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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Alexandra et Amaury

Un projet au service de l’être, du collectif et de l’environnement

C’est en découvrant le site de Nouv’elle Nature (site de conseils relatifs à la santé et au bien-être) que j’ai eu envie de rencontrer son auteur. Quelle ne fût pas ma surprise de rencontrer une jeune femme de 29 ans, Alexandra Charton ! Les textes sont tellement bien écrits et les propos tellement empreints de maturité que j’imaginais découvrir une personne riche d’une vie déjà bien entamée…

Lors de cette rencontre, Alexandra m’a fait part de son parcours et de ses nouveaux projets. Projets partagés avec son compagnon, Amaury Rubio. J’ai donc eu le plaisir de faire la connaissance de ce jeune couple, très impliqué dans le respect de l’environnement et la vie de la cité.

Alexandra, pouvez-vous me parler de votre parcours ?
Alexandra : pendant mes études, un Master de lettres modernes, j’ai eu un souci de santé suite à un vaccin contre le papillomavirus. Cet événement a été un déclencheur. Alors que j’étais en licence, les médecins m’avaient fortement encouragée à faire ce vaccin, qu’on m’a vendu à l’époque comme efficace et essentiel. J’étais alors peu avertie sur la question, tout comme bon nombre d’amies auxquelles on avait fait les mêmes recommandations. 24 heures après l’injection, j’ai commencé à avoir de très grosses douleurs de type neuropathique dans le corps. Je ressentais des décharges, des crampes, des brûlures sous la peau et des fourmillements dans les membres. Et j’étais épuisée.
Je suis allée chez mon médecin généraliste qui a tout de suite suspecté une sclérose en plaques consécutive au vaccin. Après un scanner cérébral qui s’est révélé irréprochable,  je suis rentrée chez moi, à la fois soulagée, mais bien perplexe face à ma souffrance. Dans ce contexte de fatigue intense et de douleurs, sans diagnostic, il fallait que j’affronte mes études, mon job d’étudiante ; j’étais en couple depuis peu… Pendant un an, j’ai consulté différents médecins, il n’était plus question de suites du vaccin et le verdict tombait à chaque fois plus durement : c’était « dans ma tête ».
J’ai décidé d’entreprendre des recherches par moi-même, essentiellement sur Internet, et j’ai compris que beaucoup de personnes en souffrance partageaient ma solitude. Le mépris de certains médecins participe beaucoup à cet isolement destructeur. Il suffit d’entendre les parcours menés par les malades atteints de fibromyalgie, d’endométriose, ou autres maladies chroniques pour cerner l’ampleur du problème. Un jour, j’ai lu un article sur l’homéopathie séquentielle du Dr Jean Elmiger. J’ai trouvé cet article sur le blog d’une personne fibromyalgique dont les symptômes étaient assez proches des miens. Par chance, un naturopathe de Lyon, où je résidais alors, pratiquait cette thérapie. C’est avec ce thérapeute que j’ai eu la chance de redécouvrir ce qu’étaient la santé globale et ses multiples facettes. Il a su m’apporter ce que je n’avais jamais trouvé auprès de la médecine conventionnelle : une écoute et la volonté de remonter à l’origine du problème. D’autres sujets en lien avec la nature, l’écologie ou le développement personnel sont alors très vite entrés dans ma vie.

Pourquoi dites-vous avoir redécouvert la santé globale ? C’est un sujet que vous aviez oublié ?
Je m’intéressais à tout ce qui était naturel depuis toujours, mais je vivais alors chez mes parents, j’étais fortement impliquée dans mes études et tous ces sujets étaient en dormance.
Au cours de ma thérapie, j’ai commencé à m’intéresser à beaucoup de sujets concernant la santé qui m’ont littéralement passionnée, dont l’alimentation végétarienne. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment saisi le sens des mots « engagement » et « vocation ».

Que s’est-il passé ensuite ?
Après mon Master de lettres, je me suis inscrite à une formation en produits naturels et biologiques à l’école des plantes médicinales de Lyon. Et une nouvelle hygiène de vie est entrée de façon concrète dans ma vie. Même si j’ai toujours des séquelles du vaccin, la naturopathie a considérablement amélioré mon état et j’ai décidé d’ouvrir mon blog pour partager modestement mes expériences.
Ce blog m’a permis également de pouvoir donner la parole à différents acteurs éco-responsables (thérapeutes, entrepreneurs éthiques, membres associatifs, etc.). Tout s’est enchaîné très vite et j’ai rapidement eu la chance d’écrire pour différents médias.

À quel moment vous êtes-vous rencontrés Amaury et vous ?
En 2008, lors de nos études de lettres. Nous avons évolué en suivant le même chemin. Nous nous sommes entraînés mutuellement et dirigés tous les deux dans la même direction. L’écologie, le végétarisme, la santé naturelle  et plus généralement le respect de l’environnement, faisaient partie de notre vie de manière de plus en plus évidente.

