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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Jardiner pour faire prospérer les habitants du sol

Le sol est un écosystème fragile et précieux, sa faune et sa flore garantissent la fertilité de nos jardins et améliorent notre bilan carbone…

Le sol est un milieu vivant, tous les jardiniers le savent, mais le connaissent-il vraiment et situent-ils leur rôle clé sur la matière organique du sol, son évolution et ses interactions avec les autres composants du sol, pour relever le double défi de la fertilité et du stockage du carbone ?

Le sol, un écosystème à découvrir

Le sol est le capital nécessaire à toute entreprise humaine, pour autant il n’est pas protégé : érosion, stérilisation, pollution… Qui peut préserver cet ensemble constitué d’environ 45 % de minéraux (sables, limons, argiles), 25 % d’eau, 25 % d’air et entre 2 et 5 % de matière organique morte et vivante (1) ? Ce sont tous les organismes vivant dans la terre qui vont prospérer si les autres composants du sol leur assurent gîte et couvert ! Les proportions, l’agencement et les interactions entre les différents composants du sol déterminent la qualité de l’habitat pour la pédofaune (2) et la pédoflore. C’est là que les pratiques de jardinage jouent un rôle important pour que le sol soit habité et que la matière organique du sol – MOS (3) – assure ses différents rôles.

Petite présentation de la faune du sol (ou pédofaune) et de ses rôles

Quelques chiffres : la faune du sol, c’est environ 80 % de la biodiversité animale. 1m² de prairie abrite en moyenne 260 millions d’animaux, 1m² de forêt de hêtres plus de 1000 espèces différentes d’invertébrés (4) ! Toutes ces espèces interagissent avec le sol (alimentation, déplacement, reproduction, habitat, refuge…) et contribuent plus ou moins directement à sa fertilité.

Les espèces saprophages ou détritivores se nourrissent des débris animaux ou végétaux, les décomposant et assurant ainsi les premières étapes de la mise à disposition des éléments minéraux pour les plantes ; elles renouvellent le sol et agissent sur sa fertilité physico-chimique.

Les autres espèces modifient la composition et la structure du sol : des éléments minéraux ou organiques sont prélevés ou apportés, assemblés en agrégats, déplacés, remués, charriés. Cette activité est importante pour l’aération, le drainage du sol et la dispersion ou la répartition des éléments minéraux et organiques dans les différentes couches du sol.

La mégafaune

Les espèces les plus volumineuses constituent la mégafaune.

Les mammifères : la taupe se nourrit de vers de terre, limaces, larves, cochenilles et insectes divers ; pour s’installer, elle produit des taupinières, ensuite son activité n’est pas visible mais elle aère et brasse la terre. Les mulots, campagnols, musaraignes creusent des galeries et s’attaquent aux racines ou aux collets des plantes.

Les reptiles consomment des petits rongeurs et les amphibiens (grenouilles, crapauds…) sont des prédateurs d’insectes et de larves. L’orvet, lézard sans patte à protéger, mange insectes et cloportes.

La macrofaune

La faune (taille comprise entre 4 mm et 8 cm) ou macrofaune, regroupe des détritivores (carabes, araignées, collemboles, faucheux, limaces, mouches, mille-pattes, perce-oreilles, staphylins), des nématodes, des acariens et les vers de terre.

On distingue trois types de lombrics : les épigés vivent à la surface du sol, les anéciques, plus gros, qui creusent des galeries verticales, alors que les endogés creusent des galeries plutôt horizontales. Véritables laboureurs, ils brassent la terre, digèrent la matière organique et rejettent des déjections formées d’agrégats riches en bactéries, liant matière organique et minérale. Ils contribuent à la fabrication d’un sol meuble, stable, et facilitent l’accès à la matière organique pour les autres animaux (microfaune) ; le cycle se poursuit ensuite avec la flore du sol qui assure la mise à disposition des nutriments pour les plantes.

La microfaune

La faune de très petite taille (inférieure à 0,2 mm) ou microfaune, regroupe les protozoaires, de minuscules acariens et des nématodes par centaines de millions… Parmi ces très petits nématodes, certains sont des auxiliaires précieux pour le jardinier, ils parasitent des insectes. Par exemple, Steinernema feltiae, utilisée contre les larves de la mouche de terreau.

Petite présentation de la flore du sol et de ses rôles

Il s’agit de bactéries, d’algues microscopiques et de champignons qui poursuivent la décomposition jusqu’au stade des nutriments (azote, phosphore, potassium, oligo-éléments) pour les plantes et recyclent le carbone.

Cette flore favorise l’accès aux nutriments pour les plantes par des associations diverses : bactéries de nodosités des légumineuses, mycorhizes, film bactérien qui enveloppe les racines… et elle fournit par sécrétion des vitamines, antibiotiques, substances de croissance, enzymes… intervenant dans la nutrition des végétaux et la lutte contre les parasites.

La pédoflore améliore les propriétés physico-chimiques du sol : fabrication et minéralisation de l’humus, stabilisation des agrégats.

Les conditions favorables à la vie du sol

Elles passent par le respect des équilibres de cet écosystème. Toute perturbation brutale est à éviter comme par exemple : l’usage régulier de bouillie bordelaise qui réduit les populations de vers de terre, un chaulage important (traitement à la chaux) modifiant trop et trop vite le pH, un apport excessif de compost ou de fumier frais… Et bien sûr, le retournement du sol, les tassements…

Les choix techniques qui préservent la vie du sol

Le travail du sol

Il est à réduire, voire à proscrire, car le passage d’outil tue ou blesse une partie de la faune et perturbe son habitat (tassement, assèchement de la terre, destruction de galeries…). La flore et la matière organique morte – MO (3) – sont affectées : les colonies bactériennes autour des racines sont détruites ; la MO est relocalisée et son évolution ralentie ou bloquée…

Certains jardiniers s’inquiéteront en cas de sol fortement tassé en profondeur. L’intervention d’un outil à dents fissurant le sol sans le mélanger est à réserver à des situations particulières (jardin sur remblai, par exemple). Autrement, cultivez des engrais verts ou du radis (chinois Daikon ou fourrager) qui, récolté quand la terre est en fin de ressuyage, ameublit le sol en profondeur ; on peut laisser leurs racines en place et cultiver des légumes feuille ou fruit.

La gestion des apports de matières organiques

N’enfouissez pas la matière organique fraîche (déchets de tontes, fumier…) qui dégage des produits toxiques pour les racines et perturbe les conditions de vie de la pédofaune.

Après un léger griffage, préférez toujours l’épandage des matières organiques en surface :
– une couche de 3-5 cm pour le bois raméal fragmenté à recouvrir d’1 à 2 cm de compost ;
– une épaisseur de 5-6 cm pour les déchets de tonte et le fumier, et environ 10 cm pour le fumier frais ;
– pour les fientes de volailles fraîches, limitez-vous à 2-3 cm. Si possible, séchez ou, mieux, compostez les matières fraîches avant l’épandage.

Dans les sols où la faune est peu présente, griffez la surface puis, pour ensemencer en micro-organismes, étalez une fine couche de compost avant les autres matières organiques, y compris les déchets de désherbage.

Notes :

(1) Débris végétaux frais ou en décomposition, animaux divers du mulot aux insectes en passant par les bactéries, protozoaires, champignons…
(2) Le préfixe « pédo » fait référence au sol
(3) MOS = matière organique du sol. MO = matière organique morte (feuilles, débris végétaux…)
(4) Données extraites des travaux de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique)

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