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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’argile, une terre aux mille vertus

Que ce soit en usage externe ou par voie interne, l’argile est un remède qui a traversé les millénaires et dont les vertus exceptionnelles peuvent toujours être mises à contribution pour soulager de nombreux soucis de santé.

Des Égyptiens au Dr Valnet

On retrouve l’utilisation de l’argile à travers les époques et dans différentes cultures. Il y a 3000 ans, l’Égypte fut son premier creuset. Les médecins et embaumeurs connaissaient parfaitement les propriétés antiseptiques et purificatrices de ce remède.

Les Égyptiens l’utilisaient pour purifier les corps lors de la momification, pour soigner les blessures de la peau, vaincre les inflammations et les maladies internes. Les Grecs de l’Antiquité, quant à eux, l’avaient baptisée “terre de Lemnos” car Lemnos était l’île de la Mer Égée, la plus riche en argile. Ils l’utilisaient pour le traitement des fractures, des affections de la peau (brûlures, érysipèle), mais aussi contre les morsures de serpents ou les piqûres d’insectes.

Les explorateurs célèbres ont tous, dans leur carnet de voyage, noté l’utilisation de cette terre de “santé”. Marco Polo rapporta que les pèlerins se rendant dans la ville sainte de Niabar “étaient souvent atteints de fièvre tierce ou quarte qu’ils chassaient en absorbant un peu de la terre rouge située près de la cité”.

Au Tibet, les autochtones consommaient et consomment encore aujourd’hui une argile de couleur rouge pour éviter les goitres liés à la vie en altitude.

La consommation d’argile connue sous le nom de “géophagie” (manger de la terre) est donc ancestrale. Elle était absorbée à travers le monde entier pour ses propriétés de santé, notamment par les femmes enceintes, en Afrique et en Asie, pour réduire les nausées.

Puis, à la fin du Moyen Âge, l’utilisation de l’argile a commencé à tomber en désuétude, jusqu’à être complètement oubliée au XVIIIe siècle au profit de l’essor prodigieux de la science.

Il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour que ce remède oublié ne ressorte enfin de l’ombre.

Ce sont des naturopathes allemands, Adolf Just, l’abbé Sebastian Kneipp et Louis Kuhne, qui ont alors démocratisé l’emploi de l’argile et contribué à son utilisation dans le cadre de traitements naturels. Le Dr Valnet, fondateur de l’aromathérapie moderne, lui a ensuite redonné ses lettres de noblesse dans les années 1960, à la suite d’un voyage en Indochine. Il avait remarqué que les paysans “salissaient” l’eau avec de l’argile avant de la boire. Ce fut pour lui une des preuves empiriques de son efficacité.

Hormis son utilisation thérapeutique, l’argile est un matériau fort apprécié dans l’industrie, pour ses propriétés désinfectante et désodorisante, mais aussi pour la fabrication de matériaux de construction ou la fabrication de porcelaine. Commune et bon marché, elle mérite que l’on pense plus souvent à elle, et plus particulièrement pour son intérêt en matière de santé car elle est d’une utilisation très simple et peut venir à bout de bien des maux.

Jaune, rouge, verte, blanche, grise, bleue… Il en existe de différentes couleurs, mais toutes sont constituées principalement de silice (50 %) et d’alumine (14 %). Les différentes colorations sont dues aux minéraux qui entrent dans leur composition dans des proportions variables : fer, chaux, magnésie, oxydes alcalins, cuivre, calcium, phosphore…

Toutes ont des propriétés assez comparables, même si leur richesse en minéraux spécifiques accentue certaines de leurs vertus. Ainsi, l’argile blanche, très pure, convient bien aux peaux sensibles, mais c’est généralement la verte, la plus courante, que l’on utilise pour se soigner.

Les différents types d’argile

Les argiles sont regroupées en trois grandes familles. Celles-ci sont établies en fonction de l’épaisseur des feuillets microscopiques qui les composent. On les classe ensuite en plusieurs catégories selon leur structure et leur composition.

