Agriculture : et si on s’était trompé depuis le début ?
Pour que le sol nous nourrisse, nous devons le laisser tranquille. Or, nous faisons tout l’inverse... L'avis éclairé sur le sujet de Konrad Schreiber, agronome et l’un des fondateurs de l’Institut de l’agriculture durable.
À l’occasion du dernier salon de l’agriculture, France Culture consacrait son émission « On ne parle pas la bouche pleine » au thème « Bien nourrir le sol pour bien nourrir les Hommes ». L’invité, Konrad Schreiber, agronome, est l’un des fondateurs de l’Institut de l’agriculture durable. Il a expliqué à quel point nous étions éloignés des grands principes naturels, y compris dans le monde agricole.
Bien sûr, il y a le problème des pesticides, vilipendés par le grand public depuis une bonne dizaine d’années. La dernière histoire en date du viticulteur Emmanuel Giboulot, travaillant en biodynamie*, l’ayant une nouvelle fois démontrée.
MAIS IL Y A PROBABLEMENT PIRE…
Depuis que les Sumériens ont inventé l’agriculture, au Moyen-Orient dans le croissant fertile, nous reproduisons leurs gestes, à savoir grosso modo le travail de la terre pour favoriser la productivité. Or, si l’on regarde l’autre berceau de l’agriculture, du côté des Amérindiens, on constate qu’ils concevaient l’agriculture totalement différemment. Par exemple, ils fouissaient le sol à l’aide d’un bâton pour y planter chaque graine, plutôt que de tout retourner en labourant avec des charrues.
AGRICULTURE, UNE HISTOIRE DE CULTURE…
Résultat, des terres encore hyper fertiles chez les Amérindiens tandis que le Moyen-Orient compte de fameux déserts. La façon de cultiver la terre serait en partie responsable, selon Konrad Schreiber : « Les Sumériens se sont trompés de direction. Ils avaient quelques techniques particulières comme l’irrigation, la fumure avec le fumier, le chaulage, l’araire et la houx pour cultiver les terres — la luzerne, la fève, etc. — Et cela a appauvri les terres, contribuant ainsi à la formation des déserts. La formation du Sahara, par exemple, peut être attribuée aux Égyptiens ; au Moyen-Orient, à cause des Sumériens (l’Irak d’aujourd’hui), la terre n’est plus si fertile. » La cause principale ? La mise à nu et le travail des sols, l’agression de l’humus.
DEMAIN, UNE AGRICUTURE HYPER PRODUCTIVE ET HYPER NATURELLE
Le principe de l’agriculture durable en général et de la permaculture en particulier : la plante produit le matériau fertile sur laquelle elle prolifère. Nous avons besoin que les plantes se multiplient pour servir notre société. Aidons-les à proliférer plutôt que de les affaiblir ! « Les intrants (engrais, pesticides, énergie fossile) servent à maîtriser la production. Il ne s’agit pas de jeter ces outils avec lesquels on travaille, mais de leur donner une autre place dans l’acte de production ».
L’objectif : entrer dans une agriculture qui va être TRÈS productive, mais naturelle. Pour cela, il faut avant tout abandonner le travail de la terre (ce sera le plus dur, car c’est ancré dans nos habitudes) et laisser faire les travailleurs lilliputiens que sont les vers de terre et les bactéries du sol. Ils œuvrent pour nous, gratuitement.
« Les plantes font tout sur la terre, et avec rien. 0,04 % de CO2 dans l’air et toute la vie est possible. Alors que nous, la société humaine, avons peur de manquer. » Serions-nous plus bêtes qu’un plant de maïs ? On dirait bien…
* condamné à 1000 € d’amende dont 500 € avec sursis pour avoir refusé d’asperger ses vignes de pesticides. Une pétition sur internet a rassemblé en 15 jours plus de 500 000 signatures d’internautes indignés.
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