Le jeûne, mode d’emploi

Même les médecins les plus récalcitrants commencent à être convaincus de ses bienfaits ! Le jeûne est décidément la méthode la plus simple, la moins chère et la plus naturelle pour rester en bonne santé ! Et tout le monde peut s’y essayer… Vous verrez, après, on ne peut plus s’en passer. Et pour vous faciliter la découverte, G. Bölling et moi-même avons concocté un guide pratique.
En voici quelques morceaux choisis
La perte de poids est souvent la première motivation de celles et ceux qui décident de jeûner. Et c’est vrai qu’après une semaine sans manger, on a maigri, il n’y a aucun doute ! D’autant plus si on a consacré cette semaine à faire de la randonnée. Les résultats sont parfois même spectaculaires. Mais si on ne fait que jeûner une semaine, sans penser plus loin, l’effet sera de courte durée.
Donc, si viser l’amincissement est un objectif louable, il demande un investissement et des efforts au-delà d’une semaine, et le jeûne ne doit être considéré, dans cette affaire, que comme un starter !
Les différents effets
Sur le cerveau
Normalement, notre cerveau est nourri par le sucre que nous consommons : celui en provenance des boissons sucrées, des sucreries, du miel, des fruits, mais aussi de toutes les céréales raffinées (pain blanc, pâtes, riz, etc.). Après 24 heures de jeûne, le corps n’en a plus en réserve. Il met alors en place un processus appelé la néo-glyco-genèse : le foie produit du glucose à partir des réserves de graisse via les corps cétoniques. Le Pr Hasselbalch, neurologue danois, a découvert que les corps cétoniques fournissaient l’alimentation idéale du cerveau.
Sur la tension
Après 24 heures de jeûne, la tension commence à baisser.
Sur la peau
L’expérience montre que le corps a besoin de dix jours de jeûne pour refaire la totalité de la peau : le teint devient éclatant, on rajeunit ! Un gommage enlèvera les cellules détachées avant le jeûne et le travail est terminé.
Sur la vitalité
Un tiers de notre énergie quotidienne assure le métabolisme de base : régulation de la température du corps, circulation et respiration. Le deuxième tiers est utilisé pour digérer et assimiler la nourriture. Le troisième tiers est à notre disposition pour mener notre vie comme bon nous semble. Un rendement de 33 % est appréciable, il nous assure une bonne vitalité. Deux facteurs peuvent gâcher cette belle image : manger trop et ne pas bouger régulièrement : en mangeant trop, la nourriture n’occupe pas un tiers, mais plutôt la moitié de notre énergie quotidienne, à cause de la digestion.
Sur le système immunitaire
La stimulation du système immunitaire est l’une des raisons du jeûne diététique. Innombrables sont les témoignages de jeûneurs qui passent l’année qui suit le jeûne sans le moindre problème de santé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certaines caisses de santé, en Allemagne, remboursent une semaine de jeûne préventif.
Comment jeûner ?
Bien sûr, vous pouvez jeûner seul·e, surtout si vous vivez seul·e. Mais si vous avez de la famille, jeûner seul·e est ingrat : voir les autres manger, ou faire à manger pour les autres et ne pas manger soi-même – c’est bizarre comme situation et pas facile à vivre. Si vous avez la chance de connaître des personnes qui seraient d’accord pour le faire avec vous – allez-y et organisez la semaine avec eux. Ou alors adressez-vous à l’un des centres de jeûne qui organisent régulièrement des semaines de jeûne, souvent associés à la randonnée.
La préparation
Mieux on se prépare à jeûner, plus le jeûne sera « facile ». Comptez autant de jours de préparation que de jour de jeûne.
Une semaine avant de partir, vous commencez à réduire votre consommation d’excitants : café, tabac, alcool… L’idée étant d’arriver « sevré » ou presque puisque, pendant le jeûne, les excitants auxquels on est souvent « accros » seront totalement exclus. Si vous consommez ces excitants de manière irrégulière et que vous ne vous sentez pas dépendant, n’en prenez plus du tout pendant une semaine. Si, au contraire, vous avez l’habitude de prendre 10 cafés par jour, que vous buvez un demi-litre de vin et un apéritif dans la journée ou que vous fumez un paquet de cigarettes par jour, diminuez progressivement, en faisant en sorte de cesser au moins un jour ou deux avant le début du jeûne.