Aujourd’hui, vous ne mangez plus de viande ?
Chez nous, oui, nous sommes totalement végétariens. En revanche, quand nous sommes invités quelque part et qu’il y a de la viande, nous faisons honneur au plat. J’ai horreur de devoir imposer mon mode de vie aux autres, même si j’espère toujours en inspirer quelques-uns. Je n’ai qu’une limite pour ma part : ne pas manger de bébés animaux.
J’ai pu constater au fil de mon parcours que le végétarisme restait une question sensible ! Et malheureusement, certains végans peuvent montrer un visage d’intolérance qui est, à mon sens, totalement contre-productif. On a pu le constater, notamment, en  militant au sein d’associations de protection animale. La cause est noble et l’action me tenait à cœur, mais une minorité développe une agressivité et provoque un sentiment de culpabilité qui donnent des résultats contraires à ceux escomptés. Un jour, alors que je distribuais des tracts d’informations sur les œufs à la sortie d’un supermarché à Lyon, pour donner des explications sur les codes figurant sur les emballages, un autre militant sermonnait, sans tact, les passants sur le fait qu’il ne fallait plus manger d’œufs. Je mange des œufs moi-même et ce n’était pas le sens que je voulais donner à cette mission. Les personnes interpellées se sentaient souvent jugées et  agressées, ce qui ne nous permettait en aucun cas d’avancer. J’ai ensuite arrêté, non pas par désaccord avec l’association en question – que je trouve formidable et dont l’action me semble capitale – mais du fait de son approche parfois trop radicale et culpabilisante.

Et vous, Amaury, quel est votre parcours ?
Amaury : en fait, j’ai du mal à parler de parcours. Je crois que l’écologie s’est imposée à moi. Je n’ai pas l’impression de l’avoir choisie. Je ne pourrais pas envisager une vie où les problèmes environnementaux ou sociaux ne me concerneraient pas. Comment imaginer une vie dont le seul but serait la consommation et l’accumulation de biens ?
L’ouverture aux enjeux écologiques s’est faite progressivement au niveau individuel. Par rapport à Alexandra, j’ai eu plus d’engagements collectifs : je me suis engagé politiquement, syndicalement, et de façon associative. Aujourd’hui, on crée une entreprise qui s’apparente à de l’entrepreneuriat solidaire, sous une certaine forme d’économie collaborative. Mon parcours est donc celui-là : j’ai pu mettre en action une écologie solidaire, une écologie institutionnelle, une écologie entrepreneuriale, une écologie associative. Cette variété d’approches est très enrichissante car on peut constater qu’il existe une multitude de formes d’engagements concernant l’écologie. En fonction des acteurs qui mettent en œuvre les changements, le langage, les projets, les moyens et les publics varient. Ces différents collectifs que j’ai pu côtoyer m’ont enrichi.

Plus concrètement, de quel type de collectif s’agit-il ?
Actuellement, je suis cofondateur et chargé de projet d’une association qui s’appelle Atelier CAPACITES — association qui appuie et accompagne des porteurs de projets dans différents domaines tels que la biodiversité urbaine (on a participé à la création d’un jardin sur le toit de l’université Lyon III) ou les mobilités douces et durables (avec le projet MOBYCITY, réseau qui propose du covoiturage courte distance, une cartographie de différents lieux citoyens et les moyens de s’y rendre facilement ainsi qu’un système d’échanges locaux pour échanger biens, services et connaissances sans lien marchand). On travaille aussi sur des enjeux liés à l’alimentation saine et biologique. Atelier CAPACITES ne souhaite pas seulement sensibiliser, informer ou animer une vie bénévole, mais travailler à la transformation des territoires.

Par exemple ?
Quand on crée un jardin partagé en hauteur et sur un toit, on utilise un emplacement qui était inutilisé pour lui donner une fonction citoyenne et écologique. On a inscrit ce lieu dans une vie de quartier et une vie associative. On y a inclus des volets pédagogiques. C’est ça la transformation du territoire : faire en sorte que des projets concrets naissent et encouragent des changements de comportements. C’est aussi rendre réelle l’alternative. Car l’alternative, on la rêve souvent, mais quand on la concrétise, on est beaucoup plus vite pris au sérieux.

Et vous avez un projet commun ?
Alexandra : cela faisait bien longtemps que nous voulions mettre en commun nos compétences pour créer quelque chose. Au départ, nous avions des ambitions peut-être un peu trop sur-dimensionnées par rapport à notre jeune âge et à nos petits moyens. Notre rêve aurait été de créer une épicerie bio, favorisant le circuit court et une dynamique « Zéro Déchet ». Financièrement, ce n’était pas possible, mais on n’a pas voulu se résigner à ne rien faire. On a donc travaillé pendant quelques mois sur le projet « AU FIL DE L’HETRE » qui a vu le jour début mars. Il s’agit d’une boutique de vente en ligne de produits d’hygiène bio de marque française uniquement, couplée avec du e-learning en hygiène de vie globale et développement personnel. Le tout est complété par un espace de vente d’e-books, des ouvrages numériques rédigés par nos soins.

