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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Complexe HLA

HLA. Trois lettres bien mystérieuses dont on entend souvent parler à l'occasion des greffes d'organe, lorsqu'il s'agit de déterminer la compatibilité entre un donneur d'organe et un receveur.

1. Que signifie le terme HLA ?

HLA est un sigle, celui de «Human Leucocyte Antigens». Les premiers éléments du vaste complexe HLA* ont été découverts en 1958 par un Français, Jean Dausset, qui reçut d’ailleurs le prix Nobel en 1980 pour cette découverte.

2. De quoi s’agit-il exactement ?

Le complexe HLA concerne les antigènes fabriqués par les cellules de l’organisme, et notamment par certains globules blancs qui en sont riches, les leucocytes, dans lesquels ils ont été mis en évidence en premier. D’où l’appellation de Human Leucocyte Antigens. Mais le complexe HLA ne concerne pas seulement les globules blancs. La plupart des cellules disposant de noyau en sont pourvues. Rappelons que le noyau des cellules contient l’ADN et les chromosomes, supports du patrimoine génétique et de l’hérédité. Plus précisément, les antigènes sont situés sur les membranes des cellules. Les HLA sont pratiquement absents des globules rouges, qui ne disposent pas de noyau. En revanche, les globules rouges possèdent des antigènes spécifiques qui permettent de déterminer les groupes sanguins (ABO).

3. Comment sont-ils synthétisés ?

Cette synthèse d’antigènes est génétiquement programmée par des gènes, au nombre d’une trentaine, situés sur le bras court du chromosome 6. Ces gènes représentent environ 1/1000ème de l’ensemble du génome humain. Lorsque des antigènes HLA sont introduits dans un organisme qui ne les possède pas, ce dernier fabrique des anticorps dits «lymphocytotoxiques», dirigés contre ces substances qu’il considère comme étrangères… et donc contre les cellules qui les portent sur leur membrane. D’où le phénomène de rejet lors des greffes d’organes. On parle alors «d’immunisation anti-HLA». Chaque in- dividu possède ses propres antigènes qui, en temps normal, ne déclenchent pas de synthèse d’anticorps.

4. Combien y a-t-il d’antigènes HLA ?

Au total, on recense plus de 120 antigènes différents. Certains gènes connaissent des variations qui expliquent le nombre plus important d’antigènes par rapport aux gènes proprement dits.

5. Puisqu’ils sont si nombreux et si différents, comment les classe- t-on ?

On distingue effectivement deux groupes:
– Le groupe des antigènes de classe 1, présents sur la plupart des cellules de l’organisme. On en décrit 3 classes : A, B et C. On parle alors de HLA-A, HLA-B et HLA-C.
– Le groupe des antigènes de classe 2, retrouvés sur certains globules blancs, tels que les lymphocytes B, les monocytes et les macrophages. On en décrit également 3 classes : DP, DQ et DR. On parle alors de HLA-DP, HLA-DQ et HLA-DR.

6. Comment se passe la transmission des gènes ?

De façon très simplifiée et schématique, les gènes du complexe HLA qui permettent la synthèse des antigènes sont transmis de parents à enfants, en totalité ou en partie. Chaque parent transmet la moitié de ses gènes HLA à ses enfants. Deux frères peuvent donc avoir les mêmes gènes HLA (on les dit «HLA identiques»), ou simplement la moitié des gènes (HLA semi-identiques) ou n’en avoir aucun en commun. C’est affaire de probabilité !

7. Dans ces conditions, quelle est la probabilité de rencontrer un individu non apparenté avec un patrimoine HLA totalement identique ?

Elle est infime lorsque deux sujets ne sont pas apparentés. On estime en effet à 1 milliard le nombre de combinaisons possibles entre tous ces antigènes !

8. On ne peut donc jamais trouver quelqu’un de totalement compatible ?

Si. Comme on l’a vu, les frères et sœurs sont ceux pour qui l’histocompatibilité complète reste possible, sans être obligatoire toutefois. Ce qui explique que les frères et sœurs sont souvent sollicités comme donneurs pour certaines greffes (rein, moelle osseuse…). Chez les vrais jumeaux en revanche, le patrimoine HLA est le même.

9. Justement, qu’en est-il des greffes ?

Une incompatibilité HLA peut être responsable d’un rejet de greffe lorsque les antigènes HLA du greffon ne sont pas du tout compatibles avec le complexe HLA du receveur. D’une façon générale, plus les différences HLA sont importantes, plus les réactions de rejets sont accentuées. Une raison qui explique d’ailleurs les délais d’attente de greffon. En outre, une greffe a d’autant moins de chances de réussir que l’organisme du receveur dispose déjà des anticorps dirigés contre les antigènes du greffon. Une situation possible lorsqu’une greffe antérieure a déjà été pratiquée, contribuant à la synthèse d’anticorps dirigés contre le premier greffon… et par hasard contre le second !

10. Dans quelles autres circonstances interviennent les antigènes du complexe HLA ?

Ces antigènes vont intervenir dans la tolérance de la grossesse. La compatibilité intervient également lors de la transfusion de globules blancs et de plaquettes et dans la détermination des exclusions de paternité.

11. Les antigènes du complexe HLA interviennent-ils dans certaines maladies ?

Tout à fait ! Certains d’entre eux prédisposeraient à l’apparition d’une quarantaine de maladies, comme l’hémochromatose (75 % des malades sont HLA-A3 associé à HLA-B7 et HLA- B14), la narcolepsie (HLA-DR2), le diabète insulino-dépen- dant (HLA-DR3 et HLA-DR4), la sclérose en plaques (HLA- DR2), le psoriasis (HLA-B13, HLA-B17), etc.

12. La présence d’un antigène HLA donné signe-t- elle donc nécessairement l’existence de la maladie en rapport ?

Non. La découverte d’un antigène du complexe HLA n’est pas obligatoirement synonyme de maladie, patente ou future. De la même façon, l’absence de l’antigène HLA concerné ne permet pas de remettre en cause un diagnostic de pathologie.

Dans le cas de la spondylarthrite ankylosante par exemple :
– 5 à 10 % de la population sont porteurs du HLA-B27
– 90 % des malades de spondylarthrite ankylosante sont HLA-B27
– Mais 98 % des porteurs d’HLA-B27 sont indemnes de la maladie !
– Un sujet porteur du HLA-B27 a un risque sur 5 à 10 d’avoir un enfant porteur de la maladie.
En clair, si presque tous les malades sont HLA-B27, très peu d’individus HLA-B27 sont touchés par la maladie et certains malades, très rares, ne sont pas porteurs de l’antigène !

* Le complexe HLA connaît de nombreuses appellations, telles que typage tissulaire, groupage HLA, système HLA ou encore complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) ! En pratique, les médecins parlent souvent du CMH pour évoquer le regroupement des gènes d’histocompatibilité situés sur le chromosome 6.

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