Agriculture : où va-t-on ?
À la fin du mois de janvier, les tracteurs sont sortis de leurs sillons pour venir bloquer les routes… On est forcément sensibles à la colère de ces hommes et ces femmes qui en ont assez de tirer le diable par la queue alors qu’ils et elles travaillent sans compter. Mais est-ce vraiment les respecter que de calmer leur colère en leur proposant de continuer à répandre des produits phytosanitaires à qui mieux mieux au mépris des réglementations écologiques existantes ?
Depuis des années, des spécialistes comme Marc Dufumier proposent de changer radicalement de modèle pour concilier l’avenir de la planète et le bien-être des paysans qui la nourrissent. Mais les décisionnaires ont vite fait de balayer d’un trait les propositions agroécologiques alors qu’elles semblent la seule voie possible pour une agriculture durable. Réchauffement climatique et pollution sont bel et bien des enjeux majeurs. Mais plutôt que faire le choix d’un vrai soutien à une production propre et socialement viable, les autorités préfèrent plier devant les lobbies et annuler des avancées environnementales obtenues avec tant de mal par des ONG comme Agir pour l’Environnement ou Générations Futures.
Comme le dit Marc Dufumier, la production agricole est un service d’intérêt général et elle devrait être soutenue pour cela : en finançant avec de l’argent public des emplois rémunérés correctement et en augmentant la main d’œuvre. Le plan Écophyto censé réduire l’usage des pesticides est un échec total car les grosses coopératives agricoles ont une priorité : leurs objectifs de vente de “produits phytosanitaires”. Quant aux représentants de la FNSEA, ils nient la dangerosité des pesticides alors même que les preuves s’accumulent et que le monde est malade des perturbateurs endocriniens et autres produits cancérigènes. Comment lutter contre cette spirale infernale ? Que ce soit pour notre santé ou pour l’avenir de la planète, soutenons les associations de défense de l’environnement et essayons de choisir au mieux nos aliments : en adhérant à une Amap, en achetant des produits de saison bio au marché, en installant un potager… Même si notre engagement citoyen ne peut suffire, plus nous serons nombreuses et nombreux, plus nous aurons de chances de convaincre nos gouvernants d’accompagner les agriculteurs vers la transition agroécologique qui pourrait sauver leur métier et améliorer leurs conditions de vie. Je vous souhaite une belle transition saisonnière vers le printemps.
Sophie Lacoste