Comment avez-vous trouvé ces produits ?
On a contacté des marques qui répondaient à nos critères et plusieurs fournisseurs, comme Lamazuna, sont venus soutenir notre démarche. Nous ne sommes pas dans l’innovation pure car ce genre de boutique existe déjà, mais nous voulions surtout revenir à des produits fabriqués sur le territoire. Le parti pris est la proximité et la cohérence, raison pour laquelle on ne trouvera pas chez nous de produits venant d’un autre pays ou continent.
Le site a plusieurs fonctionnalités : la partie boutique, mais aussi le coaching en ligne pour une démarche d’hygiène de vie globale. J’anime cette partie. Amaury s’occupe plutôt de la partie coaching en entreprise. Il y a aussi la mise en ligne de livres numériques santé (recettes, alicaments).
Il s’agit en réalité du prolongement plus abouti de “Nouv’elle Nature”, le magazine web que j’ai créé initialement. Je passe donc de la rédaction pure à des choses plus concrètes.

Et puis il y a l’aspect matériel j’imagine…
Oui, avant j’écrivais et je donnais des conseils de façon bénévole, uniquement pour le plaisir. Mais il est arrivé un moment où il a fallu passer au concret tout en regroupant nos deux approches. Nous sommes tous les deux dans l’écologie, de façon totalement complémentaire, mais pas de la même manière.

Alexandra, vous vous adressez peut-être plus à l’individu alors qu’Amaury est dans le collectif…
Alexandra : effectivement. Notre projet s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler la santé intelligente. Il s’agit d’utiliser le numérique pour améliorer le bien-être : en vendant  des ouvrages numériques, en proposant des coachings par internet et en commercialisant en ligne des produits biologiques de fabrication locale.

Amaury : on voulait également apporter quelques connaissances en partageant des expériences et des apprentissages et montrer qu’on peut avoir une attitude écoresponsable sans être riche pour autant. Notre but est de prouver qu’en connaissant certaines démarches, on peut vivre en conscience sans se ruiner. Et il se trouve que l’aisance financière n’est pas forcément en lien avec une attitude de respect de l’environnement. Je dirais même que ce sont souvent les difficultés matérielles (et c’est dommage) qui rendent créatif et qui font prendre conscience de l’environnement.

Alexandra : oui, tout à fait. Amaury et moi avons passé beaucoup de temps à faire du bénévolat et nous en avons tiré une grande richesse. Aujourd’hui, on rentre dans une démarche plus juste de rémunération de notre savoir et de notre travail.
Amaury : effectivement, on ne peut pas baser un modèle économique uniquement sur du bénévolat. Pour autant, on essaie d’avoir des tarifs très accessibles, l’idée étant de tendre à l’équilibre dès 2017.

Au quotidien, est-ce que vous avez l’impression d’assister à une prise de conscience plus générale ?
Amaury : d’après ce que je vois, l’écologie individuelle prend un essor (on se soucie davantage de sa santé, de son alimentation, de l’air que l’on respire) et c’est une bonne chose, mais l’écologie politique tend à disparaître.
Alexandra : la prise de conscience est réelle dans la mesure où les questions relatives à l’environnement et ses enjeux sont davantage mis en lumière. Mais le cheminement reste lent et fragile pour une raison majeure : la France est un pays où les lobbies (pharmaceutiques, agroalimentaires, etc.) règnent en maître. Je prends l’exemple de l’alimentation : quand on est inscrit dans une Amap, on s’aligne obligatoirement sur une production locale et saisonnière. Impossible, durant la période de naissance des chevreaux, par exemple, d’avoir du fromage de chèvre dans son panier. Quand ce n’est plus la saison d’un aliment, il faut simplement apprendre à s’en passer. Qui peut vraiment prétendre à cette cohérence dans une société où il suffit de pousser la porte d’un supermarché pour voir les rayons déborder de fromages de chèvre industriels ? Le cas des fruits et légumes est aussi l’un des plus saisissants pour illustrer l’incohérence dans laquelle on baigne.

Pour terminer, comment prenez-vous soin de vous ?
Alexandra : cela passe par des choses très simples, mais qui demandent cependant une vraie discipline. L’alimentation d’abord, avec un régime végétarien et bio, le plus souvent local. Nous venons d’emménager à Dijon, ma ville d’origine où nous avons un cadre de vie sain et la chance d’avoir une Amap et un petit parc où nous pouvons nous rendre à pieds.
Pour ma santé, je pratique un certain nombre de rituels : les bains dérivatifs aussi souvent que possible, je bois de l’eau chaude le matin en me levant, excellent pour aider le transit. Je médite au moins 10 minutes par jour et, comme je dois travailler sur le stress, j’écris, je marche et je respire. Je choisis des lectures, des musiques, un entourage positifs et inspirants. À chaque fois que je le peux, je vais dans la nature au contact des arbres et des animaux, c’est ce que j’ai trouvé de mieux pour accéder à la sérénité et au calme.

Et vous Amaury ?
Amaury : c’est Alexandra qui prend soin de ma santé et je suis entre de bonnes mains !

Un grand merci à Alexandra et Amaury pour ce moment partagé.

POR EN SAVOIR +
Nouv’elle Nature : www.nouvelle-nature.fr
Courriel : contact@nouvelle-nature.fr
Au Fil de l’Hêtre : www.au-fil-de-lhetre.fr

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