retrouver à la palpation de ce muscle (qui s’avère contracturé). Fait important, le bilan d’imagerie est le plus souvent normal.
Le diagnostic de SC est donc surtout clinique et s’appuie sur le caractère des douleurs. En cas de doute, l’électromyographie confirme la pathologie.
Adaptation au poste de travail
Sans surprise, le traitement passe par la remise en cause de l’organisation du poste de travail et de ses paramètres (assise, position de l’écran, hauteur de travail, etc.), associée à des pauses fréquentes (toutes les heures pour un travail de saisie informatique), l’utilisation de médicaments myorelaxants si besoin, des exercices de détente musculaire, des séances de kinésithérapie et, pourquoi pas, un échauffement et le travail de la souplesse articulaire avant de prendre son poste. Enfin, la prise en charge du stress ne doit pas être oubliée !