“Depuis au moins 35 ans, on fait semblant d’agir contre le réchauffement climatique. »

Entretien avec Fabrice Nicolino

Journaliste engagé pour le climat et fondateur du mouvement des Coquelicots, Fabrice Nicolino publie Le grand sabotage climatique – Révélations sur un système corrompu : ONU, Multinationales, Gouvernements… aux éditions Les Liens Qui Libèrent. Il y dénonce l’inertie des institutions face au plus grand défi auquel ait été confrontée l’humanité et réaffirme l’urgence absolue de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.

Rebelle-Santé : Pourquoi avoir nommé votre livre « Le grand sabotage climatique » ?

Fabrice NicolinoSabotage signifie « mettre hors d’usage quelque chose, détériorer, détruire », or j’estime que ces gens qui travaillent pour les gouvernements, à l’ONU ou encore pour les multinationales, ont mis hors d’usage notre capacité à lutter efficacement contre le dérèglement climatique. J’aurais pu mettre le mot simulacre à la place de sabotage, soit « ce qui n’a que l’apparence de ce qu’il prétend être ». C’est la thèse centrale de mon livre : depuis 35 ans au minimum, voire 50 ans, on fait semblant d’agir contre le réchauffement.

Depuis quand sait-on qu’il y a un problème climatique ?

On a commencé à s’interroger sur ce qu’il se passait dès le début des années 70. En avril 1970, on estime que 10 % de la population américaine ont marché pour la première Journée de la Terre. En 1972 s’est déroulé le premier Sommet de la Terre, qui a donné naissance au Programme des Nations unies pour l’environement (PNUE). Un peu plus tard, en 1988, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a été créé et s’il l’a été, c’est bien que l’inquiétude concernant le réchauffement pré-existait ! Grossièrement, je dirais que cela fait 40 ans qu’il n’y a plus beaucoup de suspens.

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