On trouve :

La kaolinite, une argile blanche. Son nom vient de gaoling, signifiant “collines hautes” en chinois, car c’est ainsi qu’on appelle un lieu de la province du Jiangxi où se trouve une grande carrière de kaolin. Elle est utilisée pour la production de papier et de céramique, et comme antiparasitaire en agriculture. C’est aussi un ingrédient actif dans les médicaments contre la diarrhée, les nausées et certains autres problèmes digestifs.

L’illite (majoritairement de couleur verte), particulièrement absorbante. On l’utilise principalement pour des soins de beauté, en externe, pour des masques ou des cataplasmes. Elle convient bien aux personnes qui ont la peau mixte ou grasse. Elle est apaisante, calme les douleurs inflammatoires et absorbe efficacement les impuretés (en cas de furoncle ou d’abcès).

Les smectites, dont la montmorillonite (vertes), très riches en oxyde de magnésium et en silice, ce sont les argiles les plus puissantes, ce qui leur confère un pouvoir détoxifiant très fort. En cas de problèmes de peau, elles attirent les toxines de façon très efficace, pouvant donner la sensation d’aggraver le mal. Elles sont désodorisantes, cicatrisantes et antiacides (elles calment rapidement les brûlures d’estomac).

D’autres argiles, peu employées pour les soins, sont utilisées pour fabriquer les céramiques, les briques et les tuiles (glauconite), comme isolant dans les matériaux de construction ou le sol (vermiculite), comme litière pour animaux (sépiolite, attapulgite – appelée aussi palygorskite)…

Les propriétés de cette terre

L’argile est une roche sédimentaire dont le diamètre des grains est compris entre 2 et 4 microns. Elle capte les principes vitaux de l’air, du soleil et de l’eau, et constitue ainsi un puissant agent de régénération physique. Elle peut être utilisée en préventif (pour assainir de l’eau, alcaliniser l’organisme…) ou en curatif (troubles digestifs, brûlures…).

C’est la finesse de ses grains qui lui confère ses propriétés d’adsorption (la captation des impuretés en suspension dans les liquides tels que le sang, la lymphe et la bile) et d’absorption (la captation des impuretés dans les tissus). Les impuretés captées sont ensuite neutralisées, drainées et éliminées.

En usage externe, l’argile :

• adoucit la peau
• régénère les tissus abîmés (brûlure, égratignure, ulcère…) en éliminant les cellules détruites et en accélérant leur reconstruction et la cicatrisation
• désinfecte la peau, empêche la prolifération et détruit les germes pathogènes
• absorbe les toxines et les impuretés grâce à son très grand pouvoir d’absorption
• attire et fixe les toxines à sa surface grâce à son pouvoir d’adsorption
• cicatrise les tissus lésés (plaie, coupure…) et a également une action hémostatique
• lutte contre les inflammations grâce à sa richesse en silice (tendinite, arthrite…)
• lutte contre la douleur (arthrose, entorse…).

En usage interne, l’argile :

• absorbe les toxines et les gaz, empêche la prolifération des micro-organismes pathogènes
• régénère les muqueuses lésées (aphte, mycose vaginale, ulcère…)
• lutte contre la douleur
• assainit les intestins (dysbiose intestinale, entérite…) et entretient la flore intestinale
• détoxifie l’organisme, purifie et enrichit le sang
• reminéralise le corps (anémie, calcémie…)
• régule le métabolisme, stimule les organes déficients et restaure la fonction défaillante
• alcalinise le terrain (le milieu intérieur) en neutralisant les déchets azotés et en éliminant les acides.

Utilisations en fonction de la variété

Argile verte surfine

On l’utilise pour l’usage interne, à raison d’une cuillerée à café dans un verre d’eau (voir la recette plus loin “L’argile à boire”).

