Fatigue, frilosité, prise de poids…et si c’était une hypothyroïdie ?

Une fatigue inexplicable, une frilosité permanente, quelques kilos en trop sans raison, les cheveux qui tombent un peu plus ? Autant de symptômes de l’hypothyroïdie, une maladie hormonale qui peut rester longtemps dans l’ombre avant d’être enfin diagnostiquée.
La thyroïde est une petite glande en forme de papillon située sur le cou, juste devant la trachée. Si la palpation permet d’en retrouver les contours, cette glande demeure invisible en temps normal. Malgré sa taille modeste, la thyroïde est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, contribuant au métabolisme des graisses, au développement cérébral, à l’activité cardiaque, à la combustion des nutriments apportés par l’alimentation ou encore à la croissance osseuse. D’où de multiples perturbations lorsqu’elle dysfonctionne à l’excès, c’est l’hyperthyroïdie ou au contraire, lorsqu’elle n’est pas assez active, c’est l’hypothyroïdie.
Coma hypothyroïdien
L’hypothyroïdie est importante à dépister, car non traitée et à un stade avancé, elle peut se compliquer d’une réduction du rythme cardiaque (bradycardie), d’une péricardite (épanchement liquidien autour du cœur), d’une augmentation du cholestérol qui va accentuer le risque cardio-vasculaire, et enfin d’un coma.
T3, T4, TSH, les trois hormones clefs
Rappelons que la thyroïde fabrique les hormones thyroïdiennes T3 et T4 responsables des effets constatés sur l’organisme et que l’on peut doser dans le sang pour le diagnostic. C’est la TSH, une autre hormone fabriquée par l’hypophyse, glande située dans le cerveau, qui stimule la fabrication des hormones thyroïdiennes par la thyroïde.
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Deux formes distinctes
Schématiquement, l’hypothyroïdie peut se présenter sous deux formes bien distinctes :
Une forme évidente qui ne laisse pas beaucoup de doutes au médecin et qui se traduit par un cortège de signes évocateurs lorsqu’ils sont au complet ou presque, comme une constipation, un ralentissement intellectuel et moteur, des doigts boudinés et un visage bouffi (peau d’aspect infiltré), une fatigue progressive à l’effort, une baisse de la libido, une frilosité associée à une tendance à l’hypothermie modérée, une prise de poids, une raréfaction des cheveux, des ongles cassants et une modification de la pilosité.
Une forme frustre, beaucoup plus délicate à diagnostiquer et qui constitue donc un piège.
Hypothyroïde fruste
Bien que frustre, cette forme est très fréquente puisqu’on estime que 15 à 20 % des femmes âgées de 60 ans sont concernées ! En pratique, l’hypothyroïdie est dite frustre, car elle ne s’accompagne d’aucun signe clinique, alors que le bilan thyroïdien est déjà perturbé avec une augmentation de la TSH et des hormones thyroïdiennes dont le taux est encore normal.
Vous l’aurez compris, on peut être en état d’hypothyroïdie, sans aucun signe de la maladie. Pour autant, les symptômes apparaissent progressivement, d’où l’intérêt d’une surveillance biologique annuelle dans les années suivantes. Schématiquement, plus la TSH s’élève, plus la maladie progresse. En pratique, seules 50 % des hypothyroïdies frustres se transformeront en hypothyroïdie « maladie » avec l’apparition des signes évoqués plus haut. Enfin, la prise de Cordarone, un médicament donné dans certains troubles du rythme cardiaque, peut provoquer une hypothyroïdie frustre ou franche dans 20 à 25 % des cas.
Bilan
Outre l’examen clinique et le dosage des hormones thyroïdiennes qui s’avèrent très basses (sauf en cas d’hypothyroïdie frustre), le diagnostic d’hypothyroïdie passe également par le dosage de la TSH qui s’avère très élevé. Le taux normal de la TSH est compris entre 0,15 et 4,9 μU/ml (variations possibles selon les laboratoires). On parle d’hypothyroïdie lorsque le taux de TSH est supérieur à 5 μU/ml. Reste l’échographie de la thyroïde, pratiquée lorsque la palpation retrouve une masse.