Dans le même temps, il est vivement recommandé de diminuer progressivement les quantités d’aliments d’origine animale : viande, poissons et produits laitiers. Là aussi, tout dépend de votre consommation habituelle. Mais faites-en sorte de ne plus manger que des céréales, des fruits et des légumes trois jours avant le début du jeûne et, la veille, ne consommez plus que des fruits et des légumes.
En parallèle, commencez à boire davantage d’eau entre les repas.
Purge ou pas purge ? Pourquoi et laquelle ?
La purge consiste à « vidanger » notre système digestif. Il faut savoir qu’entre le moment où nous mangeons et celui où tous les aliments sont transformés par le système digestif pour être assimilés (et les déchets éliminés), il se passe deux à trois jours…
Si vous ne faites pas de purge, vous restez donc dans un état de « demi-jeûne » pendant 48 à 72 heures : vos intestins continuent à assimiler des nutriments… Vous avez tout intérêt à accélérer cette étape.
Pour cela, il existe plusieurs méthodes, plus ou moins douces et plus ou moins agréables…
- Fort et radical, mais difficile à avaler : le bol de nigari, de sulfate ou chlorure de magnésium ou de sulfate de sodium. La purge consiste à diluer un sachet de l’un de ces produits (le chlorure de magnésium est très amer, le sulfate de sodium hyper salé) dans un grand bol – ou même dans un litre – d’eau tiède et à le boire en quelques minutes. Il convient de la pratiquer en restant à proximité des toilettes, l’effet étant souvent quasi immédiat et irrépressible. On peut choisir une méthode moins rapide, plus progressive, en diluant le produit dans un litre d’eau, à boire tranquillement en une heure…
- Plus doux, mais moins efficaces : le Chlorumagène ou la Magnésie San Pellegrino. L’intérêt, c’est le goût, tout à fait supportable : il existe même une version anisée pour la Magnésie, le goût est neutre pour le Chlorumagène. Et l’effet est moins « radical », en général, il faut attendre quelques heures avant que ne commence la vidange. Mais ce n’est pas efficace pour tout le monde.
- Très doux et progressifs : les jus de pruneaux ou de choucroute. Buvez-en une bouteille 24 heures avant le jeûne, puis, continuez avec des jus de fruits ou de légumes, à l’exception de tout aliment solide, jusqu’au début du jeûne. De toutes les purges, elle est la plus douce, et la plus calorique aussi.
- Pas de purge : certains adeptes du jeûne (les hygiénistes) ne proposent pas de purge, estimant qu’il faut « laisser faire la nature ». Mais au moment où l’on jeûne, les mouvements de l’intestin vont cesser et des aliments non encore complètement assimilés resteront « en attente ». Ces « restes » risquent de fermenter (et de provoquer des maux de ventre) et, dans certains cas, de former un bouchon intestinal.
Le jeûne à l’eau ou aux jus ?
Pour les Russes, qui sont des adeptes du jeûne depuis fort longtemps et chez qui le jeûne thérapeutique a fait l’objet de nombreuses études scientifiques, un jeûne est forcément un jeûne à l’eau, ou alors ce n’est pas un jeûne.
Pour Otto Buchinger, la prise d’un peu de jus de fruit et de bouillon permet de rendre l’expérience plus supportable en allégeant les « crises » (moment où on ne se sent pas bien pendant le jeûne : vertiges, palpitations, maux de ventre, de tête…). C’est cette méthode qui est généralement proposée dans les centres de jeûne en France, sans aucun doute parce qu’elle est moins « effrayante » puisqu’on ingère, avec ces jus, quelques calories (attention, jamais plus de 250 kcal).
Comment sortir du jeûne
La reprise alimentaire est, pour votre santé, quasiment aussi importante que le jeûne.
C’est une période qui devra durer au moins aussi longtemps que votre abstinence de nourriture (si vous avez jeûné une semaine, comptez donc une semaine également) et durant laquelle vous reviendrez progressivement à une alimentation « normale ».
En pratique : avant de vous réalimenter, il faut « remettre en route » le système digestif. Une heure avant la « reprise » alimentaire, vous prendrez donc un « en-cas » lubrifiant : quelques pruneaux et deux cuillerées à soupe de graines de lin qui auront trempé une journée ou une nuit dans un grand bol d’eau. Vous mâchez les pruneaux et avalez directement les graines de lin. Ensuite, vous commencez par un repas « léger » et votre alimentation reprend en douceur avec des végétaux. Veillez à augmenter progressivement le volume de vos repas, sans jamais vous forcer, écoutez votre corps.