On peut aussi préparer des billes à sucer comme des bonbons en cas de maux de gorge ou de maux d’estomac. Il suffit de faire des billes d’argile verte surfine (en mélangeant avec un peu d’eau) et de les laisser sécher. Conservez-les dans un bocal à l’abri de l’air et de la lumière. En fonction du type de douleur, vous pouvez ajouter sur la bille d’argile une goutte d’huile essentielle adaptée à la voie interne.

Argile verte type montmorillonite concassée

En usage externe (cataplasme, bain de pieds, bain d’argile…). Idéale pour les problèmes de peau (acné, brûlure, escarre), les problèmes digestifs, les rhumatismes.

Argile blanche

En interne, pour les douleurs d’estomac, en externe pour les fesses irritées, les gencives infectées ou enflammées, les peaux sensibles.

Argile rouge

Souvent illite ou montmorillonite, c’est une argile riche en oxydes de fer, d’où cette coloration. Elle est peu absorbante mais peut être utilisée pour bien des maux. Elle apaise les muscles endoloris, soigne les ecchymoses, les entorses et les foulures. En interne, son action est détoxifiante et utile en cas d’anémie, et en cas d’hépatites (on peut également compléter avec des cataplasmes sur le foie).

Argile bleue

Elle fait partie de la famille des smectites et est utilisée pour purifier la peau. C’est un remède efficace contre les toxines, l’acné, l’arthrite, les ulcères.

Il existe d’autres argiles (jaune, rose, caramel, rhassoul) utilisées essentiellement pour les cheveux, la peau et les cosmétiques.

Pour réaliser un cataplasme

1. Verser l’argile concassée dans un récipient en verre ou en céramique (surtout pas de métal).

2. Ajouter de l’eau de source (ou de l’eau du robinet qui aura décanté au moins 2 heures) jusqu’à ce qu’elle recouvre l’argile.

3. Laisser reposer 1 à 2 heures le temps que le mélange se fasse de lui-même. Si vous n’avez pas la patience d’attendre, vous pouvez aussi mélanger directement l’argile et l’eau avec une cuillère en bois (ou les doigts) jusqu’à obtenir une pâte homogène.

4. Étaler la pâte d’argile en une couche épaisse de 2 à 4 cm sur un linge propre, une compresse, un morceau d’essuie-tout ou directement sur la zone à traiter. Le cataplasme doit dépasser de 2 cm la taille de la zone à soigner.

Pour un problème d’inflammation, de fièvre, on applique un cataplasme froid, puis lorsque celui-ci devient trop chaud, on le remplace.

Pour revitaliser ou tonifier une zone douloureuse (douleur à l’estomac, à la vessie, aux reins), on applique un cataplasme tiède. Le cataplasme d’argile ne doit pas être plus chaud que le corps. L’idéal est de placer l’argile nécessaire dans un petit récipient que l’on pose sur un radiateur pendant quelques minutes, ou dans un endroit chaud en été.

L’argile à boire

Choisir une argile verte surfine ou ultra-ventilée, sans quartz, qui sera mélangée à une eau de source ou déminéralisée, ou à une eau du robinet décantée pendant au moins 2 heures. En effet, les minéraux contenus dans l’eau du robinet risquent de se lier avec les minéraux de l’argile, diminuant son efficacité. La laisser au repos permet au chlore de s’évaporer, à l’eau de se dynamiser et de se débarrasser des ions négatifs accumulés sur son passage dans les canalisations.

L’eau d’argile

Mélanger 1 cuillerée à café d’argile verte dans 1 verre d’eau. Laisser reposer de 30 minutes à 12 heures, puis boire uniquement l’eau, sans l’argile déposée dans le fond du verre.

Le lait d’argile (ou eau argileuse)

Mélanger 1 cuillerée à café d’argile verte dans 1 verre d’eau. Laisser reposer de 30 minutes à 12 heures, puis mélanger la solution avant de la boire. On ingère l’ensemble de l’argile contenu dans l’eau.

Conseils d’utilisation

– Pour la détoxination ou pour traiter les troubles chroniques : boire 1 verre d’eau argileuse par jour pendant 3 semaines, faire une pause d’une semaine et renouveler si besoin.

