Pour une transition agroécologique
Entretien avec Marc Dufumier

« Le passage d’une agriculture industrielle à une agriculture qui relève de l’agroécologie, sur le plan technique, c’est révolutionnaire. C’est un changement radical. »
Marc Dufumier, agroécologue
Agroécologue de la première heure, professeur honoraire à AgroParisTech où il a dirigé la chaire d’agriculture comparée, Marc Dufumier parcourt le monde pour étudier les systèmes agraires et leurs évolutions. Passionné par ces pratiques vertueuses et boosté par sa fibre pédagogique, il s’emploie à convaincre le public de la nécessité de sortir du modèle agro-industriel pour installer des techniques qui respectent les écosystèmes, la santé et le vivant en général.
Il n’hésite pas à s’engager pour soutenir d’autres pratiques, comme lorsqu’il témoigne en faveur des faucheurs volontaires d’OGM, et ses connaissances éclairent la pertinence de nouveaux modèles agricoles. Son indépendance lui donne une rare liberté de ton.
Christophe Guyon : Comment définir l’agroécologie ?
Marc Dufumier : Ce n’est pas un ensemble de pratiques déjà normé, mais une source d’inspiration qui a des fondements scientifiques.
L’agroécologie nous explique que le travail des agriculteurs, ce n’est pas de se focaliser sur une plante ou un sol, mais d’agir dans un écosystème agricole. Une agriculture qui relève de l’agroécologie essaiera de ne pas fragiliser ce système et même de remettre en place des écosystèmes productifs, durables et non polluants adaptés aux lieux. C’est très utile pour respecter notre santé, l’environnement, les générations futures. L’agriculture biologique, par exemple, relève très largement de l’agroécologie.
Comment êtes-vous tombé dans la marmite de l’agroécologie ?
À mes débuts, j’ai été envoyé à Madagascar pour enseigner la riziculture « améliorée », alors considérée comme bien supérieure à la riziculture traditionnelle. Les Malgaches m’ont dit qu’avec mes herbicides, fongicides et autres insecticides, je tuais leurs canards, leurs poissons, leurs grenouilles, que je détruisais leurs sources de protéines vivant dans la rizière. Et puisque le canard picorait les herbes adventices et les parasites, ils n’avaient pas besoin de mes produits chimiques. Ça a été la gifle de ma vie. J’ai compris qu’il fallait arrêter de donner des leçons et, au contraire, essayer de comprendre la complexité des écosystèmes.
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