La maladie de Ménétrier
Ou quand l’estomac fait des plis
La maladie de Ménétrier correspond à un épaississement de la muqueuse de l’estomac qui s’accompagne de douleurs, d’une perte de l’appétit ou de vomissements.
Quand on parle de problèmes gastriques, on pense d’abord aux ulcères, aux gastro-entérites ou encore au cancer. Derrière ces pathologies fréquentes se cache la maladie de Ménétrier (MM), une pathologie d’origine inconnue (génétique ? infectieuse ? reflux biliaire ?) et rare qui affecte l’homme préférentiellement entre 30 et 60 ans. Sa fréquence est inconnue.
Décrite en 1888 par Pierre-Eugène Ménétrier, la MM correspond à un épaississement de la muqueuse gastrique, de plus de 2 mm de tout ou partie de l’estomac, qui forme des plis géants à l’intérieur de l’estomac. Cet épaississement est lié en particulier à l’allongement des tubes glandulaires.
Moins d’acide…
Première conséquence, l’estomac qui présente une MM ne fabrique pas suffisamment d’acide chlorhydrique. Rappelons qu’en temps normal, certaines cellules de l’estomac synthétisent cet acide nécessaire à la dégradation des aliments, mais aussi de la pepsine (une enzyme chargée de la dégradation des protéines), du facteur intrinsèque (une substance indispensable à l’absorption de la vitamine B12) et du mucus, censé protéger l’estomac de l’action de l’acide chlorhydrique, justement.
Dans la MM, il n’y a pas assez d’acide et trop de mucus. Ce sont précisément les cellules chargées de la fabrication du mucus qui épaississent la muqueuse.
… et protéines non dégradées
Les protéines ne sont plus assimilées par l’organisme et ont tendance à « fuiter » à travers la muqueuse gastrique.
Fibroscopie
La fibroscopie met en évidence la présence de gros plis dans l’estomac et oriente le diagnostic. La muqueuse y paraît épaisse et repliée.
La confirmation qu’il s’agit bien d’une MM nécessite une biopsie qui va mettre en évidence les atteintes spécifiques de la pathologie : hypertrophie des cellules sécrétant le mucus et atrophie des autres.
De leur côté, le scanner ou l’écho-endoscopie gastrique confirment l’épaississement de la paroi gastrique et permettent de le quantifier.
Enfin, l’existence d’une hypoalbuminémie (diminution du taux de l’albumine sanguine) traduit la baisse du taux global des protéines dans le sang.
Pièges diagnostiques
La maladie de Ménétrier ne doit pas être confondue avec :
– Une gastrite lymphocytaire
– Un syndrome de Zollinger-Ellison (hypersécrétion d’acide gastrique)
– Un cancer de l’estomac.
Risque de cancer
Derrière la gêne occasionnée par la MM se cache un risque plus grand, celui du cancer de l’estomac. En effet, la MM est une maladie considérée comme étant précancéreuse dans 10 à 15 % des cas après 7 ans d’évolution environ. Le risque doit donc être pris en compte à moyen terme.
Traitement mal codifié
Du fait de la rareté de la pathologie et de la méconnaissance de sa cause, le traitement demeure encore mal codifié, d’autant que la pathologie peut se résorber spontanément dans de rares cas.
Ce n’est qu’en l’absence d’amélioration par le traitement médical, lorsque le risque de cancérisation devient important ou que les désagréments de la MM sont invalidants (formes graves) qu’une gastrectomie (ablation chirurgicale de l’estomac) totale ou partielle est recommandée.
Enfin, une alimentation riche en protéines est recommandée en cas de grande hypoalbuminémie ou devant des œdèmes importants.
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