– Pour les troubles aigus (gastro-entérite, intoxication alimentaire, grippe…) : boire 1 verre d’eau argileuse 2 à 3 fois par jour jusqu’à disparition des symptômes.

– Pour les petits maux tels qu’une indigestion passagère, un rhume : boire 1 verre d’eau d’argile pendant 5 à 10 jours.

– En cataplasme : appliquer et laisser poser pendant 2 heures, renouveler deux fois dans la journée ; ou bien faire 6 cataplasmes par jour en laissant poser 1 heure ; ou encore poser un cataplasme épais (afin qu’il ne sèche pas complètement) toute la nuit. Lorsque le cataplasme devient trop chaud ou trop froid, il faut le retirer.

L’application peut exacerber la douleur des zones traitées pendant quelque temps, mais il est nécessaire de continuer les cataplasmes.

– En usage vétérinaire : même type d’application en usage externe que pour l’humain. On peut aussi additionner l’eau de boisson à raison de 2 à 4 cuillerées à soupe par litre d’eau.

Précautions d’emploi

– Ingérer l’argile à distance des repas, et 2 heures après avoir pris des médicaments ou des compléments alimentaires.

– Décaler la prise d’argile et de charbon végétal actif.

– Ne pas réutiliser l’argile usagée, car elle est dévitalisée et chargée des toxines qu’elle a absorbées, il est possible en revanche de la jeter dans un compost.

– L’argile doit respirer pour agir complètement : utiliser du papier absorbant ou des tissus légers pour maintenir en place les cataplasmes, mais surtout pas de cellophane ni d’aluminium.

– Ne pas laisser sécher complètement un cataplasme, il doit rester humide (plus il se dessèche, plus il perd de son efficacité). S’il sèche à même la peau, il risque de l’irriter ou de l’abîmer en retirant la croûte d’argile. Si le cataplasme ne se détache pas correctement, vous pouvez faire couler un peu d’eau tiède entre l’argile et la peau.

– Éviter l’utilisation des ustensiles en métal ou en plastique pour la préparation de la pâte d’argile, car ils peuvent altérer ses propriétés.

– Utiliser un plat ou un récipient en verre épais, pour éviter que le pouvoir vibratoire important de l’argile ne le brise.

– Lors de la préparation de la pâte d’argile, utiliser un récipient en verre ou en céramique qui se ferme hermétiquement afin de garder la pâte. Conservée de cette façon, vous pouvez la garder pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

– Lorsque le cataplasme est appliqué sur une partie fiévreuse ou surchauffée, il faut l’interrompre avant que l’argile ne devienne trop chaude.

– Ne pas effectuer de cataplasmes sur deux organes importants simultanément. Cela peut provoquer une fatigue excessive.

– Ne pas rincer un cataplasme dans la douche ou la baignoire et ne pas verser l’argile dans l’évier, au risque de boucher les canalisations.

– La consommation excessive d’argile en interne peut avoir des effets néfastes sur la santé : constipation, déshydratation, anémie (par sa capacité à absorber le fer dans le sang), perte d’appétit… Il convient donc de ne pas prolonger son utilisation (et de suivre la posologie recommandée par votre praticien de santé), et d’espacer les cures d’au moins une à deux semaines.

Contre-indications

Le cataplasme :
• ne doit pas être appliqué à proximité des pacemakers et des stérilets
• ne doit pas être appliqué sur la zone digestive après un repas
• ne doit pas être utilisé par les femmes enceintes, sur le bas-ventre
• ne doit pas être appliqué sur la zone de la glande thyroïde.

En cure interne, l’argile :
• ne doit pas être consommée en excès en cas de tension artérielle élevée, car l’argile enrichit le sang
• ne doit pas être utilisée en cas d’hernie hiatale
• est déconseillée aux personnes ayant une insuffisance rénale.

Conservation

Conserver l’argile à l’abri de l’humidité et de la lumière.

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